Par Benjamin König, L’Humanité, France, le mardi 22 octobre 2024
Tiré de l’Humanité
https://www.humanite.fr/monde/flnks/kanaky-nouvelle-caledonie-la-cour-de-cassation-annule-le-transfert-en-metropole-du-militant-independantiste-christian-tein
Avec six autres militants indépendantistes, Christian Tein avait été « exilé » en métropole après leur mise en examen pour leur rôle présumé dansles révoltes qui ont touché la Kanaky-Nouvelle-Calédonieen mai dernier. « Une déportation », s’était insurgé le Front de libération kanak et socialiste (FLNKS), la coalition indépendantiste dont Christian Tein a été élu président fin août, après avoir été le leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une émanation du mouvement indépendantiste mise sur pied pour organiser la lutte contre le dégel du corps électoral.
Celui que ses camarades appellent « Bichou » s’était pourvu en cassation, de même que les autres mis en examen. Et ils ont remporté une première victoire juridique : la Cour de cassation a annulé l’arrêt du 5 juillet dernier qui confirmait le placement en détention de Christian Tein ainsi que d’un autre militant kanak, Steve Unë. Tous avaient été éparpillés dans différentes prisons de l’Hexagone.
*Justice d’exception*
Tout dans ce dossier relève d’une justice d’exception. Leur transfert, pour commencer : les militants avaient été menottés et sanglés durant les 30 heures de vol entre Nouméa et Paris, usage totalement disproportionné pour des prévenus politiques. Selon l’un de leurs avocats, Me François Roux, le vol et les gardes à vue se sont déroulés dans des conditions « inhumaines et dégradantes ». Lors de leur garde à vue, « nos clients sont restés enchaînés au mur, le bras en l’air ».
Surtout, les chefs d’accusation sont très lourds pour des militants, notamment « complicité de meurtre », « vol en bande organisée avec arme », « destruction en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes », « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime et d’un délit ». Malgré la violence des révoltes qui ont touché la Kanaky-Nouvelle-*Calédonie, les militants affirment avoir simplement défendu des idées politiques et n’ont jamais appelé à la violence.*
La Cour de cassation a donc décidé que leur droit à la défense avait été violé, notamment parce que personne, ni les prévenus ni leurs avocats, n’avait été informé d’un transfert en métropole. Un autre juge doit désormais examiner leurs conditions de détention. Leurs avocats ont également demandé un dépaysement du dossier, tant il est clair aujourd’hui que les actes du procureur de Nouméa témoignent d’une justice coloniale d’un autre âge.
La Cour de cassation considère que le droit à la défense avait été violé, notamment parce que personne, ni les prévenus ni leurs avocats, n’avait été informé d’un transfert en métropole de Christian Tein, et des six autres militants indépendantistes. Ici, le 14 juin 2024, à Bourail en Kanaky-Nouvelle-Calédonie.
*Une suggestion de lecture de André Cloutier, Montréal, 24 octobre 2024
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