Glenn Greenwald, The Intercept, 7 avril 2017-04-07
Traduction, Alexandra Cyr,
Jeudi soir, D. Trump à ordonné une attaque dont le Pentagone dit qu’elle comprenait le lancement de 59 missiles Tomahawks et ciblait « des avions, des hangars pour avions, des entrepôts de pétrole, de matériel logistique et d’entrepôts de munitions, des systèmes de défense aérienne et des radars ». Le gouverneur de Homs, la province syrienne où l’attaque a eut lieu à déclaré tôt ce matin, que les bombes avaient tué 7 civils et en avait blessé 9.
Le communiqué du Pentagone déclarait que l’attaque avait eut lieu pour : « riposter à l’utilisation par le régime de Bashar al Assad d’armes chimiques contre son propre peuple ». La Syrie et la Russie ont toute deux fortement nié que les militaires syriens aient utilisé de telles armes.
Quand Joanna Slater du Globe and Mail à questionné le Premier ministre Trudeau à ce sujet, il a répondu qu’une enquête immédiate s’imposait pour déterminer ce qui s’était vraiment passé avant d’envisager une action. Il a précisé qu’il fallait : « continuer à se questionner sur qui en porte la responsabilité ».
Mais la fièvre américaine pour la guerre n’attend pas. Quand la vague de la frénésie américaine en faveur de la guerre est déclenchée, questionner le casus belli est impossible. Vouloir des preuves solides avant que les bombardements commencent est l’équivalent de sympathiser avec le « méchant étranger » et de le soutenir. (…)
Au cours des dernières 24 heures, il est devenu absolument vrai dans le discours américain que le gouvernement syrien avait délibérément utilisé des armes chimiques dans un bombardement contre des civils. Cela même si J. Trudeau demandait une enquête, si c’était nié dans beaucoup de capitales dans le monde et même si Susan Ricei, il n’y a que quelques mois, insistait sur les ondes de NPR : « Nous avons réussi à ce que le gouvernement syrien se débarrasse des ses stocks d’armes chimiques volontairement et nous avons pu le vérifier ».
Au-delà de l’événement très récent, le gouvernement syrien a tué des centaines de milliers de personnes au cours des cinq dernières années. Le peuple s’est soulevé dans l’esprit des printemps arabes mais par la suite le mouvement s’est transformé en une guerre par procuration où sont impliqués de nombreux combattants étrangers, plusieurs pouvoirs régionaux, le groupe armé état islamique, Al Qaïda et la Russie.
La CIA à dépensé plus d’un milliard par année pour armer les rebelles qui luttent contre B. al Assad pendant des années. Les États-Unis de Barak Obama ont commencé à bombarder la Syrie, la septième plus grande nation musulmane du monde en 2014 et n’ont jamais cessé. Le Président Trump avait déjà augmenté la campagne de bombardement jusqu’à celui d’une mosquée qui a fait des douzaines de décès le mois dernier. Ce qui rend le dernier bombardement particulier, c’est qu’au lieu d’attaquer des sites des terroristes du groupe armé état islamique et Al Qaïda, c’est le gouvernement syrien qui a été ciblé. B. Obama avait menacé de le faire en 2013, mais ne l’a jamais actualisé.
Les leaders démocrates au Congrès, dont le leader de la minorité au Sénat, M. Chuck Schumer et celle de la minorité à la Chambre, Mme Nancy Pelosi, ont immédiatement fait l’éloge de l’action de D. Trump, tout en soulevant des questions quant au processus. Au cours des heures qui ont précédé le bombardement, alors qu’il était connu que le Président le planifiait, Mme Clinton, qui avait critiqué M. Obama pour ne pas attaquer M. Assad, est apparue dans un événement, et offert sont support entier à M. Trump. La Maison blanche a indiqué dès le point de départ, qu’il s’agissait d’une attaque limitée, destinée à punir M. Assad pour avoir utilisé des armes chimiques et non pas une nouvelle guerre pour le renverser. Mais de telles agressions, une fois lancées, sont souvent difficiles à contenir.
