Tiré d’Agence médias Palestine.
Daniella Weiss, 79 ans, dirige l’organisation de colons d’extrême droite Nachala. Elle est sortie de son SUV Mitsubishi blanc et s’est garée sur le parking de la gare de Sderot, à seulement trois kilomètres de la bande de Gaza. Nous étions le 26 décembre, la deuxième nuit de Hanoukka, et depuis des semaines, Nachala faisait la promotion agressive d’une « procession vers Gaza » festive et d’une cérémonie d’allumage de bougies dans une zone militaire fermée près de la frontière. L’événement devait être la prochaine étape de la campagne de plus en plus intense de Nachala pour reconstruire les colonies juives à Gaza. S’ils ne pouvaient pas encore entrer dans la bande de Gaza, ils essaieraient au moins de s’en approcher le plus possible.
Un groupe d’adolescentes en jupes longues se presse pour prendre des selfies avec Weiss, qui a été sanctionné par le gouvernement canadien en juin pour avoir commis des actes de violence extrémiste contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée. Non loin de là, un groupe d’étudiants de la yeshiva de Sderot saute et scande « Am Yisrael Chai » – un ancien slogan qui signifie « Le peuple d’Israël vit », devenu un mantra nationaliste. Dans le coin le plus éloigné du parking, deux conteneurs maritimes (ce que les colons appellent des caravanes) arborant les mots « Gaza est à nous pour toujours ! » sont posés sur de lourds camions à plateau, attendant, semble-t-il, l’ordre de pénétrer dans le territoire dévasté. Au loin, des explosions sporadiques à Gaza illuminent l’horizon d’une lumière infernale, le bruit faisant trembler les fenêtres d’un centre commercial adjacent.
« Nous allons emmener ce cortège dans la zone de la Flèche noire, sur une colline qui surplombe Gaza », déclare Weiss à +972, décrivant le plan de Nachala pour la nuit. (La Flèche noire est un mémorial dédié aux parachutistes israéliens, administré par le Fonds national juif, situé à moins d’un kilomètre de la barrière de ciment et de barbelés qui sépare Gaza d’Israël.) « Avec un peu de chance, la police nous laissera y aller », a-t-elle ajouté en souriant. « Nous trouvons toujours un moyen. »
La ferveur fondamentaliste de Weiss dément son âge. L’une des dernières survivantes de la génération fondatrice des chefs de file des colons, elle est l’ancienne secrétaire générale du Gush Emunim (Bloc des fidèles), le mouvement messianique nationaliste religieux qui a éclaté au début des années 1970 et a mené l’entreprise de colonisation en Cisjordanie occupée. À l’approche de l’âge mûr, beaucoup de ses homologues ont troqué la vie militante contre le confort bourgeois sous les toits de terre cuite des colonies de banlieue ou ont mis derrière eux leur époque de terrorisme et de sabotage pour faire carrière dans les médias ou la politique. Pas Weiss.
À l’exception d’un passage en tant que maire de Kedumim, une colonie ultra-radicale près de la ville palestinienne de Naplouse, Weiss est restée sur les collines de la Cisjordanie occupée, exhortant les jeunes Israéliens juifs à prendre le contrôle de la terre. En 2005, elle a fondé Nachala avec un autre des dirigeants les plus extrémistes du Gush Emunim, Moshe Levinger, de la tristement célèbre colonie de Kiryat Arba près d’Hébron, dans le but de maintenir la flamme anti-establishment du mouvement des colons. Depuis, elle est devenue une sorte de gourou pour les jeunes colons radicaux vivant sur les collines, les guidant dans la construction d’avant-postes illégaux et dans l’art de la résistance, tant civile qu’incivile, à toute tentative des autorités israéliennes de les contrôler.
Presque immédiatement après l’attaque du Hamas le 7 octobre, Weiss et le reste du mouvement des colons ont jeté leur dévolu sur Gaza. Dans le contexte du bombardement massif et du nettoyage ethnique du nord du territoire par Israël, ils ont redoublé d’efforts pour rétablir les colonies juives là-bas, diffusant leurs intentions haut et fort, et sachant qu’ils pouvaient compter sur un soutien important au sein de la coalition gouvernementale.
En décembre dernier, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui dirige le parti du sionisme religieux et fait office de seigneur de la Cisjordanie, a déclaré que (ce n’était pas la première fois) sur la radio publique israélienne : « Nous devons occuper Gaza, y maintenir une présence militaire et y établir des colonies ». Beaucoup dans le camp de Smotrich voulaient prolonger la guerre, estimant que plus Israël continuerait à brutaliser Gaza, plus il y aurait de chances que les colons réussissent à installer un avant-poste – le germe d’une colonie – dans la bande de Gaza.
