Tiré de Entre les lignes et les mots
Autour de Wassissi Konyi, responsable du Palika, à l’animation du bureau politique du FLNKS, les candidats indépendantistes se sont présentés, avec leurs suppléants. Pourquoi ? Objectifs. « Il faut que la mouvance indépendantiste soit représentée à l’assemblée nationale, elle doit défendre les négociations quand elles vont s’ouvrir avec l’Etat. Les indépendantistes vont demander des discussions bilatérales », a annoncé le porte-parole du Front. Suite aux deux derniers congrès, celui du FLNKS et le congrès populaire, les 7 et 8 mai à la tribu de N’Dé, les forces indépendantistes, progressistes et nationalistes ont pris cet engagement, et ils ont réaffirmé que « l’Accord de Nouméa est un processus de décolonisation, le pays est en voie d’émancipation ».
« L’objectif est d’aller au 2ème tour, c’est complètement réalisable », a indiqué le porte-parole du FLNKS avant que les candidats ne prennent la parole pour se présenter et expliquer leur engagement dans ces élections nationales.
Dans la première circonscription (Nouméa, Iles-des-Pins, Iles Loyauté) : Wali Wahetra, élue du Palika à la province des Iles au congrès, originaire de Drehu, elle est enseignante depuis une trentaine d’année. Au congrès, elle assure la vice-présidente de la commission de l’enseignement et de la culture. « C’est une énorme responsabilité. La mouvance indépendantiste nous a choisis pour être les ambassadeurs ». Durant son intervention, elle a rappelé les cinq positions sur lesquelles le Front et ses alliés se sont entendus : « La contestation de la légitimité politique de la dernière consultation référendaire ; l’accession de la Nouvelle-Calédonie à sa souveraineté pleine et entière par le transfert des dernières compétences ; le maintien et non négociable des acquis de l’Accord de Nouméa qui est garanti par le principe d’irréversibilité ; le maintien de la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser ; un refus catégorique de choisir un nouveau statut au sein de la république française. Le format bilatéral a été acté aux congrès de N’Dé », a-t-elle précisé. « La 1ère circonscription est représentée par Nouméa, l’île-des-Pins et les îles Loyauté. Le découpage (depuis 1986) Pasqua est totalement inique et injuste. On veut appeler à la solidarité du peuple calédonien, si ils ont les valeurs de démocratie. A l’assemblée nationale, il n’y a pas notre sensibilité indépendantiste. Nous voudrions y aller pour dire notre propre parole. Le dernier député kanak qui est arrivé à l’A.N., c’était en 1986 avec Rock Pidjot et depuis les indépendantistes n’ont jamais eu accès à la députation à cause de ce découpage. C’est une attitude partisane et complètement injuste. C’est une attitude coloniale de l’Etat français… »
Son suppléant, Jean-Fidéli Malalua, 4ème vice-président de l’USTKE. Il est actif sur la scène syndicale depuis 15 ans. Il se dit « aguerri avec le politique et surtout avec le social ». Il est d’origine futunienne, il est né à La Foa en 1973. « J’ai épousé une cause qui correspond à mes convictions, c’est la lutte du peuple Kanak. Je ne vous cache pas que ce n’est pas facile ». Des questions pourraient se poser. « Pourquoi y aller à l’assemblée nationale si vous demandez l’indépendance ? Pourquoi participer à ces élections, justement c’est l’occasion d’y aller pour donner une certaine tonalité de la vision du pays et donner une sensibilité aux élus à l’assemblée nationale mais surtout aux calédoniens de toute ethnie confondue. En tant que non-kanak et notamment notre génération.
Ce pays est viable ensemble. Il faut dire au calédonien lambda qu’il ne faut plus avoir peur. Il faut un respect de l’électeur calédonien… Dans le mot indépendance, il y a des cliqués qui font peur… Dans la culture kanak et océanien, le consensuel veut qu’on discute quand même… », a-t-il expliqué en disant que la politique de la peur ne servirait à rien. « La mosaïque des communautés rassemblée autour d’un projet indépendantiste n’est pas exclusif. C’est un projet commun et d’intérêt général », a-t-il conclu.
Dans la deuxième circonscription (Les communes du Grand-Nouméa et le reste du territoire) : Gérard Reignier, ancien responsable de l’Union Calédonienne et du FLNKS. « Ce qu’on veut, c’est avoir une représentation à l’assemblée nationale pour porter la parole des indépendantistes et des nationalistes, de ceux qui veulent que ce pays devienne une nation avec l’ensemble des populations dans un destin commun ». « La charge est lourde mais le combat est beau », a-t-il souligné. « C’est avec fierté qu’on s’engage dans ce combat. On espère gagner et ramener une certaine vérité au sein de l’assemblée nationale… On a ce devoir d’informer la classe politique française mais aussi l’opinion publique française qui est en faveur de la pleine souveraineté de notre pays. Le mot liberté, égalité, fraternité ne doit pas être galvaudé. Peut-être que la France sera moins belle sans la Nouvelle-Calédonie, mais certainement que si l’Etat français avec les indépendantistes permettent ce pays d’accéder à sa pleine souveraineté, la France sera plus grande », a-t-il ajouté.
Sa suppléante, Marie-Pierre Goyetche est l’ancienne présidente de l’USTKE d’avril 2012 à décembre 2015. Actuellement, elle est vice-présidente du collège honoraire de l’Organisation syndicale et vice-présidente du Parti Travailliste. Enseignante de formation, elle s’est engagée très tôt dans la lutte syndicale. Cet engagement syndical lui permettra de faire le lien avec le domaine du politique. Elle a été élue municipale, à la province Sud et au congrès. « Je suis métisse, je suis fière de ma famille calédonienne qui est arrivée par le biais du bagne. Et, je suis fière de ma culture kanak dans laquelle j’ai été élevée ». Elle a souhaité passer ce message à l’Etat, « il est hors de question de toucher au corps électoral, voilà le pourquoi de notre engagement à ces législatives. »
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