Les gouvernements russes et iraniens qui soutiennent tous les deux le gouvernement Assad, ont farouchement dénoncé l’attaque. Un porte parole de M. Poutine, a parlé d’un « coup significatif » aux relations russo-américaines. La Russie a déjà annoncé une riposte sous la forme de mise en suspends d’accords de coopération.
Même s’il était possible de la contenir, il y aura des implications sans fin à l’utilisation de la force militaire contre le gouvernement syrien.
Pour le moment, voici dix points qui explicitent la situation :
1- De nouvelles guerres renforceront toujours D. Trump comme ce serait le cas pour n’importe lequel autre dirigeant
La transformation de D.Trump en un sérieux et respecté chef de guerre est palpable. Déjà, le New York Times est exubérant en écrivant que : « en lançant une attaque militaire tout juste 77 jours après son assermentation, le Président Trump à la chance, mais pas une vraie garantie, de changer la perception que son administration est en déroute ».
Tous les dirigeants et toutes les dirigeantes se sont précipités-es pour féliciter le Président et ses bombardements. Les médias en font une couverture plus que positive. Un porte-parole d’un établissement de consommation, observe avec exactitude : « Pour l’establishment politique américain, l’attaque contre Assad est l’action la plus populaire que D. Trump ait déclenché à titre de Président ».
Les nouvelles guerres réveillent le pire chez les gens : leur chauvinisme, leur loyauté tribale, leur soumission à l’autorité et aux leaders. D’instinct, le plan est aussi évident qu’il est effrayant : les leaders s’attendent à de grandes récompenses en débutant des guerres. Dans son essai Federalist 4 publié le 7 novembre 1787, John Jay met en garde contre les bénéfices personnels que les leaders peuvent obtenir en déclenchant de nouvelles guerres. C’est pour cela qu’on prenait pour acquis que les Présidents américains auraient de la difficulté à le faire : « Il est vrai, quoique désagréable, (de comprendre) qu’il peut être dans la nature humaine, que les nations en général fassent la guerre quant elles voient la perspective d’en tirer quelque chose.
Les pouvoirs absolus, souvent, la feront quand leurs nations n’en tireront rien, mais pour des buts et des objectifs purement personnels tels un goût pour la gloire, la vengeance pour des affronts, l’ambition ou pour des plans en vu d’agrandir ou d’obtenir du soutient pour leur familles ou leurs partisans. Ces motifs et une variété d’autres qui affectent l’esprit des souverains, les poussent souvent à s’engager dans des guerres injustifiées par les lois ou par la voix et les intérêts de leurs peuples ».
Le Président va voir et sentir, en lançant des bombes, le respect qu’il a provoqué chez les élites et dans les médias, les sensations de force dont il manquait jusqu’ici. Mais oublions D. Trump. N’importe qui pourrait être tenté de poursuivre la guerre avec un tel cadre. Bien sûr, qu’il est conscient de ces motivations depuis longtemps. En 2012, n’a-t-il pas accusé B. Obama de se préparer à déclencher la guerre en réponse à sa baisse de popularité dans les sondages : « Maintenant que sa popularité s’effondre, guettez bien Obama ; il va lancer une attaque sur la Lybie ; il est désespéré ».
Ceux et celles qui approuvent instantanément D. Trump alors qu’il bombarde une population, peuvent être assurés-es qu’il continuera à le faire. Comme l’a d’ailleurs démontré la popularité instantanée de G.W. Bush après le 11 septembre. En louant son bombardement sur la Syrie, on le rend, dans l’ensemble, plus solide envers tout autre chose qu’il voudra entreprendre.