L’annonce d’un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier, a ralenti la dynamique du mouvement de réinstallation à Gaza, mais ne l’a pas stoppé.
Le cessez-le-feu est fragile, dangereusement fragile : rien ne garantit qu’il durera au-delà de la phase initiale de six semaines, qui n’implique qu’un retrait partiel d’Israël du territoire. Et selon certaines informations, le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait déjà cédé à la demande de Smotrich de relancer la guerre après la fin de la première phase et d’affirmer progressivement le contrôle total d’Israël sur la bande de Gaza, afin de maintenir la cohésion de son gouvernement d’extrême droite. La réalisation de cet objectif dépendra en grande partie de la volonté de l’administration Trump d’exercer une pression continue sur Netanyahou pour qu’il mette en œuvre les étapes suivantes de l’accord de cessez-le-feu, ce qui mettrait très probablement en péril la survie de la coalition gouvernementale de Netanyahou.
Dans ce contexte d’incertitude, le mouvement des colons continue de faire pression pour imposer sa vision exterminatrice de la réinstallation à Gaza. La nuit précédant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, Nachala a conduit plusieurs dizaines de militants au mémorial de la Flèche noire pour organiser une manifestation contre l’accord. Les colons prient ouvertement pour que l’accord échoue, tandis qu’une poignée d’entre eux, les plus militants, restent campés à quelques encablures de la barrière de séparation.
Si le cessez-le-feu venait à être rompu et que les troupes terrestres israéliennes revenaient en force dans la bande de Gaza, les colons seraient prêts à relancer leur offensive, encore plus déterminés à y établir de nouvelles colonies. Dans ce cas de figure, le chemin qui leur resterait à parcourir qui serait terriblement court.

« Une période de miracles »
Dans les années 2000, après trois décennies d’occupation de la Cisjordanie et de Gaza par Israël, la bande de Gaza abritait près de 9 000 colons israéliens répartis dans 21 colonies. Dix-sept d’entre elles se trouvaient dans une zone que les Israéliens appelaient Gush Katif, sur la côte sud de Gaza, ce qui empêchait de facto les Palestiniens des villes de Khan Younis et de Rafah d’accéder à la mer Méditerranée. Beaucoup de colons venus à Gaza appartenaient aux factions les plus extrémistes du mouvement sioniste religieux, croyant fermement en la vision messianique d’une présence physique juive sur chaque centimètre carré de la terre biblique d’Israël.
Lorsque Israël a unilatéralement retiré tous les colons juifs de Gaza en 2005 – ce que les Israéliens appellent « le désengagement » – le Premier ministre Ariel Sharon a souligné à la communauté internationale qu’il espérait que cette décision montrerait qu’Israël était sérieux dans sa volonté de faire les compromis territoriaux nécessaires pour parvenir à un éventuel accord de paix avec les Palestiniens.
Devant l’opinion publique israélienne, Ariel Sharon a fait valoir que ces colonies en particulier n’avaient guère de sens stratégique ; Gaza n’abritait aucun site ancien d’une grande importance religieuse, et la défense des colonies exigeait trop de sacrifices humains. En privé, cependant, Ariel Sharon et ses conseillers avaient un objectif différent : mettre en suspens la création éventuelle d’un État palestinien en dissociant les destins de la Cisjordanie et de Gaza. « L’importance du plan de désengagement réside dans le gel du processus de paix », a déclaré Dov Weisglass, conseiller de Sharon. « Le désengagement est en réalité du formol. »
Pourtant, pour les membres de la droite nationaliste religieuse israélienne, tout retrait territorial était inacceptable. Depuis 2005, ils considèrent le désengagement comme une « injustice historique » qui doit être corrigée.

Avec le début de l’invasion terrestre de Gaza fin octobre 2023, les sionistes religieux extrémistes d’Israël ont vu une opportunité. Des soldats de droite ont commencé à télécharger des vidéos d’eux-mêmes jurant de retourner à Gush Katif et de recoloniser Gaza. Parmi les décombres, ils arboraient le drapeau orange devenu l’emblème du mouvement anti-désengagement, déployaient des banderoles proclamant les futurs sites de nouvelles colonies et clouaient des mezzouzas aux encadrements des portes des maisons palestiniennes en ruines.
