Édition du 12 novembre 2024

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États-Unis

Les deux prochaines années de Donald Trump seront terribles et ses caprices seront encore pires

Nous en sommes au deuxième anniversaire de l’assermentation de Donald Trump. Voici ce qui vient de se passer en seulement 72 heures : (L’accumulation) des dommages provoqués par la plus longue fermeture de gouvernement de l’histoire de la république avec 800,000 fonctionnaires sans salaire et plusieurs d’entre eux qui font la queue aux soupes populaires et inscrivent leurs enfants aux repas à prix réduit à l’école. La nouvelle présidente de la Chambre, Mme Pelosi, a proposé de reporter l’Adresse sur l’état de l’Union à la fin de la crise que le Président s’est dit fier de provoquer.

John Nichols, The Nation, 24 janvier 2019
Traduction, Alexandra Cyr

Il a n’a pas répondu avec une proposition de négociation, mais en annulant une visite qu’elle devait faire aux troupes américaines en Afghanistan, avec des membres du Congrès. Il a nommé au poste d’Attorney general un candidat qui déclare qu’il ne pourrait pas libérer les journalistes emprisonnés.es pour avoir fait leur travail. Les sénateurs.trices ont du se dépêcher à produire un projet de loi soutenu par les deux partis pour empêcher le Président de retirer les États-Unis de l’OTAN. L’actuel avocat de D. Trump a dû laisser tomber 18 mois de répétition qu’il n’y avait pas « de collusion » entre sa campagne en 2016 et les Russes, lançant ainsi ce que Politico a caractérisé d’un « incendie allumé par l’équipe Trump ». Et son ancien avocat a avoué que : « à la demande, et au seul bénéfice de @realDonaldTRump » il avait conspiré pour manipuler des résultats de sondages en faveur de D. Trump.

Les deux premières années du mandat de D. Trump à la Maison blanche ont mis à mal toutes les normes de la politique américaine et de son gouvernement créant ainsi non seulement le chaos mais soulevant aussi une inquiétude quant à la stabilité du pays. Au-delà de l’arbitraire « milieu de mandat », pour mesurer le cauchemar de cette présidence hors norme, il y a la réalité de ce que ce Président nous a donnée à voir. Dès le moment où il s’est pointé dans la course à la candidature présidentielle républicaine en 2015, comme un candidat improbable et sans préparation, il nous a donné la preuve des profondes vulnérabilités que comporte la vie démocratique américaine telle qu’elle est organisée en ce moment. Il nous a révélé que le Parti républicain était une machine à propagande sans principe qui veut le pouvoir à n’importe quel prix. Il nous a prouvé que dans notre système médiatique affaibli, les valeurs démocratiques et civiques ont été remplacées par la poursuites des clics et des cotes d’écoute et peut plus facilement être manipulé par des charlatans que la presse libre ne l’a jamais été depuis que les Pères fondateurs l’ont reconnue comme un pilier fondamental du gouvernement. Il nous a rappelé que le Collège électoral qui, en 2016 a donné pour la 2ième fois en 20 ans, la Présidence à celui qui a perdu le vote populaire, a plutôt contrecarré que confirmé la volonté du peuple. Il nous a révélé qu’en ces temps de partisannerie exacerbée par la manière de découper les circonscriptions électorales et par le rôle de l’argent en politique, notre système de contrepouvoir (checks and balances) peuvent ne pas fonctionner quand un des deux Partis contrôle les 3 branches du gouvernement. Il nous a confirmé que nous sommes dans une Présidence impériale qui peut se moquer de la structure du gouvernement, saturer les tribunaux de clones idéologiques, affaiblir la règle de droit, obstruer la justice et contourner l’imputabilité pour de longs moments.

Il se peut que la période d’imputabilité de D. Trump soit cette année quand le procureur spécial Mueller aura complété son rapport ou quand d’autres révélations à l’effet qu’il a posé des gestes semblables à ceux qui ont mené aux actions en vue du désistement de R. Nixon. Si jamais ça ne survenait pas cette année, il faut que ce soit lors des élections de 2020 qui ne doivent pas porter que sur la personne (du Président) mais aussi sur la crise qu’il a déclenchée.

Cette Présidence nous rappelle que trop longtemps, le pays s’est reposé sur la fausse promesse d’une entente à l’amiable, (gentleman’s agreement) pour maintenir un semblant de société civilisée. On nous a dit que nos débats se feraient invariablement entre des hommes et des femmes des deux grands partis qui acceptent et respectent certaines normes dont la moindre n’est pas le serment d’office supposé garantir qu’ils et elles soutiendront la Constitution et la défendront. Non seulement D. Trump et ses alliés.es du Parti républicain ont-ils simplement abandonné ces engagements, ils ont profité de chacune des occasions qui se présentait pour tirer profit du pouvoir que des processus mal définis et un système poreux leur donnaient, pour conforter leurs intérêts. Ce qu’ils ont fait nous montre à quel point nous avons toujours été vulnérables comme Américians.es. Aussi cela nous met sous les yeux que nous ne pouvons plus faire fi de nos faiblesses structurelles.

Les Républicains.es sont sur le recul, gesticulant et criant au point de rejeter D. Trump. Mais on ne peut pas leur faire confiance pour corriger les faiblesses qui ont rendu la candidature de D. Trump possible.

Nous ne savons pas si les Démocrates qui entrent dans leur période de candidatures pour la présidentielle (de 2020), sont prêts.es à proposer des mesures de renforcement de la démocratie, des interventions légales et des réformes constitutionnelles portant sur le fonctionnement du Congrès, l’organisation et le financement des élections et sur le système des contrepouvoirs. Il ne faut pas laisser cette crise politique aller au petit bonheur la chance. Les citoyens.nes ne doivent faire aucun quartier (à ces politiciens.nes) et exiger des propositions en béton pour la reconstruction de notre politique et de notre gouvernance et pour mettre fin à l’ère Trump. Aucune demie mesure ne sera à hauteur et que les candidats.es précautionneux.euses s’abstiennent.

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