2- Le discours chauvin des Démocrates ne leur laisse aucune habelité, ou désir, de s’opposer aux guerres de D. Trump
Depuis des mois, les Démocrates se drapent dans un discours extrêmement nationaliste et militariste. Constamment, ils ont accusé le Président de traitrise envers les États-Unis, d’être la marionnette de V. Poutine et de refuser de défendre les intérêts de la nation. Ils ont tenté d’exploiter spécialement les crimes de B. al Assad en les liant au Président en insistant qu’il ne voulait pas le confronter pour ne pas soulever la colère de ses maitres au Kremlin. Ils ont adopté la logique qui veut que quiconque refuse de s’opposer à Poutine ou Assad n’est qu’un sympathisant au service d’un ennemi extérieur. Un tel raisonnement utilisé tant et plus, n’a fait que les coincer. Comment pourraient-ils faire autre chose que de louanger le bombardement de D. Trump sur la Syrie ? Impossible ! Et c’est exactement ce qu’ils font.
Depuis des mois, beaucoup d’entre nous avons manifesté du scepticisme et de la retenue face aux analyses concernant la Russie. Nous avons souligné qu’il y a un risque à insister pour décrire (le Président) comme un simple outil du Kremlin. Cela pourrait l’agacer et le pousser, même le forcer, à chercher la confrontation avec Moscou. Certains-es Démocrates ont réagit rageusement hier en entendant que leur tactique politique aurait pu donner ces fruits. Mais c’est ainsi que la politique fonctionne.
De même que G. H.W. Bush voulait se débarrasser de son image de « poule mouillée » en envahissant Panama, bien sûr que D. Trump va vouloir prouver qu’il n’était pas contrôlé par V. Poutine en sous main et qu’il allait vouloir le confronter. C’est exactement ce qu’il a fait. La guerre est une arme classique que les Présidents américains ont utilisé pour démontrer leur force, leur patriotisme et prouver qu’ils méritaient le respect.
Plus on remet en question ces motivations, plus la pression pour passer à l’acte se manifeste. Parlant de l’invasion de Panama ; le 20 décembre 1989, on pouvait lire dans le New York Times, « (…) depuis la 2ième guerre mondiale, la plupart des dirigeants américains ont sentit le besoin de démonter leur volonté de passer par un bain de sang pour protéger ou faire avancer ce qu’ils considèrent comme l’intérêt national. (…) Pour le Président Bush (père, n.d.t.), un homme largement critiqué il y a encore un mois, pour sa timidité, un homme constamment attaqué à la Chambre (des représentants) et ailleurs pour son manque de soutient en octobre, à une tentative de coup d’État contre le général Noriega, un homme décrit dans la bande dessinée Doonesbury comme le Président invisible, vient de montrer qu’il a encore sa pertinence. Réussite et mécontentement. Quels que soient les suites de ce jeu de dés à Panama, il s’est montré un homme capable d’actions fortes ».
D. Trump est le premier artisan de ses guerres et de son bombardement en Syrie. Il est le seul à en porter la responsabilité. Mais il n’est pas isolé, il agit dans l’atmosphère de Washington. Une des raisons pour lesquelles il est si dangereux de tenir un discours qui insiste sur les tensions entre deux supers pouvoirs possédant l’arme nucléaire, c’est que cela peut facilement déboucher sur des conflits bien réels. D. Trump pourrait ainsi, être motivé à utiliser la guerre pour faire la preuve de son patriotisme.
Même s’il existe d’autres vérités, les Démocrates, à quelques exceptions près comme les représentants Ted Lieu et Tulsi Gabbard, se sont retenu dans leurs critiques envers le bombardement déclenché par D. Trump quant à ses avantages et non sur les enjeux du procédé. Évidemment, les dirigeants-es démocrates ont clairement louangé le bombardement. Cela va se poursuivre si jamais le Président Trump étend cette guerre. Ainsi le Parti démocrate s’est-il établit. C’est ce qu’il est depuis bien longtemps.
3- En temps de guerre les télévisions américaines se transforment en médias d’État
La nuit dernière, comme ils le font toujours, les médias américains présentaient un mélange d’excitation et de révérence pendant le largage des bombes. Pas de place pour ceux et celles qui s’opposent à ces bombardements. Il en est toujours ainsi lors de ces moments forts en patriotisme. Chris Hayes, animateur sur MSNBC, faisait exception. Il avait deux opposants invités après minuit. C’était une rareté. Partout ailleurs, on a rapporté immédiatement les arguments du gouvernement et des militaires sans les questionner, comme une vérité indubitable. Les arguments des adversaires de l’étranger, comme la Russie et la Syrie sont traités avec dédain, qualifiés de propagande.