Alors qu’une grande partie d’Israël a passé les mois qui ont suivi le 7 octobre dans le deuil, les dirigeants du mouvement des colons sont entrés dans un état d’anticipation quasi extatique qui n’a fait que s’accentuer avec le temps. « De mon point de vue », faisait remarquer Orit Strook, ministre du gouvernement du parti du sionisme religieux, au cours de l’été, « cela a été une période de miracles ».
De son côté, Nachala a commencé à organiser des événements destinés à cultiver le soutien à la réoccupation et à la réinstallation de Gaza. En novembre 2023, quelques semaines seulement après le 7 octobre, elle a tenu un congrès consacré à cet objectif dans la ville méridionale d’Ashdod. Quelques mois plus tard, en janvier 2024, Weiss et ses partenaires extrémistes ont organisé la « Conférence pour la victoire d’Israël » à Jérusalem, à laquelle ont assisté plusieurs milliers de personnes, dont 11 ministres et 15 membres de la coalition gouvernementale. Les orateurs ont salué les efforts de reconstruction des colonies de Gaza et appelé à l’expulsion des Palestiniens qui y vivent.
En mai, à l’occasion de la fête de l’indépendance d’Israël, Nachala a organisé un rassemblement à Sderot, au cours duquel le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a réitéré la demande du mouvement en faveur de la « migration volontaire » des habitants de Gaza — un euphémisme grossier pour désigner le nettoyage ethnique — devant une foule en liesse de plusieurs milliers de personnes. En octobre, Nachala a organisé un rassemblement « festif » pour la fête de Souccot dans une zone militaire fermée près de la frontière, où des militants d’extrême droite ont installé des stands et organisé des ateliers sur la manière de préparer la colonisation de Gaza.
Lorsque le groupe s’est réuni en décembre pour la célébration de Hanoukka sur le parking de Sderot, la foule était beaucoup moins nombreuse, mais l’atmosphère n’en était pas moins joyeuse. « Voulez-vous rejoindre notre noyau de colonisation ? » demanda une femme portant un foulard orange ; un pendentif représentant le troisième temple reconstruit suspendu à une chaîne en or autour de son cou. Elle vendait des t-shirts, des serviettes, des drapeaux de voiture et des grenouillères pour bébés imprimés des mots « Gaza fait partie de la terre d’Israël ! » afin de collecter des fonds pour les efforts de son « noyau », ou groupe de colonisation. Sur les six « noyaux » de ce type organisés par Nachala pour s’installer dans différentes parties de la bande de Gaza, chacun composé d’une centaine de familles, le sien, le noyau du nord de la bande de Gaza, était « le meilleur », a-t-elle déclaré, « parce qu’il est le plus réaliste ».
En effet, expliquait-t-elle, l’armée israélienne avait déjà « vidé » la majeure partie du nord de Gaza. Quant aux Palestiniens qui sont restés, ajoute-t-elle, « ils ne sont évidemment pas innocents », et ils seraient donc traités en conséquence, c’est-à-dire expulsés ou tués.

Résidant à Ashkelon, une ville située à 19 kilomètres au nord de Gaza, cette femme était tellement convaincue que les efforts de colonisation aboutiraient qu’elle avait refusé de renouveler son bail pour l’année à venir. « D’ici l’été prochain, nous serons dans notre nouvelle maison [à Gaza] », a-t-elle déclaré. « Dieu a prévu notre retour. »
L’aide d’en haut
Bien que les colons aiment attribuer à Dieu le mérite d’avoir accéléré leur retour potentiel à Gaza, ils ont reçu une aide considérable de sources terrestres. Avant l’accord de cessez-le-feu, les forces israéliennes ont construit une vaste architecture d’occupation dans la bande de Gaza. Le long de ce que l’armée israélienne appelle le corridor de Netzarim, une route goudronnée de six kilomètres qui traverse la bande de Gaza, elle a construit plus d’une douzaine d’avant-postes et de bases militaires, équipés de logements climatisés, de douches, de cuisines et de synagogues (un rabbin orthodoxe a déclaré que de nombreux rouleaux de la Torah avaient été introduits à Gaza). D’autres groupes de postes de contrôle et d’installations d’inspection militaire ont également été construits à travers la bande de Gaza. Bien que cette infrastructure semble avoir été supprimée avec le retrait des forces israéliennes de Netzarim, elle pourrait être reconstruite aussi rapidement qu’elle a été démantelée.
