Lors de l’attentat qui vient de coûter la vie à un jeune professeur d’histoire et de géographie en France, crime commis par un jeune Tchétchène islamiste, militant propalestinien, certains médias l’ont qualifié d’antisémite et d’autres d’antisioniste, comme si ces deux qualificatifs s’équivalaient. Ce n’est pourtant pas le cas.
Plutôt que de parler d’antisémitisme, ce qui renvoie à une notion d’ethnie, il vaudrait mieux parler d’antijudaïsme puisqu’on fait référence à des gens (les Juifs), de diverses provenances ethniques et qui pratiquent une religion et nonç à un groupe ethnique particulier. Le judaïsme est un système de croyances et de pensée, pas une ethnie.
L’antisionisme, lui, constitue un courant de pensée, souvent de gauche, qui critique la doctrine selon laquelle les Juifs auraient le droit de coloniser la Palestine en raison de leur antériorité présumée aux Arabes (une fausseté historique) avant d’en être chassés par les Romains dans l’Antiquité. Ses partisans (ou du moins, la plupart d’entre eux) ne s’opposent pas aux Juifs comme tels mais nient leur supposé droit d’envahir la Palestine. Il ne faut pas confondre ces deux courants de pensée (aintijudaïsme et antisionisme), une erreur qu’on commet souvent.
Par contre, il existe bel et bien un racisme larvé, celui de gens bien-pensants : beaucoup de membres des classes politiques occidentales à des degrés divers : celui de l’antipalestinianisme et l’antiarabisme, sous prétexte que ces sociétés ne répondent pas aux critères libéralo-électoraux en vigueur chez nous. Bref, selon cette orientation de pensée, les sociétés arabes manifesteraient un attachement irréductible envers les dictatures.
Cette hostilité profonde de la plupart des classes politiques occidentales à l’endroit des Arabes en général, et des Palestiniens et Palestiniennes en particulier se traduit par des sophismes tels que ceux-ci : Israël, seule société démocratique au Proche-Orient (sans mentioner toutefois que la fondation de l’État hébreu a reposé sur la dépossession préalable des Palestiniens), ou par des exigences illégitimes comme celle pour les Palestiniens d’accepter comme préalable à tout dialogue avec eux de reconnaître la légitimité de l’État d’Israël, par le refus de faire pression efficacement sur Tel-Aviv afin que son gouvernement démantèle ses colonies de peuplement en Cisjordanie,qu’il accepte Jérusalem-est comme capitale du futur État palestinien et qu’il cesse enfin son blocus meurtrier à l’encontre de Gaza.
Dans les médias et dans le discours politique dominant que ceux-ci répercutent souvent, les Arabes sont fréquemment présentés comme des infra-humains,sans que ce soit formulé aussi explicitement bien entendu. C’est d’autant plus grave qu’il s’agit de la position officieuse de bien des gouvernements occidentaux.
On oublie commodément que les notions de liberté et de bonheur varient dans le temps et dans l’espace ; ce qui compte avant tout est l’adéquation (toujours très relative bien sûr) entre un système politique et la société qu’il chapeaute et dont il représente l’émanation. Dans cette optique, (relativiste), il n’y a pas de système socio-politique supérieur supérieur à un autre. Tout dépend de la culture politique considérée.
De plus, présenter continuellement Israël comme une société démocratique au sein d’une mer de boue arabe constitue une forme de racisme, fût-il larvé,à l’endroit de ses voisins.
Ce racisme des bien-pensants vis-à-vis des Palestiniens et Palestiniennes est d’autant plus odieux que la démocratie lui sert d’alibi. Rien de mieux pour la dévaloriser aux yeux des populations arabes...
Jean-François Delisle
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