Après tout le battage qui a eut lieu contre le réseau RT le qualifiant d’outil de propagande de l’État, les reportages des médias américains ne font guère mieux en temps de guerre. Pour le gouvernement c’est une situation permanente. Il y aura sans doute des analyses plus poussées de la couverture d’hier soir dans le futur, mais pour le moment, voyons ce que Brian Williams (présentateur des nouvelles de fin de soirée sur NBC) dans toute sa majesté révérencieuse envers le « militaire », présente. Il démontre comment la télévision d’État fonctionne aux États-Unis. Il donne la parole à Adam H. Johnson : « bonne affaire, les médias ne sont pas contrôlés par le gouvernement dans notre pays ». Sur CNN, Fareed Zakaria déclare que D. Trump s’est instantanément transformé en Président des États-Unis hier soir. Cela est dit avec le maximum de noblesse et de majesté.
4- Le bombardement ordonné par D. Trump est illégal ; mais les Présidents sont maintenant omnipotents
La capacité du Président à ordonner ainsi une nouvelle attaque contre le gouvernement syrien sans aucun débat démocratique, en faisant fi de l’approbation du Congrès devrait nous rendre furieux-euses. Au moins, B. Obama avait quelques excuses quand il a commencé les bombardements sur la Syrie sans l’autorisation du Congrès. Il était sous l’autorité de la « Authorization to Use Military Force » de 2001 et ses cibles évidentes étaient les groupes terroristes, même si le groupe armé état islamique n’existait pas encore. (…) Mais, depuis ce moment, aucune justification d’auto défense ne peut s’appliquer légalement à ce que D. Trump vient de faire. Aucune.
Mais personne ne se préoccupe de ces légalités à Washington. N’avons-nous pas créé à dessein une Présidence omnipotente. Rappelez-vous 2011. B. Obama est parti en guerre en Lybie sans l’approbation du Congrès et même que le Congrès à refusé son autorisation à postériori. Quelles en ont été les conséquences pour le Président Obama ? Aucune. Le Congrès, dans sa lâcheté politique, est d’accord pour remettre ses pouvoirs au Président pour déclencher les guerres. Comme population, nous avons décidé de donner les pleins pouvoirs aux Présidents : ceux de bombarder, d’espionner, de détenir et d’envahir presque sans limite. C’est la mécanique de la présidence impériale que les deux Partis ont conjointement laissé au Président Trump en ce moment.
Bien sûr, en 2013, le Président Obama a invoqué qu’il n’avait pas à demander la permission au Congrès pour bombarder Assad. C’est un argument que la Maison blanche de D. Trump va maintenant utiliser.
5- Comment ceux et celles qui ont considéré D. Trump comme un fasciste inepte pourraient maintenant lui faire confiance pour faire la guerre ?
Probablement que le plus bizarre de ces dernières 24 heures, fut de voir ceux et celles qui ont diffamé D. Trump, le considérant comme un fasciste, un clown rabâcheur ou un sociopathe instable, disent soudainement qu’il est leur homme pour lancer des bombes sur la Syrie. Même si vous étiez quelqu’un-e qui, en théorie, vouliez que les États-Unis attaquent B. al Assad, est-ce que voir D. Trump complètement instable et un monstre incompétent ne devrait pas vous empêcher d’approuver cette guerre de ce commandant en chef ?
