Édition du 19 novembre 2024

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Environnement

Les pollueurs qui passent à la caisse

Il y a quelques mois j’ai fait un top 10 des plus grands pollueurs au Québec. Depuis ce billet (http://www.journaldemontreal.com/2015/07/30/le-top-10-des-grands-pollueurs-au-quebec), les données ont été mises à jour et de nombreuses informations autour des subventions provenant du Fonds vert ont été rendues publiques. Ce qui m’a donné l’envie de vérifier comment avaient évolué ces données.

Tiré du site de l’IRIS.

Je rappelle que les données proviennent des informations publiques provenant du SPEDE et que pour le moment les données comptent uniquement les joueurs industriels et non les producteurs ou revendeurs de carburant comme Gaz Métro et Shell. Ces données seront compilées et vérifiées prochainement, ce qui risque de transformer le palmarès.

Top 10 des plus grands pollueurs industriels en 2015 et leurs subventions provenant du fonds vert

Source : http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/changements/carbone/ventes-encheres/liste-etablissements-visesRSPEDE.pdf

On remarquera qu’il y a peu de changement dans ce top 10, il s’agit principalement des grosses entreprises minières, les raffineries, les alumineries et les cimenteries. En fait, depuis 2013, il n’y a qu’une nouvelle entrée dans ce club sélect, il s’agit de l’aluminerie Bécancour. Cela est dû à la fusion des corporations Holcim Canada et Lafarge entre 2014 et 2015. En moyenne, ce top 10 est donc 105 % plus polluant que celui de 2013 en produisant 14 394 509 tonnes eq co2. Cela représente environ 123 G de kilomètres effectués en 4 x 4.

En moyenne la plupart de ces entreprises a connu des hausses de pollution entre 1 et 10 %, sauf Arcelmitor qui a haussé ses émissions de 16 % et Rio-Tinto-Alcan et Alcoa qui ont connu des baisses de 10 % et 20 % respectivement. Par rapport aux données les plus récentes de 2013 (p11), ce top 10 représente 57,6 % des émissions du secteur industriel et 17, 7 % des émissions totales du Québec.  

Et l’argent dans tout cela...

Comme on le voit, dans les dernières années, ces 10 entreprises ont collecté près de 15 M$ en subvention provenant du Fonds vert. Plus particulièrement, les compagnies Arcelor Mittal, Valéro et Alcoa ont amassé près de 72 % de ce montant. Cela exclut évidemment les subventions provenant d’autres ministères. Rappelons qu’en 2015, les revenus bruts de ces trois corporations prises individuellement dépassaient les milliards de dollars.

Cela est tout de même étonnant, comment des entreprises qui sont dans les domaines les plus polluants et qui ont des revenus aussi importants peuvent recevoir des fonds destinés à l’environnement ?

C’est là tout le problème de nos politiques environnementales. Plutôt que de pousser des mesures structurantes permettant les créations d’emplois dans des secteurs prometteurs comme l’efficacité énergétique, la gestion de la demande d’énergie ou le transport en commun, nous utilisons les fonds en environnement pour aider les pollueurs à améliorer leurs pratiques. 

Cela s’explique, notamment, par l’idée que si on les aide, les entreprises feront mieux. Pour le moment, rien n’est moins sûr. En fait, cela est proprement irréaliste, on se doute bien que ce n’est pas en construisant un nouveau pipeline pour Valero que nous allons réduire les GES sur le territoire. Il serait plus logique de faire appliquer des lois environnementales et de les faire respecter. Malheureusement les politiques d’austérité et de réduction de l’État ont tendance à couper les postes d’inspection plutôt que le contraire.

Préparez-vous donc à continuer de subventionner les pollueurs.

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