Le Républicain, D. Trump a gagné dans sept États (…) ; ses opposants les plus proches, Ted Cruz l’ayant emporté dans trois États et Marco Rubio, dans un seul. Chez les Démocrates, Mme Clinton a gagné dans sept États et son opposant, B. Sanders, dans quatre.
NBC News avait prévu que Mme Clinton récolterait hier 525 délégués et M. Sanders 335, pour un total de 641 à Mme. Clinton et de 401 à M. Sanders. À ce chapitre, Mme Clinton a une avance considérable puisqu’elle compte déjà 425 « super- délégués » contre 22 pour son adversaire. Ces « super-délégués » sont nommés par le Parti démocrate et choisis parmi les membres du Congrès, des représentants-es du gouvernement et des membres du Democratic National Committee. [1] Elle peut donc compter sur 1,066 délégués à ce jour, soit environ la moitié du nombre requis pour gagner la nomination lors de la convention nationale du parti, en juillet prochain.
Chez les Républicains, la victoire de D. Trump n’est pas aussi assurée, la division du vote ayant des conséquences. De plus en plus de personnes pensent que, s’il ne gagne pas une majorité de délégués au cours des prochains caucus et primaires, aucun candidat ne fera mieux que lui. La nomination sera alors déterminée par le Republican National Convention en juillet prochain.
La course à la nomination est maintenant complétée aux deux tiers dans les deux partis. Les primaires et les caucus ont été tenus dans 15 des 50 États. Le système politique américain vient d’entrer dans une crise historique marquée par une polarisation sans précédent.
Le Parti républicain se révèle être l’incubateur d’un mouvement fasciste, M. Trump unissant les réactionnaires, les racistes et les militaristes avec les gangsters de l’économie. Il en est le représentant à titre de spéculateur de l’immobilier transformé en politicien. Quelles que soient les politiques précises pour lesquelles il milite, le plus important c’est la promotion qu’il fait de l’autoritarisme, soit Trump l’imposant personnage qui décidera de tout à Washington.
Un signe de cela : lors de la soirée des primaires du 1er mars dernier, il a mis de côté le traditionnel ralliement des ses partisans-es pour les remercier et il a convoqué une conférence de presse de style quasi présidentiel, devant le drapeau américain, dans une des luxueuses salles de bal de son propre hôtel de Palm Beach en Floride.
Il a été présenté aux journalistes par le gouverneur du New Jersey, M. Chris Christie, qui a endossé sa candidature après avoir été son adversaire, se transformant ainsi en porteur de trophée et fou du roi. Il a été questionné à propos des critiques des leaders du Congrès parce qu’il a refusé de désavouer l’appui reçu de M. David Duke, figure éminente du Ku Klux Clan. Il a rejeté ces critiques du revers de la main et averti le président de la Chambre des représentants, M. Paul Ryan, que si lui, M. Trump, gagnait la Présidence de la nation, « (M. Ryan) paierait un énorme prix » (pour de tels propos).
M. Tom Delay, ancien « whip » des Républicains à la Chambre des représentants et observateur de la scène politique, a déclaré sur les ondes de MSNBC que M. Trump ne connaissait rien à la séparation constitutionnelle des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire et qu’il semblait faire campagne pour un trône plutôt que pour la fonction présidentielle.
Pendant que M. Trump représente la montée d’un mouvement basé sur la seule personnalité des individus, (de type bonapartiste n.d.t.) et l’autoritarisme à droite, une grande partie de la population a donné son appui à M. Bernie Sanders. Preuve qu’un grand nombre d’électeurs-trices vont vers la gauche et ont des sympathies pour le socialisme, mais ils restent coincés dans le Parti démocrate faute d’alternative. M. Sanders, un « social démocrate » autoproclamé, a récolté plus de deux millions de votes le 1er mars dernier. Les dirigeants-es de sa campagne ont annoncé avoir récolté 42 millions de dollars, provenant principalement de petites sommes reçues par Internet, représentant plus du double des sommes récoltés en janvier et un sommet de toutes les campagnes présidentielles dans le pays.
La population américaine devient de plus en plus politiquement polarisée, c’est un phénomène singulier. Alors que des millions de personnes cherchent une alternative au pouvoir de Wall Street et appuient M. Sanders pour cette raison ; lui, n’en est pas là. Depuis très longtemps, il fonctionne comme acolyte du Parti démocrate ; il cherche à garder à gauche son vaste mouvement, tout en le confinant dans le système politique des deux uniques partis.
Si Mme Clinton et M. Trump deviennent candidats à la présidence de leurs partis capitalistes respectifs, ils seront éminemment impopulaires. Un sondage CNN/ORC, publié le lundi 29 février 2016, faisait état de 59 % d’opinions défavorables à M. Trump et 53 % à Mme Clinton. Un autre sondage du Wall Street Journal/NBC enregistrait 49 % d’opinions « très défavorables » à M. Trump et 39 % à Mme Clinton. Cela représente le triple de ce type d’opinions enregistrées envers les deux partis en 2008.
Donald Trump s’adresse, avec le style de la droite, à une population frustrée, dont la colère va en augmentant. Il en appelle à la classe moyenne, aux travailleurs-euses qui n’en peuvent plus, après les années de stagnation économique, de crises financières, de pertes d’emplois et de détérioration des services sociaux et des infrastructures qu’ils ont subis sous les administrations républicaines comme démocrates.
Lors de sa conférence de presse du 1er mars 2016, M. Trump a dénoncé les « conditions de type tiers monde » dans lesquelles seraient les États-Unis. Il a souligné la part de responsabilité détenue par Mme Clinton puisqu’elle a fait partie de l’administration Obama et ayant ainsi contribué à la détérioration des conditions de vie américaine.
M. Sanders n’offre aucune alternative. En fin de compte, il est clair qu’il appuie le Parti démocrate et soutiendra la personne qui gagnera la candidature à la présidence avec son programme de droite pro-Wall Street, que ce soit Mme Clinton ou quelqu’un d’autre. Il défend l’administration Obama qui a conduit à l’intensification des inégalités sociales au pays et étendu les opérations militaires impérialistes américaines partout dans le monde.
Dans sa montée vers la victoire, M. Trump fait face à des obstacles. Ses succès ont provoqué une crise politique dans le Parti républicain et des figures de premier plan le dénoncent et déclarent qu’ils ne peuvent l’appuyer dans sa course à la présidence. En même temps, il a reçu ses premiers appuis de poids, de la part de M. C. Christie, de deux autres gouverneurs, d’un sénateur et de quatre membres du Congrès et cela devrait continuer après ses victoires au Super mardi.
Mais où qu’il se rende, il demeure le sous-produit inévitable de la décadence de la culture politique américaine qui s’immisce dans les deux partis capitalistes, dans la totalité du spectre politique, dans les médias et dans l’élite des affaires.
Depuis 1960, alors que Richard Nixon a attiré les ségrégationnistes du sud et George Wallace, le Parti républicain a encouragé et profité de l’appui des courants racistes les plus réactionnaires et chauvins de la société américaine.
Le rapprochement du Parti républicain avec les éléments semi-fascistes a longtemps été un secret mal odorant de la politique américaine officielle. Le Parti démocrate et les médias ont cherché à cacher la chose en minimisant la portée de certains événements occasionnels tels la candidature de Patrick Buchanan à la Présidence, les liens étroits entre les Républicains du sud et les groupes militant pour la suprématie blanche et, plus récemment, la montée du Tea Party et des imbéciles auprès de qui D. Trump a un immense succès, comme ceux et celles qui proclament que Barak Obama est né au Kenya et ne peut donc prétendre à la Présidence des États-Unis.