Si tu ne vois pas, par exemple, que 3/4 exprime la même proportion que 3000/4000 ou 300 000/400 000, malgré la différence entre les grandeurs des chiffres, tu ne sais pas calculer. En revanche, si tu sais calculer, tu es nécessairement obligé d’accepter ces lois et ces résultats.

Ainsi es-tu obligé d’accepter que la relation entre 1,5 million sur 6 millions soit égale à 1/4. La relation entre 4000 et 10 000 est inévitablement égale à 2/5, et 1/4 est moins que 2/5.

De plus, la mathématique n’a absolument rien avec le contenu non plus. Ces chiffres peuvent exprimer les nombres de papillons, de poupées, ainsi de suite.

Ils peuvent, pour donner un autre exemple, représenter les enfants.

Dans nos deux derniers exemples aussi, les chiffres représentent le nombre des enfants.

Ces enfants, sans l’avoir choisi, peuvent être nés, par exemple, dans les familles juives, chrétiennes, musulmanes, bouddhistes, ou athées.

Dans la première proportion, 1/4, ils représentent le nombre des enfants juifs tués dans l’holocauste en proportion avec les adultes. Autrement dit, de chaque quatre victimes d’holocauste, une victime a été un enfant. Ces chiffres sont donnés par Holocaust Museum Houston.

Dans le deuxième exemple, 2/5 représente le nombre d’enfants tués depuis l’invasion d’état israélien en proportion avec le nombre de personnes tuées (jusqu’au 4 novembre). Ces chiffres sont donnés par Cable News Network.

Maintenant, imaginons que la situation que subissent actuellement les résidents de Gaza se généralise spatialement et temporairement AU MONDE.

« DÉMOCIDE » semble être le mot qui dépeint la situation actuelle. En se rendant compte de la gravité de cette situation, le grand public se réveille, et cela d’une échelle mondiale.

« On n’est pas fatigué. On a Gaza à libérer », crie une jeune fille blanche québécoise le samedi quatre novembre. Avec ses camarades, elle forme ce qu’Yves Engler nomme la plus grande manifestation pour la Palestine dans l’histoire du pays. Cette jeune fille préfère d’être ici, à l’appel du Mouvement de la jeunesse palestinienne, au lieu d’être, par exemple, dans la file d’attente de La Banquise, pour prendre la poutine.

« Je veux continuer à utiliser toutes les plateformes disponibles pour le cessez-le-feu et la fin de cette occupation qui nuit aux Palestiniens… Je continue à condamner l’apartheid et l’occupation militaire  », dit une étudiante racisée en droit à New York University, malgré le fait qu’elle a déjà perdu une occasion d’un cabinet d’avocat.

Ce réveil ne se limite pas au grand public.

Josh Paul, qui a travaillé au bureau militaire du département d’État américain pendant 11 ans, remetsa lettre de démission parce que dans le cas de la vente des armes à Israël, il voit une contradiction : «  Nous ne pouvons pas être simultanément pour et contre l’occupation. Et nous ne pouvons pas être pour la liberté et contre la liberté. »

L’augmentation exponentielle des gens qui s’inquiètent pour autrui est une répercussion de l’appartenance à gauche. Dans son célèbre Abécédaire, sous la lettre G, Gilles Deleuze caractérise l’appartenance à gauche en priorisant d’autrui : d’abord le monde, puis d’autres continents, ton continent, d’autres pays, d’autres villes, ta ville, d’autres quartiers, d’autres maisons, et finalement ta maison et toi.

Ce réveil n’a pas encore influencé les autorités de plusieurs pays et l’on ne parle pas de la présidente de la Commission européenne qui exprime sans honte son « soutien inconditionnel à Israël  ». Berny Sanders semble avoir perdu la sensibilité dont grand nombre de ses souteneurs sont ravis : il ne soutient pas le cessez-le-feu. Et les autorités canadiennes ? Tu décides toi-même dans ces jours qui suivent le jour du Souvenir.
Pour nous, la question s’impose : comment l’ensemble de tendances et de réveils peut-il trouver le levier adéquat pour avoir un impact immédiat sur ce « démocide » ? Le plus tôt sera le mieux.

Le moins entend-il la nouvelle, seulement dans les médias indépendants, de la fermeture des yeux d’un autre enfant de Gaza avant d’avoir vu un papillon ou d’avoir joué avec une poupée.

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