Qu’arrive-t-il de toutes les mises en garde à propos de l’énorme incompétence du Président et de son caractère diabolique ? Où sont passées toutes les prédictions disant qu’il allait mener le monde sur le chemin de l’autoritarisme, du fascisme et du nationalisme le plus âpre et le plus étroit ? He ! bien, tous et toutes ont succombé à la fièvre guerrière. (…)
Au cours de sa campagne il s’est clairement engagé à commettre des crimes de guerre, de torturer les détenus-es et d’exécuter les familles des terroristes. En avril 2016, j’ai ainsi résumé l’état d’esprit de D. Trump : « il préfère moins de guerres mais défend plus de monstruosités, plus de liberté pour les Américains-es qui les font, ». d’employer des tactiques de guerre criminelles. Compte-tenu de tout ce que ses critiques ont dit de lui, comment la moindre de ces personnes peut-elle justifier son enthousiasme pour une campagne de bombardement qu’il dirige ? Est-ce qu’ils et elles ne se sentent pas en contradiction avec le fait d’avoir passé des mois à le décrire comme un menteur, un fasciste déloyal et maintenant, en virant capot, lui faire confiance pour bombarder des pays étrangers avec précaution, humanisme et efficacité ?
6- Comme toutes les théories du complot, aucune preuve ne viendra à bout de celle qui prétend que le Kremlin contrôle le Président Trump
Pendant des mois les Démocrates ont fabriqué, comme pour toutes les théories du complot, celle qui dit que V. Poutine exerce son pouvoir sur le Président Trump par le chantage, des dettes et autres formes de pression. On en arrive à penser que le Kremlin a infiltré les institutions du pouvoir américain et contrôle le gouvernement parce que le Président ne veut pas ou est incapable de défier les ordres qui en viendraient. Et le voilà, moins de trois mois après son assermentation en train de bombarder un des plus proches alliés de la Russie dans un pays où elle a passé plus d’une année à se battre pour y préserver le gouvernement.
Est-ce que cela va affaiblir ou effacer la théorie du complot qui dit que le Kremlin contrôle la Maison blanche ? Bien sûr que non. Les théoriciens-nes pervers en matière de complot sont immunisés-es contre les preuves qui mettent à mal leurs croyances et pire ils et elles ont toujours des manières de se servir de ces preuves pour renforcer leurs théories.
Déjà, les plus obsessifs des conspirateurs-trices démocrates se servent du fait que les militaires américains aient avisé la Russie de la venue des bombardements comme une insinuation malveillante que D. Trump est aux services de V. Poutine. Pourtant, jamais ils n’auraient résisté à en faire autant. Si, demain le Président bombardait la Place rouge, les Démocrates, après l’avoir félicité, annonceraient du même souffle qu’il ne l’a fait que pour distraire tout le monde de sa collusion avec V. Poutine.
7- La fraude dans les services humanitaires joue constamment en faveur des élites américaines
Au cours des deux derniers mois, le Président a ordonné un raid d’un commando au Yémen qui a massacré des enfants et des douzaines de personnes innocentes. Il a fait bombarder Mossoul et tué là un nombre indéfini de civils-es. Il a fait bombarder une mosquée près d’Alep et tué des douzaines de fidèles. Au cours de sa campagne électorale, il s’est engagé à assassiner les familles des présumés-es terroristes. Il a fermé la porte du pays aux réfugiés-es syriens-nes et expulsé des gens qui vivaient aux États-Unis depuis leur enfance et n’avaient commis aucun crime.
Avec tout cela, est-ce que les élites américaines peuvent raisonnablement croire que la vue d’enfants syriens, sévèrement blessés ou morts, ait réveillé son humanisme et motivé son bombardement sur la Syrie ? HE ! bien oui et c’est ce qu’elles font. Elles ne veulent cesser de croire, ou que d’autres croient que c’est par amour, pour défendre la liberté et de la démocratie et par soucis d’humanisme que les États-Unis bombardent des pays étrangers à qui mieux mieux et non par agression ou pour dominer.
Le gouvernement américain ne lance pas de guerre, ses militaires n’exécutent pas les ordres par humanisme. Ils le font tous et toutes parce qu’il y a des bénéfices à en tirer. Encore une fois, Federalist 4 nous met en garde : « les nations, en général, ne déclenchent la guerre que quand elles perçoivent quelque chose à en tirer ». Si c’était l’humanisme qui motivaient les États-Unis envers la Syrie, ils auraient ouvert toutes grandes les portes aux réfugiés-es mais ce ne fut pas le cas. Si l’humanisme avait été la motivation pour bombarder la Lybie, les États-Unis auraient contribué massivement, après coup, pour venir à bout de l’anarchie et de la misère, mais ce ne fut pas le cas. C’est parce que l’humanisme n’est qu’un prétexte pour les guerres américaines pas le motif du moment.