À la mi-décembre, le site d’information israélien Ynet a publié un article élogieux sur une « petite retraite en bord de mer » que l’armée avait construite dans le nord de Gaza, équipée d’un système de dessalement, de studios de physiothérapie, d’un cabinet de dentiste mobile et d’une salle de jeux. « Ce lieu de retraite est un havre de paix impressionnant, offrant un confort de style civil », au milieu « des décombres de la région déchirée par la guerre », vantait l’article.
« Parmi les autres commodités, on trouve un comptoir à café avec une grande machine à expresso, des distributeurs de pop-corn et de barbe à papa, ainsi qu’un salon proposant des gaufres belges et des bretzels frais », poursuivait-il. C’est ainsi, selon le titre de l’article, que « les FDI se préparent à un séjour prolongé à Gaza ».
Pour les Palestiniens qui sont restés dans le nord de Gaza, cependant, « cela » n’a signifié que davantage de souffrances. Au nord de Netzarim, les forces israéliennes ont systématiquement démoli des quartiers entiers, détruit des infrastructures essentielles à la survie, notamment des hôpitaux, et utilisé la famine comme arme de guerre. Des images aériennes des villes autrefois densément peuplées de Beit Lahiya, Beit Hanoun et Jabalia montrent un paysage de dévastation totale, avec des montagnes de gravats gris s’étendant presque jusqu’à l’horizon.

Pour Weiss, cette dévastation était une étape bienvenue dans un plan divin. Dans une interview accordée à Kan, la chaîne publique israélienne, à la mi-novembre, elle révélait que lors d’une expédition le long de la barrière de séparation pour repérer de futurs sites de colonisation, elle avait contacté des officiers de l’armée en service actif ayant des sympathies d’extrême droite qui lui avaient fourni une jeep militaire pour l’emmener dans la bande de Gaza, où ils avaient inspecté le site qui avait été la colonie de Netzarim. « Nous, les colons, avons toutes sortes de méthodes », a déclaré Weiss à Kan.
La prochaine étape serait simple, a-t-elle poursuivi. Dans les mois à venir, ils tenteraient d’amener beaucoup plus de militants de Nachala dans les bases militaires de Gaza ; puis, en utilisant une méthode perfectionnée par le mouvement des colons depuis des décennies, ils refuseraient de partir. « Ce qui se passe en ce moment est un miracle ; nous menons une guerre sainte », a déclaré Weiss. « Dans un an, le peuple d’Israël sera de retour à Gaza. »
Netanyahu a qualifié à plusieurs reprises la perspective de reconstruire des colonies juives à Gaza « d’irréaliste ». Mais au sein du Likoud, le propre parti de Netanyahu, sans parler de sa coalition gouvernementale, l’idée bénéficie d’un soutien important. Selon le reportage de Kan sur le mouvement de colonisation de Gaza, on estime que 15 000 des quelque 60 000 électeurs du Likoud appartiennent à des groupes pro-colonisation purs et durs. Interrogé par Kan sur l’existence d’une majorité au sein du parti en faveur de la réinstallation à Gaza, Avihai Boaron, membre du Likoud à la Knesset, a répondu : « Oui, absolument ».
L’élection de Donald Trump pour un second mandat a considérablement renforcé les ambitions déjà maximalistes du mouvement des colons. Lors de l’événement Nachala à Sderot, le sentiment général était que, avec Trump au pouvoir, les colons, et l’extrême droite en général, auraient encore plus de liberté.
Debout devant une banderole promettant de construire une « Nouvelle Gaza » – une ville entièrement juive sur les ruines de ce qui est aujourd’hui la ville de Gaza – un homme nommé Yaakov expliquait avec enthousiasme comment un avenir autrefois impensable était devenu possible à ses yeux. « Nous allons raser tout Gaza et construire une ville par-dessus », a-t-il déclaré. « Si vous m’aviez posé la question il y a six mois, je vous aurais traité de fou. »

Quelques heures après son entrée en fonction, Trump a annulé les sanctions que l’administration Biden avait imposées à d’éminents dirigeants et organisations de colons, dont Amana, la branche immobilière et de lobbying du mouvement, dirigée depuis 1989 par Ze’ev « Zambish » Hever, un ancien membre du groupe terroriste Jewish Underground. L’ambassadeur de l’administration Trump en Israël, le pasteur baptiste Mike Huckabee, est un partisan de l’annexion par Israël de tout ou partie de la Cisjordanie. Le nouveau secrétaire à la Défense de Trump, Pete Hegseth, a non seulement approuvé l’annexion dans des interviews, mais a même suggéré qu’un temple juif pourrait être reconstruit sur le mont du Temple/Haram Al-Sharif à Jérusalem.
