Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

Le viol punitif : Violence envers les lesbiennes

Le féminisme doit s’attaquer à la misogynie inhérente à la violence anti-lesbienne

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/09/15/le-viol-punitif-violence-envers-les-lesbiennes/

Chaque nouvelle journée amène d’autres menaces violentes proférées par des hommes à l’encontre de lesbiennes. Une féministe du sud-est du Brésil m’a informée qu’une parlementaire (que j’appellerai Lorena, un pseudonyme) avait reçu des menaces de viol punitif (parfois décrit de manière inappropriée comme un « viol correctif »).

Un homme, qui prétendait avoir l’adresse de Lorena, lui a envoyé un message via les médias sociaux dont le sujet était « Le viol guérit les lesbiennes et je peux le prouver ».

L’homme a affirmé que la thérapie du « viol correctif » pouvait « guérir le lesbianisme » et que « ce n’est pas une question de violence ».

Lorena est la première femme élue dans la région et une féministe. Par conséquent, il y aura un lourd prix à payer lorsqu’elle arrivera à identifier l’auteur de cette agression.

Les menaces de viols punitifs sont monnaie courante, tout comme le crime lui-même.

En 2009, Eudy Simelane, ancienne star de l’équipe nationale de football féminin d’Afrique du Sud, a été violée et assassinée dans sa ville natale de KwaThema, dans la région du Gauteng. Lesbienne déclarée et fière de l’être dans la vie, elle a été réduite à un cadavre ensanglanté et brutalisé, jeté dans le ruisseau d’un parc de la banlieue de Johannesburg. Simelane avait été violée à plusieurs reprises par un certain nombre d’hommes, violemment battue et poignardée à plusieurs reprises. Elle a été victime d’un « viol correctif » commis par des hommes qui utilisent l’excuse qu’ils essaient de « guérir » les lesbiennes pour qu’elles deviennent hétérosexuelles. Les militantes lesbiennes d’Afrique du Sud me disent que ces crimes restent largement non reconnus et totalement impunis, et elles continuent à réclamer que la police réagisse avec des mesures concrètes et que les victimes, si elles survivent, bénéficient d’un soutien.

Cela vous rappelle quelque chose ? Bien que le Royaume-Uni soit très en avance sur d’autres pays en ce qui concerne le traitement des viols et des agressions sexuelles, il existe de nombreux parallèles entre le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud. Par exemple, en Angleterre et au Pays de Galles, le taux de condamnation pour viol est actuellement d’environ 1% de tous les cas signalés à la police, soit le taux le plus bas depuis des décennies. Des viols punitifs ont lieu au Royaume-Uni, aux États-Unis et ailleurs, soit partout où des hommes violents en veulent aux femmes qui les rejettent.

Les viols punitifs, comme je préfère appeler ce phénomène, se produisent partout et touchent toutes les catégories de femmes. Il y a vingt ans ce mois-ci, Sakia Gunn, une lesbienne de 15 ans, a été violée et assassinée aux États-Unis après avoir dit à ses agresseurs qu’elle ne voulait pas avoir de relations sexuelles avec eux parce qu’elle était lesbienne. Une porte-parole d’un programme féministe de lutte contre la violence à New York a déclaré à l’époque : «  Il l’a tuée en partie parce qu’elle était lesbienne, mais aussi parce qu’elle rejetait ses avances sexuelles. »

Gunn n’est qu’une des nombreuses jeunes femmes qui ont été violées par des hommes pour les punir d’avoir transgressé un modèle de femme soumise. C’est ce que les hommes font aux femmes pour nous maintenir à notre place, que nous soyons lesbiennes ou que nous nous comportions d’une manière qui dérange les hommes et bouleverse le statu quo. Lorsque j’avais 17 ans et que je venais de faire mon coming-out en tant que lesbienne, le père et le fils qui possédaient le pub dans lequel je travaillais ont essayé de me violer, en me criant qu’ils allaient me « montrer ce que sont de vrais hommes ». Dans mon groupe de libération des femmes, nous avons étudié la misogynie inhérente à la pornographie et découvert un genre entier consacré à la punition des lesbiennes. Lorsque les hommes nous disent que nous avons besoin d’une « bonne baise » – un oxymore si j’en ai jamais entendu un – ils nous font clairement comprendre que si nous transgressons leur contrôle, ils utiliseront la violence sexuelle pour nous ramener à l’ordre.

Le viol en tant que punition existe dans toutes les cultures, mais il nous arrive parce que nous sommes des femmes, quelle que soit notre sexualité. C’est pourquoi le mouvement féministe international est la réponse, et pourtant de moins en moins de lesbiennes du Royaume-Uni s’impliquent dans des campagnes féministes.

Les professionnels des droits de l’homme appellent cette pratique un viol correctif ; moi, j’appelle cela de la misogynie. Que les femmes et les jeunes filles défient l’autorité masculine en devenant lesbiennes, en se mariant en dehors de leur culture, en couchant à droite et à gauche, en étant célibataires, en résistant à la violence masculine, en ne s’habillant pas de façon à plaire aux hommes, en s’habillant comme des « salopes », en mettant fin à une relation ou en refusant simplement de capituler devant la misogynie tyrannique qui caractérise tant de relations hétérosexuelles, n’a rien à voir avec la question. Le viol est le viol est le viol.

Les hommes utiliseront toujours le viol comme une punition tant qu’ils savent qu’ils peuvent s’en tirer impunément. Le féminisme est le seul moyen efficace de lutter contre la violence masculine. Les jeunes femmes qui peuvent vivre relativement en sécurité et heureuses en tant que lesbiennes déclarées et fières de l’être peuvent remercier le mouvement de libération des femmes actif depuis six décennies. Revenons à un féminisme robuste qui s’attaque à la misogynie et cherche à mettre fin à la violence masculine sous toutes ses formes. Les lesbiennes sont une menace pour l’ordre patriarcal. Montrons aux garçons que nous le pensons vraiment.

Julie Bindel, le 12 septembre, sur son site Substack
Julie Bindel est écrivaine, journaliste et lesbienne féministe. Son plus récent ouvrage a pour titre Feminism for Women.

https://tradfem.wordpress.com/2023/09/12/le-viol-punitif-violence-envers-les-lesbiennes/
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