Édition du 17 décembre 2024

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Israël - Palestine

Les complexes médicaux de Ghaza assiégés : Israël s’acharne de nouveau contre les hôpitaux

Ces derniers jours, les forces d’occupation sionistes mènent une nouvelle série d’assauts contre les principaux hôpitaux de la bande de Ghaza au motif d’y traquer les combattants palestiniens. L’armée israélienne poursuit pour le septième jour consécutif son siège du complexe médical Al Shifa, au quartier Al Rimal, à l’ouest de la ville de Ghaza.

Tiré d’El Watan.

« L’armée d’occupation continue de prendre d’assaut l’hôpital Al Shifa, qui abrite environ 7000 personnes, entre déplacés et patients, et mène une campagne massive d’arrestations et d’assassinats et bombarde les maisons entourant l’hôpital », relève l’agence Wafa. « Les patients et les personnes déplacées réfugiées à l’hôpital Al Shifa souffrent de l’absence de soins et du manque de nourriture et d’eau en raison du siège imposé à l’hôpital », poursuit la même source.

Cinq blessés hospitalisés dans ce même établissement « sont décédés samedi faute de nourriture et de prise en charge médicale et en raison aussi d’une panne de courant dans les salles de soins intensifs ».

En outre, trois blessés ont été évacués à l’hôpital baptiste « après avoir été exposés à des tirs de snipers embusqués à proximité du complexe médical Al Shifa », affirme l’agence de presse palestinienne. Cette opération d’envergure contre l’hôpital Al Shifa a été lancée le 18 mars.

L’armée israélienne a déclaré que « 170 combattants palestiniens y avaient déjà été tués et 480 autres arrêtés ». Le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza a précisé de son côté que trois bâtiments du même complexe hospitalier abritant des centaines de déplacés, de malades et de blessés, ont été bombardés et incendiés hier.

Deux autres hôpitaux sont de nouveaux assiégés et attaqués par l’armée israélienne, cette fois au sud de la bande de Ghaza : il s’agit des établissements Al Amal et Al Nasser à Khan Younès. « Les forces d’occupation ont pris d’assaut l’hôpital Al Amal et l’hôpital Nasser au milieu de violents bombardements et de tirs nourris », a alerté hier la Société du Croissant-Rouge palestinien dans un communiqué.

La même source a averti que plusieurs véhicules militaires de tous types « entourent actuellement l’hôpital Al Amal et mènent de vastes opérations de rasage au bulldozer dans ses environs ».

364 travailleurs médicaux tués depuis octobre

Le Croissant-Rouge palestinien qui, faut-il le signaler, s’occupe de la gestion de l’hôpital Al Amal, a annoncé par ailleurs qu’un de ses cadres, Amir Sobhi Abou Aisha, est tombé en martyr hier à l’aube sous les balles de soldats israéliens alors qu’il était de service dans ce même hôpital.

Le chahid Amir Abou Aisha était « membre du personnel de la salle des opérations d’urgence du Croissant-Rouge », précise Wafa. Le Croissant-Rouge palestinien estime, à juste titre, que ses équipes sont en grave danger et dénonce le fait qu’elles ont été empêchées d’enterrer Amir dans la cour de l’hôpital Al Amal en raison du climat d’insécurité qui y règne et de la répression infernale subie par le personnel médical.

« 364 travailleurs médicaux, dont des médecins, des infirmières et des ambulanciers, sont tombés en martyrs depuis le début de l’agression contre la bande de Ghaza », souligne le Croissant-Rouge palestinien.

La même source a fait savoir dans un autre communiqué diffusé hier que les forces d’occupation ont condamné l’accès à l’hôpital Al Amal et obligé le personnel médical, les patients et les déplacés à quitter les lieux en tirant des grenades fumigènes. Le même organisme soutient qu’un drone demandait aux personnes se trouvant à l’intérieur des blocs hospitaliers de « sortir nus », comprendre en sous-vêtements.

La situation est extrêmement tendue également à l’hôpital Nasser. « Des témoins oculaires ont affirmé que les bombardements aériens étaient concentrés au sud et à l’est du complexe Nasser et du secteur de Batn al Sameen, en plus des tirs d’artillerie continus ciblant les mêmes zones ainsi que des frappes d’hélicoptères et de drones qui ont entraîné la mort d’un certain nombre de personnes et en ont blessé d’autres », rapporte l’agence Wafa.

Il convient de rappeler qu’en février dernier, le même hôpital avait été assiégé durant plusieurs jours. Le 15 février, l’armée a donné l’assaut sur le complexe médical Nasser, faisant plusieurs morts et causant d’importantes destructions à la structure sanitaire.

A Rafah, plusieurs morts ainsi que des blessés ont été évacués à l’hôpital koweïtien suite au bombardement hier d’une habitation appartenant à la famille Al Satari, dans le quartier Al Barahima, à l’ouest de la ville frontalière avec l’Egypte, informe l’agence Wafa. D’un autre côté, deux citoyens ont trouvé la mort dans un bombardement qui a ciblé une maison derrière l’école Rabéa, à Rafah.

En outre, 5 personnes ont été blessées, parmi lesquelles des enfants, suite à un raid sur une maison de la famille Barakat à Haï Essalam, toujours dans la même agglomération.

L’on apprend par ailleurs que des équipes de secours ont « récupéré les corps de huit martyrs sous les décombres d’une maison bombardée par l’occupation israélienne, à l’est de la ville de Rafah », écrit Wafa. Les victimes étaient des membres de la famille Farwana, résidant au quartier d’Al Jeneina.

