"On meurt d’envie d’arriver, et on n’est même pas encore partis." Piotr Lewandowski, un Polonais de 22 ans, a perdu en janvier son emploi dans une cartonnerie espagnole. En juin, il est parti de Santander, dans le nord-ouest du pays, et a marché pendant vingt-trois jours aux côtés des "indignés" pour rejoindre Madrid. Le 26 juillet dernier, il a une nouvelle fois décidé, avec une trentaine de membres du "mouvement du 15 mai", de prendre la route jusqu’à Bruxelles. A pied. Son objectif ? Une "révolution mondiale".
"La décadence sociopolitique, économique et environnementale qui règne dans nos systèmes est un ennemi international complexe et intangible contre lequel nous devons lutter en se mobilisant en bloc." Derrière ce mot d’ordre, un groupe d’indignés a décidé d’avancer le départ de la marche vers la capitale administrative de l’Union européenne au cours d’une assemblée qui s’est tenue le 25 juillet dans le parc madrilène du Retiro. "Le ’mouvement du 15 mai’ continue, nous n’avons rien à perdre", expliquaient certains d’entre eux, rassemblés par petits groupes sur la place de la Puerta del Sol avant le grand départ.
Les marcheurs ont prévu d’arriver à Bruxelles le 8 octobre pour présenter au Parlement européen leurs revendications. Ils profiteront du chemin pour "dialoguer". Ce parcours sera ainsi l’occasion d’améliorer la coordination du mouvement au niveau international et de parvenir à un cadre d’action commun.
Comme l’explique l’un des porte-parole, il s’agit de "diviser la France en terrains d’action". A chaque étape, des indignés venus de différents pays rejoindront la marche. Le 17 septembre, ils seront tous rassemblés à Paris. Les organisateurs attendent encore des confirmations d’autres indignés venus d’Italie, de Grèce, d’Allemagne, de Suisse et du Royaume-Uni. A priori, ils sont tous prêts à entreprendre ce chemin pour "porter le message du mouvement partout en Europe" et arriver simultanément à Bruxelles. Par ailleurs, un autre groupe devrait quitter Barcelone dans les jours à venir. Les deux convois se rejoindraient alors à Tours et termineraient la route ensemble.
Le jour du départ, le "mouvement du 15 mai’ a largement incité ses sympathisants par l’intermédiaire des réseaux sociaux à se rendre à la Puerta del Sol pour dire au revoir aux pèlerins. Ils étaient une centaine à avoir fait le déplacement, pour les soutenir et les accompagner sur la première étape. Parmi eux, Beatriz, une jeune fille de Bilbao, assure qu’elle les rejoindra quand ils passeront par le Pays basque : "A Bruxelles, nous allons prouver que, si les gouvernements ne sont pas capables de s’unir, les peuples le peuvent."
Juste avant le départ régnait la même ambiance festive et revendicatrice qui caractérise le mouvement depuis le début. Le cri de guerre des manifestations indignées : "Du nord au sud, d’est en ouest, la lutte continue coûte que coûte !" a été repris en chœur par les participants. On a pu entendre d’autres slogans traditionnels du ’mouvement du 15 mai’ du genre : "Non, non, non, ils ne nous représentent pas !" ou "Le peuple uni jamais ne sera vaincu !".
Guillermo, arrivé à Madrid à pied depuis Alcázar de San Juan (dans la province castillane de Ciudad Real [à environ 140 km de la capitale]), a rejoint lui aussi la grande marche. "Nous voulons faire passer à la société et au monde politique un message de changement et, par ce modeste symbole, montrer que rien n’est impossible."
A Bruxelles, les marcheurs indignés sont attendus par Carmen Gil, une Sévillane installée dans la capitale belge depuis deux ans. Avec d’autres membres du mouvement, elle se chargera de coordonner l’accueil des voyageurs : "Il y a beaucoup de gens, des Espagnols et des Belges, qui les attendent déjà.
tiré du site http://foros.entropizados.com/viewtopic.php?f=98&p=15960