Édition du 8 avril 2025

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États-Unis

Les attaques de Trump contre la liberté d'expression

Quiconque aux États-Unis aime penser qu’il vit dans un pays libre devrait être indigné par le cas de Rumeysa Ozturk. La vidéo de l’étudiante en doctorat de l’université Tufts, arrêtée sur le trottoir près de chez elle dans une banlieue de Boston, est effrayante. On y voit une demi-douzaine d’individus au visage couvert entourer Ozturk, l’attraper, puis l’emmener.

3 avril 2025 | tiré du site d’Human Rights Watch | photo : Des étudiants pro-palestiniens manifestent à l’université de Columbia lors du troisième jour du « Gaza Solidarity Encampment » à New York (États-Unis), le 19 avril 2024. © 2024 Selcuk Acar/Anadolu via Getty Images
https://www.hrw.org/fr/news/2025/04/03/les-attaques-de-trump-contre-la-liberte-dexpression

Le seul « crime » d’Ozturk - la raison apparente pour laquelle des agents fédéraux masqués l’ont enlevée dans la rue - était qu’elle avait écrit quelque chose qui déplaisait au gouvernement. Plus précisément, quelque chose qui déplaisait à l’administration Trump.

Ozturk a co-écrit un article d’opinion dans un journal étudiant. Elle y mettait en évidence des accusations crédibles d’atrocités commises par le gouvernement israélien à Gaza, et faisait référence à des rapports de l’ONU et d’Amnesty International. L’article appelait également l’université de Tufts à « reconnaître le génocide palestinien » et à retirer leurs investissements liés à Israël.

L’article était-il controversé ? Peut-être selon votre opinion sur les allégations crédibles d’atrocités commises par le gouvernement israélien à Gaza. L’article était-il criminel ? C’est évident que non.

Le Département américain de la Sécurité Intérieure (Department of Homeland Security - DHS) affirme qu’Ozturk « s’est engagée dans des activités de soutien au Hamas ». Le mot « Hamas » n’apparaît même pas une seule fois dans l’article qu’elle a co-signé. Encore une fois, il y est question des politiques universitaires, vis-à-vis d’allégations crédibles selon lesquelles le gouvernement israélien commet des atrocités.

Le cas d’Ozturk n’est pas isolé. Il s’agit d’un incident qui s’inscrit dans une politique plus large du gouvernement américain cherchant à arrêter et expulser arbitrairement des étudiants et des universitaires internationaux en représailles à leurs opinions politiques et à leur activisme en faveur de la Palestine.

Ozturk est originaire de Turquie. Elle est aux États-Unis avec un visa étudiant.

Cela ne signifie pas qu’elle perd de quelque manière que ce soit son droit à la liberté d’expression, soit dit en passant. En vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que les États-Unis ont ratifié en 1992, les non-citoyens ont le droit d’avoir des opinions et de les exprimer.

Punir des personnes pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression constitue une violation du droit international des droits humains.

L’administration Trump poursuit sans relâche sa vaste répression contre des étudiants et des universitaires non citoyens qui ont des opinions que le gouvernement n’apprécie pas. Les cas de Mahmoud Khalil et Yunseo Chung ont également attiré l’attention des médias, à juste titre, tout comme celui d’Ozturk, mais ce qui se passe va bien au-delà de quelques individus.

L’administration affirme avoir déjà révoqué des centaines de visas d’étudiants.

Ce qui se passe actuellement aux États-Unis est déjà suffisamment choquant. Mais où cela va-t-il nous mener ? Quelles opinions politiques le gouvernement ciblera-t-il ensuite ? Qui sera le prochain à être enlevé dans la rue par des voyous masqués pour avoir simplement exprimé une opinion qui déplaît au gouvernement ?

Comme le dit John Raphling de HRW : « Les actions de l’administration Trump constituent une attaque contre la liberté d’expression et menacent les fondements mêmes d’une société libre. »

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Andrew Stroehlein

Directeur des relations médias en Europe de Human Rights Watch.

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