Mais croire que les raisons pour lesquelles votre pays bombarde, de loin plus de pays qu’aucun autre, sont uniquement celles qui lui viennent de son attachement et de son amour envers l’humanité et que sa puissance inégalée le lui permet, donne un tel confort psychologique, qu’il efface toute rationalité. Voilà pourquoi, toutes les guerres, même les plus malveillantes et les plus agressives, sont toujours enveloppées de ce voile humanitaire.
8- Le soutient au bombardement de D. Trump sont la démonstration de deux traits de la suffisance toxique américaine : « Faites quelque chose » et « Ayez l’air solide »
Ceux et celles qui s’opposent à l’actuelle campagne de bombardements ou à n’importe quelle autre de la part des États-Unis, sont immédiatement confrontés-es à l’inévitable objection : « nous devons faire quelque chose à propos de la Syrie ». Cette mentalité tient à une terrible fausse et dangereuse prémisse à savoir, que les militaires américains peuvent et doivent résoudre tous les problèmes du monde.
Mais, il arrive que ce ne soit pas le cas. Souvent les bombes américaines exacerbent les souffrances plutôt que de les amoindrir. Pour aussi dérangeant que cela soit, parfois ne rien faire est la meilleure des mauvaises options. Encore une fois, si l’humanisme était le véritable motif pour aider la Syrie, il y aurait beaucoup d’autres choses que les États-Unis puissent faire que de bombarder le pays et tuer les civils-es, comme par exemple, offrir le refuge et distribuer de l’aide humanitaire. L’idée qu’une guerre peut se justifier en se servant de la vague impérative du « faire quelque chose », est tout simplement irrationnelle et immorale.
La prémisse horriblement toxique, longtemps endossée dans l’univers des groupes de réflexion, qu’un Président doit aller en guerre pour assurer sa « crédibilité » (et celle de son pays), est encore plus endossée. Cela veut dire qu’il doit lâcher des bombes et tuer des gens pour montrer au monde que lui et le pays qu’il dirige sont « forts ». Voir cette hideuse prémisse en acte mène à la glorieuse description que le New York Times faisait du Président G.H.W. Bush et de son invasion insensée dans l’article dont il a été fait état précédemment. Il le disait encore hier en rapportant les points de vue des « experts » au sujet de la nécessité pour D. Trump de bombarder la Syrie : « ….le Président Trump prendrait le risque de paraître faible et indécis s’il ne faisait pas quelque chose…. ».
Il y a bien des choses plus mauvaises et immorales que de commencer une guerre en se basant sur la volonté de ne pas avoir l’air faible. Mais il est difficile d’en trouver beaucoup. Malgré tout, cette aspiration à toujours valeur de parole d’Évangile chez les penseurs Américains amoureux de la guerre et dans la communauté liée à la politique étrangère.
9- Le refus de B. Obama de bombarder Assad plane au-dessus de tout
Tout en insistant sur le fait qu’il avait le pouvoir d’utiliser la force armée sans l’autorisation du Congrès, B. Obama à résisté aux pressions des deux partis et n’a pas attaqué B. al Assad. Personnellement, je pense que ce fut la décision la plus habile et la meilleure que le Président Obama ait pris. Il en pense autant, comme le New-York Times d’aujourd’hui le souligne : « Mr. Obama à dit qu’il était très fier de ce moment (où il a pris cette décision), parce qu’il ne s’était pas laissé influencer par les mises en garde des élites de Washington. Très peu de ses plus importants conseillers-ères en politique étrangère étaient d’accord (avec lui) ». De fait, à la fin de sa présidence le gouvernement américain avait cessé d’invoquer la politique de changement de régime (en Syrie).
