Juliet Eilperin, The Washingont Post,
En entrevue avec Amna Nawaz, PBS News Hour, 19 juin 2019
Traduction, Alexandra Cyr
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PBS Amna Nawaz : … Les nouvelles règles dites Affordable Clean Energy remplacent la loi pour des centrales propres (Clean Power Plan) un geste emblématique de l’administration Obama.
Selon la règlementation Obama les plus vieilles centrales auraient peut-être dû fermer. Mais elle n’a jamais été appliquée parce qu’elle a été contestée devant les tribunaux par une douzaine d’États et par des compagnies du secteur de l’énergie.
Le nouveau plan de l’administration Trump permet que les centrales au charbon soient légèrement améliorées plutôt que subir des mises à jour majeures. Et il donne aux États l’autorité de décider où les réparations devraient être faites. Ils auront 3 ans pour le faire. Des États et des groupes environnementaux vont aussi le contester devant les tribunaux.
Juliet Eilperin suit ce sujet de prêt pour le Washington Post est avec nous ce soir. Soyez la bienvenue à PBS News Hour.
Commençons par nous intéresser aux différences. Qu’est-ce que ce nouveau plan change par rapport à la régulation adoptée par l’administration Obama ?
Juliet Eilperin : Une des plus importantschangement c’est le pouvoir donné aux États de décider de l’organisation de leur production d’électricité dans leurs juridictions respectives. Cela fait que plutôt que d’établir des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) comme le faisait le plan Obama, ce nouveau plan laisse ces décisions dans les mains des législateurs.trices des États individuellement.
Il devient donc plus difficile de prévoir comment cette distribution des pouvoirs agira sur la quantité exacte de réduction. Il se peut que les stratégies des États soient très différentes d’un État à l’autre selon leurs marchés d’énergies respectifs.
A.N. : Donc, un de ces marchés est évidemment celui du charbon. D’accord ? L’administrateur de l’Agence américaine sur l’environnement, (EPA), M. Andrew Wheeler, a déclaré que les nouvelles règles, espère-t-il : « seraient un soutien au charbon propre ».
C’était une promesse phare du Président, mais l’industrie du charbon a continué à décliner. Alors, que savons-nous de l’impact de ces nouvelles règles sur (l’industrie) du charbon ?
J.E. : Elles pourraient permettre à des centrales au charbon de rester en fonction. Et là encore c’est une sérieuse différence avec les règles précédentes sous l’administration Obama qui stipulaient qu’aucune centrale au charbon ne pourraient être maintenue en fonction au fil du temps.
Clairement, il se peut que des États ou des compagnies d’électricité qui peuvent améliorer leurs installations permettent aussi à leurs centrales au charbon continuent à produire et pour longtemps. Et vous n’aurez plus l’obligation de changer de source de combustible comme l’exigeait le plan Obama c’est-à-dire de passer soit au gaz naturel, à l’éolien, au solaire ou d’autres formes d’énergies.
A.N. : Donc, vous pensez qu’il est intéressant de souligner qu’il y a ici quelque chose pour renforcer l’énergie charbonnière qui est pourtant sur le déclin. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
J.E. : Nous avons certainement pu observer une diminution de la demande pour le charbon, ici aux États-Unis dans le secteur de l’énergie. Il y a encore de la demande venant de pays étrangers. Et c’est ce qui a donné une légère augmentation.
Ce que nous avons vraiment pu voir, c’est une certaine stabilisation de l’industrie au cours des 2 dernières années. Mais elle ne produit qu’une fraction de ce qu’elle produisait dans le passé. Il n’y a pas de possibilités d’augmentation significative de cette production même si les exportations continuent dans divers pays dont la Chine, l’Inde et d’autres dans le monde.
A.N. : Presque toute l’industrie s’est employée à attaquer les buts établis par les règles de l’administration Obama. Comment les nouvelles vont faire changer son comportement ? Est-ce que cela les arrêtera dans leurs agissements ?
J.E. : Il n’y aura pas de changements spectaculaires. Par exemple, les membres de la direction et le président de la DTE Energy de Détroit, ont déjà pris des engagements ambitieux pour réduire leurs émissions de GES de 50% en 2030 et de 80% en 2040. Ils ont assuré que rien de cela ne va changer.
Alors, ce qui est intéressant à ce moment-ci, c’est que les services publics sont déjà au niveau de ce que le plan Obama leur imposait pour 2030. Les producteurs d’électricité américains ont déjà réduit leurs émissions de GES de 27% par rapport à la situation de 2005 et le seuil fixé par le plan Obama était de 32 % pour 2030. Ils sont donc en chemin pour des réductions majeures. Mais le plus important maintenant, c’est qu’avec ce que la science nous enseigne et selon les calculs de beaucoup d’analystes, le secteur de l’électricité américain devrait procéder à des réductions beaucoup plus importantes si nous voulons éviter que la température n’augmente pas de plus de 2 degrés. C’est le problème le plus important en ce moment.
A.N. : Donc, même les limites antérieures n’allaient pas assez loin selon les environnementalistes. Il devient donc intéressant de comprendre où nous nous dirigeons maintenant. Nous avons déjà mentionné les poursuites contre le nouveau plan de la part des procureurs généraux de quelques États. Qu’est-ce qui peut arriver ensuite ? Est-ce que ce ne sont que des appels à l’aide judiciaires pour que les nouvelles règles ne s’appliquent pas ?
J.E. : C’est clair qu’une bataille judiciaire va commencer sous peu. Mais il semble bien que ce plan s’appliquera contrairement à celui de l’administration Obama qui avait une approche non conventionnelle.
Je pense donc, que les circonstances favorisent l’EPA et qu’elle pourra installer ces nouvelles règles. Et il n’est pas encore clair si elles seront contestées en cour ou non.
A.N. : Merci Juliet Eilperin.
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