Mais dans les années 1960, le vent a tourné. Un nouveau mouvement d’émancipation sociale et nationale s’est mis en place au Québec. Des tentatives ont été faites pour créer des alliances avec les secteurs progressistes du Canada anglais, mais cela n’a pas fonctionné. Le nationalisme frileux des élites francophones était un obstacle, comme le sentiment généralisé parmi les couches populaires et moyennes du Canada anglais à l’effet que le peuple québécois était demi-civilisé et qu’on ne pouvait pas lui faire confiance.
Parallèlement à cette polarisation, les Premiers peuples se sont retrouvés seuls pour s’opposer à la « modernisation » imposée pour accélérer le pillage de leurs ressources. Quelques épisodes positifs (comme la Convention de la Baie James entre le Québec et les Cris) ont été les exceptions confirmant la règle à travers des luttes et des revendications autochtones restées ans écho tant du côté québécois que du côté canadien.
Nous voilà donc plusieurs décennies plus tard. L’élan d’émancipation québécois essaie de réinventer après les multiples déboires du PQ. De nouvelles luttes autochtones à la suite du réveil d’Idle no more pourraient également relancer les résistances. Quant au Canada dit anglais, de vastes secteurs de la population prennent conscience des dangers que représente le projet des (néo) conservateurs. Est-ce que tout cela pourrait mener à quelque chose ?
Il serait logique et rationnel se briser cette fragmentation et de lutter ensemble. Pour cela, il faut surmonter des préjugés, l’ignorance et la méfiance. Également, identifier des chemins, des stratégies et des convergences pour résister. Le Forum social des peuples, réalisé à Ottawa l’été 2014, a ouvert le dialogue dans ce sens. Dans quelques jours à l’université populaire des NCS, cette recherche va continuer…