Ceux et celles qui insistaient pour dire que les États-Unis ont un devoir moral de renverser B. al Assad ou tout au moins de le bombarder, se sont tus quand est venu le temps d’évaluer (l’action) du Président Obama. Si, comme beaucoup le disent, B. al Assad est la figure hitlérienne de notre génération, est-ce que cela signifie qu’Obama est le Neville Chamberlainii de cette génération en refusant d’attaquer B. al Assad ? N’oublions pas que plusieurs ont traité des dirigeants étrangers de « nouveaux Hitler » au cours de leur plaidoyer pour des attaques contre eux. Et est-ce que la décision de D. Trump est plus moralement acceptable que celle de B. Obama ?
Je le répète, je continue à soutenir la décision de B. Obama dans ce débat parce que je n’ai jamais cru que des interventions militaires américaines en Syrie pouvaient y avoir des retombées positives. Ceux et celles qui insistent depuis longtemps pour dire que des interventions militaires américaines contre B. al Assad s’imposent moralement, devraient revenir à ces considérations avant de tirer leurs conclusions quand il s’agit d’évaluer (les actions) de B. Obama et de D. Trump.
10- Évidemment, tout ce qui vient d’être avancé ne réfute pas l’idée que Mme Clinton était aussi un dangereux faucon
Chaque fois que D. Trump lâche une bombe, les commentateurs-trices démocrates, se réfugient derrière ces anonymes qui auraient déclaré que M. Trump est plus opposé à la guerre que Mme Clinton.
Qui donc a soutenu que D. Trump serait plus opposé à la guerre qu’H. Clinton ? Un petit nombre. (…) D. Trump s’est expressément engagé à bombarder plus souvent et plus agressivement comme ont l’a souvent souligné.
Il est sûrement vrai que toute tentative de la part du Président pour déloger B.al Assad violerait ses engagements explicites de campagne. Mais quelles que soient les autres vérités, le bombardement d’hier est un curieux argument pour défendre Mme Clinton. Pendant des années, et encore hier, elle a soutenu les interventions militaires. Elle a même soutenu des interventions bien plus importantes contre la Syrie que celle ordonnée par le Président Trump. Elle a défendu la création d’une zone interdite de vols au-dessus de certaines parties de la Syrie, ce qui constitue une dangereuse prise de pouvoir par des moyens militaires. Encore hier, elle appelait à la destruction des forces aériennes du gouvernement Assad.
Il est vrai que D. Trump s’est engagé à engager les États-Unis dans moins de guerres que Mme Clinton le voulait et pour un bien plus petit nombre de raisons. Il se peut que ce soit du passé. Hier, bien des partisans de D. Trump parmi les plus expressifs, soulignaient leur colère devant les limites de l’attaque contre la Syrie. Mais de choisir une action militaire que Mme Clinton elle-même a approuvée et de l’utiliser pour prétendre qu’elle aurait été moins belliqueuse est à la fois bizarre et déloyal au-delà de l’entendement.
En fin de compte, ce qui est le probablement le plus déprimant dans tout ce qui se passe en ce moment, c’est le manque de choix qu’offre la démocratie américaine. Les directions des deux Partis n’ont pas pu s’empêcher de faire cause commune pour louanger cette dernière guerre. La candidate qui a perdu, a fait campagne pour la lancer alors que le candidat qui a gagné, n’a cessé de s’engager à ne pas le faire. Mais il la lance avant même d’être arrivé à ses 100 jours en poste.
La plus importante continuité dans la vie politique américaine est l’amour de la guerre. Martin Luther King le dénonçait en 1967, en déclarant les États-Unis étient : « Les plus grands pourvoyeurs de violence dans le monde en ce moment ». C’est plus vrai que jamais.
1. Ex conseillère du Président Obama en matière de sécurité. N.d.t.
2.- N. Chamberlain avait rencontré A. Hitler quelques mois avant le début de la 2ième guerre et conclut qu’on pouvait lui faire confiance, qu’il n’allait pas la déclencher. N.d.t.
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