Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Les extrêmes climatiques

Ces jours-ci, j’ai observé, tantôt avec amusement, tantôt avec irritation, deux troupes en pleine action près de ma maison, au fond de la campagne.
Côté sud, une vingtaine de dindons sauvages dans le champ de maïs. Ils sont plus nombreux chaque année, et si amusants à observer quand ils se mettent à courir dans tous les sens. On dirait une course organisée dans Alice au pays des merveilles. Absurde et fantaisiste.

Côté nord, une autre course, qui à mes yeux est tout aussi absurde, mais pas pour les mêmes raisons : celle des quatre-roues, ces véhicules hors route qui viennent déranger et polluer mon petit paradis tranquille.
Quel rapport entre les deux ? Les changements climatiques, qui modifient les aires de répartition des espèces animales, et qui sont liés à notre utilisation irresponsable des ressources.

En ce début d’hiver qui nous fait passer du froid polaire au redoux, de la belle neige fraîche à la pluie verglaçante, du ciel bleu au vent de tempête, comment ne pas nous interroger sur le dérèglement du climat ?
Les météorologues le confirment : les événements catastrophiques ne sont pas plus fréquents, mais c’est leur intensité qui augmente. Tempêtes, inondations, chaleur et froid extrêmes : ce n’est qu’un début. Le climat de notre planète s’emballe. Nous devons, individuellement et collectivement, en prendre conscience et nous interroger sur les possibilités d’action pour contrer ou au moins limiter cette tendance. Et c’est urgent !

Que faire ? Au niveau individuel, opter pour un mode de vie plus simple, pour une réduction de la consommation de biens inutiles et d’énergie non indispensable. Et appeler nos dirigeants, nos décideurs, à prendre à grande échelle les décisions qui peuvent avoir un effet sur le climat. Car c’est aussi au niveau collectif qu’il faut agir, et vite.

Au Québec, société riche et privilégiée par rapport au reste du monde, nous pouvons et nous devons donner l’exemple. Les grands coupables du dérèglement climatique, ce sont l’extraction et la consommation des hydrocarbures fossiles. Oui, nous avons encore besoin de pétrole et de gaz, mais nous devons en freiner et en rationaliser l’utilisation, et non l’encourager.

Or que voyons-nous ? Le gouvernement du Québec, au lieu de se démarquer de la logique obscurantiste et rétrograde du fédéral, ouvre notre territoire aux pipelinières qui vont accélérer l’exploitation des sables bitumineux. Notre gouvernement, sous prétexte de souveraineté énergétique, regarde d’un œil favorable l’exploration des hydrocarbures dans la vallée du Saint-Laurent et dans le Golfe, milieux particulièrement fragiles.

Nous disons NON ! L’avenir n’est pas à une croissance tous azimuts. Toute croissance doit être rationnelle, sans effets négatifs, et justifiée à long terme.

La planète et une bonne partie de ses habitants sont en danger. Freinons le développement des ressources fossiles. Laissons-les dans le sol pour le moment. Travaillons à ralentir le dérèglement climatique. Les dindons sauvages sont sûrement là pour rester, et les VHR pourraient fonctionner à l’électricité (ou pourquoi pas à pédales, ce serait encore meilleur pour la santé des conducteurs…).

Le 7 janvier 2014
Denise Campillo

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