Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Les États généraux pour la souveraineté, pour permettre au peuple québécois de prendre la parole sur le pays qu'il veut construire !

Le 4 mars dernier, après plusieurs mois employés à en définir les contours, les États généraux sur la souveraineté étaient lancés à Montréal. Cette conférence de presse a été une occasion de présenter la Commission des États généraux. Cette dernière comprend une majorité de femmes. Comme le soulignait Mme Tania Kontoyanni, sa porte-parole, c’est déjà un gage pour une meilleure démocratie. La commission par sa diversité veut réfléter la diversité du Québec.

Ces États généraux permettront d’en finir avec la thèse honteuse défendue par les fédéralistes qui prétendent que la question de l’indépendance du Québec n’est plus à l’ordre du jour. Il est plus que jamais temps, en cette période de crise économique, de faire le bilan de la situation collective du peuple du Québec, de définir, à l’heure de la mondialisation, les grandes lignes de notre avenir socio-économique et de notre avenir politique comme peuple.

En prétendant que la question de notre avenir politique n’est pas à l’ordre du jour, les Charest, Legault et cie veulent masquer leur propre impasse, soit l’impossible réforme du fédéralisme canadien qui manifeste un mépris total pour les droits et la culture du peuple québécois. Tenir des États généraux sur la souveraineté du Québec, c’est défier leur immobilisme, leur mépris et se mettre en mouvement, collectivement.

S’engager dans la démarche des États généraux, c’est vouloir, ici et maintenant, parler de notre avenir, de notre volonté comme peuple de se prendre en main. C’est refaire une priorité de notre aspiration à s’émanciper de notre statut de minorité politique. C’est mettre de l’avant notre volonté de libération nationale qui transcende les questions d’intendance.

Des États généraux pour esquisser les conditions de la reprise en main de notre destinée.

Le plan Nord, ce plan de bradage des ressources minières et énergétiques au profit des entreprises privées étrangères, a soulevé les plus grandes inquiétudes. C’est un plan qui vise à renforcer nono sujétion nationale. Affirmer notre volonté d ’indépendance, c’est réaffirmer la nécessité du contrôle de nos ressources et de nos choix économiques collectifs. Les choix de notre développement futur doivent être discutés collectivement. Ces choix doivent nous appartenir. Et pour cela nous devons réaliser notre indépendance nationale.

Affirmer notre volonté d’indépendance, c’est refuser des institutions qui briment les droits démocratiques de la majorité. C’est affirmer notre volonté et notre pouvoir de redéfinir les institutions qui encadre notre vie démocratique. Le mode de scrutin uninominal conduit à des résultats aberrants et entrave l’expression des différentes sensibilités politiques qui existent au Québec. Les États généraux sur la souveraineté permettront d’ouvrir un ensemble de débats démocratiques, y compris celui du dépassement de l’inégalité de genre dans nos institutions économiques et politiques.

Donner le temps à la prise de parole du plus grand nombre... dans une véritable démarche citoyenne

La Commission des États généraux nous promet qu’un document de discussion sera soumis au débat public dans quelques semaines. Les États généraux doivent, en effet, permettre d’ouvrir et d’élargir la discussion et d’offrir un champ à la confrontation des analyses et des perspectives en stimulant la participation du plus grand nombre. Mais, pour cela, les commissaires doivent se donner le temps d’écouter, de questionner, d’animer et de permettre aux citoyennes et aux citoyens de tracer les synthèses pour demain. Un tel travail ne pourra être réalisé en quelques semaines. Les étapes qui sont esquissées dans le plan d’action seront sans doute les toutes premières d’un processus qui méritera plus de temps pour un déploiement véritable.

Car, ce sont de nombreuses régions du Québec qui sont déjà invitées à s’inscrire dans le processus. Les États généraux espèrent que les organisations économiques, sociales, culturelles et politiques et l’ensemble des citoyens et des citoyennes fassent des États généraux un vaste exercice de démocratie participative... Les États généraux sont ceux d’une société plus que jamais outillée, avec l’existence de nouveaux médias sociaux , pour permettre aux citoyen-ne-s et aux organisations d’apporter leur contribution à ce qui pourrait devenir un vaste débat collectif débouchant sur des propositions pour le Québec indépendant dans lequel nous voulons vivre.

Les questions stratégiques sont inévitables, mais elles ne sont pas premières...

Les États généraux sur la souveraineté du Québec veulent d’abord refonder la nécessité de l’indépendance du Québec et esquisser les transformations de la société actuelle qu’elle impliquerait. Voilà ses objectifs essentiels.

Mais, il est certain que les questions stratégiques ne pourront être esquivées. Comment enraciner la perspective indépendantiste et en faire une perspective majoritaire chez les Québécoises et les Québécois ? Quelles sont les formes de mobilisations qui permettront de construire l’unité suffisamment déterminée pour imposer notre volonté de rompre avec l’État fédéral ?

Les États généraux, un appel aux citoyens et citoyennes du Québec

Le lancement de ces États généraux sont un appel aux citoyennes et citoyens du Québec à prendre la parole et à participer activement à ses travaux. Le défi à relever est considérable si on ne veut pas que ces États généraux ne restent qu’une initiative éphémère, minoritaire et peu visible.

Mais les États généraux peuvent et doivent être une occasion de réflexion collective, seule capable de surmonter les sentiments d’impuissance que les forces de statu quo cherchent à chaque moment à instiller à l’encontre de notre volonté de nous prendre en mains et de nous donner un pays.

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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