Puis est venu le plan surprise du président visant à nettoyer ethniquement toute la bande de Gaza de ses Palestiniens et à s’emparer du territoire. L’extrême droite israélienne – et, à vrai dire, une grande partie du centre – a accueilli la proposition avec un enthousiasme non dissimulé. « En supposant que l’annonce de Trump concernant le transfert des Gazaouis vers les nations du monde se traduise par des actes », a déclaré Weiss dans un communiqué du 5 février, « nous devons nous empresser d’établir des colonies dans toutes les parties de la bande de Gaza ».
Jouer la carte du long terme
Malgré tout le pouvoir que le mouvement des colons a acquis au sein de la politique israélienne – et sur le sort des Palestiniens – la majorité du pays n’a jamais soutenu la reconstruction des colonies à Gaza (plus de la moitié, selon de récents sondages, s’y oppose). Mais le succès de la droite des colons israéliens n’a jamais découlé d’un véritable soutien de masse. Au contraire, c’est un cas d’école de mouvement d’avant-garde.
Les colons ont construit un lobby qui a appris à exercer une influence au sein du Likoud, tout en transformant simultanément ses propres représentants politiques en faiseurs de rois parlementaires. En Cisjordanie, modèle de ce que les colons espèrent réaliser à Gaza, l’occupation s’est enracinée tant par l’action apparemment unilatérale des colons que par une planification délibérée de l’État.
En février dernier, un groupe de jeunes installés au sommet d’une colline, connus pour attaquer les bergers et les villes palestiniennes en Cisjordanie, a réussi à franchir un poste de contrôle militaire et à entrer dans la bande de Gaza avant d’être retrouvé par l’armée, tandis que d’autres tentaient de construire un avant-poste dans la zone tampon militarisée. Cette tentative a échoué, mais même avec le cessez-le-feu en vigueur, le risque demeure qu’un groupe de colons, qu’il soit issu des rangs de Nachala ou d’ailleurs, tente à nouveau sa chance.
Et bien que le retrait de la plupart des forces israéliennes du cœur de Gaza ait réduit les chances de réussite des colons dans un avenir immédiat, Weiss et ses compagnons de lutte ne se trompent pas en pensant que le temps joue en leur faveur. Comme les colons l’ont souvent fait comprendre – et comme Weiss l’a elle-même souligné lorsqu’elle s’est adressée à la foule lors du rassemblement de Sderot – ils jouent la carte du long terme.
« Aujourd’hui, il y a 330 colonies en Judée et en Samarie », a-t-elle déclaré, en utilisant le terme biblique préféré des colons pour désigner la Cisjordanie, « et près d’un million de Juifs au-delà de la Ligne verte. Cela ne s’est pas fait en un jour, et cela n’a pas été obtenu sans lutte.
« Nous voulons retourner dans la bande de Gaza, l’héritage de la tribu de Juda », a-t-elle poursuivi sous les applaudissements. « Nous voulons que le Néguev occidental s’étende jusqu’à la mer Méditerranée. Et nous atteindrons cet objectif grâce au mérite de toutes les personnes présentes ici et de tous ceux qui prient pour le retour du peuple juif sur l’ensemble de ses terres. »
Après la fin du discours de Weiss et les brèves exhortations de plusieurs autres militants d’extrême droite, les colons militants sont montés dans leurs grandes camionnettes blanches, ont attaché leurs nombreux enfants dans les sièges auto et se sont dirigés vers le mémorial de la Flèche noire. Un seul vétéran activiste de Nachala, Hayim, s’est attardé sur le parking, rassemblant les nombreuses pancartes qui avaient été attachées aux clôtures grillagées et enroulées autour des arbres. Il nous a désigné les caravanes, toujours garées à leur place alors que le cortège partait.
Les caravanes, expliqua-t-il, n’étaient pas destinées à être emmenées à Gaza cette nuit-là ; elles étaient là pour illustrer l’engagement du mouvement à coloniser Gaza, étape par étape. « En fin de compte, le gouvernement suit le peuple », a déclaré Hayim. « L’objectif ici est de créer une vague de fond que le gouvernement ne peut ignorer. »
Une version de cet article a également été publiée dans The Nation. Lisez-la ici.
Joshua Leifer est membre du comité de rédaction de Dissent. Il est l’auteur de Tablets Shattered : The End of an American Century and the Future of Jewish Life.
Traduction : JB pour l’Agence Média Palestine
Source : +972 Magazine
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