Pour le moment, Trump et Cruz ensemble obtiennent 70 % des intentions de votes. Leur discours extrémiste plaît : défendre les « valeurs américaines », lutter contre le terrorisme, protéger les États-Unis et reconstruire l’hégémonie impérialiste américaine. C’est un fait que la base traditionnelle du Parti républicain (éléments réactionnaires de la classe ouvrière, nouveaux riches de la classe moyenne urbaine, petite bourgeoise rurale, libertariens, populistes de droite, religieux de droite), a changé en devenant plus réactionnaire. Elle privilégie les candidats qui se prétendent indépendants des riches donateurs et de l’establishment. Cependant, cette rupture remet en cause l’existence même du parti tel que fondé par Abraham Lincoln en le coinçant trop à droite. Il se pourrait même, dans le cas d’une victoire de Trump ou de Cruz, qu’une partie de l’électorat républicain vote pour les Démocrates, surtout si c’est Hillary Clinton qui est la candidate.
Pour empêcher cette éventualité, le Comité national du parti tente de reconfigurer la convention prévue à la fin juillet à Cleveland. Les 750 « super délégués » (l’establishment du parti), qui ont un poids très important, pourraient être « libérés » de l’obligation de voter pour les candidats qui auraient remporté les primaires et permettre à Rubio de se faufiler.
Si un tel scénario se matérialise cependant, il est possible que Trump forme un tiers parti. On avait vu une situation similaire dans les années 1990, alors qu’un conservateur radical, Ross Perrot, mécontent du Parti Républicain, s’était présenté aux élections présidentielles comme candidat indépendant. Le vote républicain s’était alors divisé (Perrot avait obtenu l’appui de 19 % des électeurs), ce qui avait permis au démocrate Bill Clinton de l’emporter contre le républicain George Bush.