Le subalterne est un concept proposé par le sociologue italien Antonio Gramsci. Il le définit comme étant un individu qui est laissé de côté par une société qu’il ne peut observer que de l’extérieur. Bien qu’il évolue au sein de cette société, le subalterne ne parvient par aucun moyen à manifester sa présence ni à revendiquer ses droits. Le silence du subalterne est un mystère que la philosophe indienne Gayatri Chakravorty Spivak parvient à élucider dans une des thèses les plus influentes de notre époque : "Can the subaltern speak ?"
Dans cet ouvrage Spivak affirme que les subalternes sont le fruit des sociétés postcoloniales. La raison est que ces sociétés sont bâties autour d’une éternelle discorde qui oppose colon et colonisé. Ce dissentiment est tellement fort qu’il forge la société et ses institutions au détriment du subalterne qui se voit exclu. Spivak conclut en disant que le subalterne peut parler, mais que la société dans laquelle il évolue n’est pas en mesure de l’entendre.
La société canadienne est une arène où depuis des siècles les canadiens français et anglais se livrent une bataille épique. La cacophonie qu’entraînent leurs affrontements les a tous les deux assourdis aux pleurs des communautés autochtones donnant lieu à des injustices qui sont à ce jour gardées sous silence. L’histoire de Joyce est un exemple de ces injustices. Notre démocratie se dit représentative, mais est-ce réellement le cas si nos communautés autochtones sont le subalterne d’une société de sourds.
– Adil Fahmi
Un message, un commentaire ?