Nous ne disposons ni du temps, ni des moyens médiatiques et financiers pour nous opposer au puissant lobby pétrolier, pas davantage pour engager des dizaines de lobbyistes pour faire pression sur le gouvernement, votre ministère ou encore organiser des meetings avec vous dans quelque grand hôtel. Nous disposons uniquement de notre force morale et de la légitimation scientifique pour nous opposer au Projet de loi 106.
Malgré notre manque de moyens matériels,le plus récent rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, publié ce 3 novembre, nous réconfortait cependant dans la justesse de notre demande de retrait du chapitre IV relatif aux hydrocarbures dans le Projet de loi 106, de renforcement et de développement des dispositions des chapitres I à III, relatifs à la transition énergétique dans le même Projet de loi 106. De fait, dans le rapport présenté hier, que vous auriez grand avantage à lire, les commissaires de l’ONU affirmaient la grande urgence de réduire encore de 25% les émissions de GES afin d’avoir une chance de minimiser – non d’éliminer – les effets dangereux, catastrophiques dûs aux changements climatiques tels les orages violents, les longues périodes de sécheresse, les inondations, etc. Et ce sans parler ici de la tragédie humaine des « réfugiés climatiques frappés par la faim, la pauvreté, les maladies et les conflits » dont il est aussi question dans ce rapport. Donner le feu vert, ici au Québec, maintenant et en connaissance de cause, à l’exploitation des hydrocarbures, donc nécessairement aussi au gaz et produits pétroliers issus du schiste, est complètement irresponsable !
En plus de quelques mesures iniques que PL106 entend légaliser, et qui à elles seules justifieraient notre opposition, c’est avant tout un souci pour la protection de nos sources d’eau potable qui nous force à vous demander de ne pas conduire jusqu’à adoption à l’Assemblée nationale PL106. De fait, le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection, datant à peine de 2014, ne protège pas ou très mal l’eau vitale, en qualité et en quantité, avec des distances séparatrices minimales nettement insuffisantes. Vous, de même que Monsieur Couillard, avez le pouvoir de ne pas rappeler le projet 106 après son examen en commission. Nous le demandons donc avec insistance. Nous réclamons que le gouvernement du Québec et le ministère que vous dirigez agissent et pensent en fonction du bien commun, pour aujourd’hui et pour demain.
Veuillez recevoir, Monsieur le Ministre Arcand, nos salutations.
Hugues Bonenfant
Comité de Vigilance de St-Valérien