L’occupant sioniste a commis pas moins de huit massacres en vingt-quatre heures, qui ont fait 84 morts et 106 blessés dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué hier le ministère de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza. Ces nouvelles victimes portent à 32 226 morts et 74 518 blessés le bilan total provisoire des tueries israéliennes dans la bande de Ghaza depuis octobre.

Nouveau carnage à un point de distribution d’aide

Samedi, un nouveau carnage a été perpétré à un point de distribution de l’aide humanitaire. Cela s’est passé au rond-point dit Koweït, aux abords de la ville de Ghaza. Selon le ministère de la Santé de Ghaza, 21 personnes ont été tuées au cours de cette attaque.

Les victimes ont été ciblées par des « tirs de chars et d’obus de l’armée d’occupation sioniste », accuse la même autorité. Belal Hazilah, un Ghazaoui qui a perdu son neveu dans cette tuerie, témoigne à l’AFP : « Il voulait emporter de la farine et de la nourriture. Il a un fils de deux mois et onze personnes dépendent de lui. Ils n’ont rien à manger (...)

Il a perdu la vie pour rien. » Décidément, les raids aux points de distribution de l’aide humanitaire tendent à se multiplier à Ghaza. Le 29 février, une attaque exécutée dans des conditions similaires à la rue Al Rashid, dans la ville de Ghaza, a fait 117 morts et 800 blessés.

Le 14 mars, la population civile qui attendait les convois d’aide au rond-point Koweït a été visée par des tirs sauvages qui ont fait 20 morts et 155 blessés. Les Brigades Azzeddine Al Qassam ont prévenu que le déluge de feu qui s’abat sur Ghaza couplé au blocus infernal qui empêche l’entrée de l’aide humanitaire et qui a provoqué une famine à grande échelle, ont été responsables de la mort de plusieurs des otages qu’elles détiennent.

Dans un nouvel enregistrement diffusé ce samedi, Abou Obeida, le porte-parole militaire des Brigades Al Qassam, a ainsi fait savoir qu’un otage israélien de 34 ans est mort faute de médicaments et d’alimentation. « Nous avions averti précédemment que les otages de l’ennemi souffraient des mêmes conditions que notre peuple, à savoir la faim, les privations et le manque de nourriture », a-t-il fustigé.

Abou Obeida avait affirmé dans une déclaration antérieure que « le nombre d’otages tués à la suite des opérations militaires de l’armée ennemie dans la bande de Ghaza pourrait dépasser 70 personnes ». Sur le terrain des négociations, les chefs de la CIA et du Mossad ont quitté Doha samedi, en fin de journée, après un nouveau round de discussions.

Les pourparlers « se sont concentrés sur les détails et un ratio pour l’échange d’otages et de prisonniers », a assuré une source à l’AFP en précisant que « les équipes techniques restaient à Doha ».

Les négociations semblent toujours buter sur de profonds désaccords. Un responsable du Hamas a fait état avant-hier de « profondes divergences » selon l’AFP. « Israël refuse d’accepter un cessez-le feu complet, il refuse un retrait total de ses forces de Ghaza et veut garder la gestion du secours et de l’aide humanitaire sous son contrôle », ce que le Hamas conteste.

Guterres appelle Israël à « lever les derniers obstacles à l’aide » pour Ghaza

Le patron de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé hier au Caire « Israël à lever les derniers obstacles à l’aide » pour la bande de Ghaza, menacée de famine, exhortant une nouvelle fois Israël et le Hamas palestinien à un « cessez-le-feu immédiat ».

« Quand on regarde Ghaza, on dirait presque que les quatre cavaliers de l’Apocalypse galopent au-dessus, semant la guerre, la famine, la conquête et la mort », a dit M. Guterres lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri.

« Le monde entier pense qu’il est plus que temps de faire taire les armes et de mettre en place un cessez-le-feu immédiat », a-t-il ajouté. Plus tôt hier, il a rencontré le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, accompagné du patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. Cinq mois et demi d’une guerre dévastatrice ont plongé la bande de Ghaza dans une situation humanitaire catastrophique.

M. Guterres avait déjà dénoncé, samedi en Egypte, la « douleur » des Ghazaouis, prisonniers d’« un cauchemar sans fin », à l’occasion d’un déplacement au point de passage avec la ville de Rafah, située dans le sud du territoire palestinien. Israël impose un siège complet à Ghaza depuis le 9 octobre et contrôle strictement l’aide qui arrive principalement depuis l’Egypte via Rafah. Ces contrôles réduisent, selon l’ONU, le nombre de camions entrant dans le territoire palestinien.

« D’un côté de la frontière, on voit des camions humanitaires à perte de vue, de l’autre une catastrophe humanitaire qui empire chaque jour », a constaté M. Guterres. Il a également souligné le « rôle politique et humanitaire vital de l’Egypte avec l’aéroport d’Al Arich et le point de passage de Rafah, artères essentielles pour l’entrée de l’aide vitale à Ghaza ».

Premier Etat arabe à avoir reconnu Israël, l’Egypte est un médiateur traditionnel entre Israéliens et Palestiniens. Avec le Qatar, elle a contribué à l’instauration d’une trêve ayant permis fin novembre la libération d’otages et de prisonniers palestiniens.

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Mustapha Benfodil

Journaliste pour El-Watan.

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