Un mot s’impose de plus en plus pour qualifier certaines interventions de Sonia Lebel, François Legault et Christian Dubé dans la présente ronde de négociation des secteurs public et parapublic : mensonge. C’est toujours le même pourcentage mystificateur qui sort à répétition de la bouche de ces trois personnes qui se préparent possiblement à faire voter une loi spéciale décrétant les conditions de travail des 550 000 salariéEs syndiquéEs des services publics. Selon ces ministres, l’offre salariale du gouvernement caquiste aux employéEs syndiquéEs des services publics correspond à « 8% » (sic) d’augmentation salariale pour trois ans (de mars 2020 à mars 2023). Depuis hier, il y a un quatrième membre du Conseil des ministres qui reprend à son compte cette donnée trompeuse et mensongère : Éric Caire.
Lors de la période de questions à l’Assemblée nationale du 26 mai 2021 il y a eu un échange entre le député du comté de Rosemont Vincent Marissal et le vice-président du Conseil du trésor, Éric Caire. Voici un extrait de cet échange :
M. Marissal : […] Le premier ministre a dit hier : On n’est pas rendus à une loi spéciale. Très bien, mais il ne faut pas y aller. Il ne faut surtout pas se rendre là, ça serait le pire message à envoyer dans les services publics.
Alors, est-ce que le gouvernement peut aujourd’hui renoncer à la voie d’une loi spéciale ?
Le Président : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : M. le Président, on offre — et ça a été rendu public — 8 % sur trois ans plus des ajustements en fonction de la croissance économique du Québec.
Faux. Ce qui est offert correspond plutôt à ceci : 5% d’augmentation salariale paramétrique sur trois ans (1,75% pour 2020-2021, 1,75% pour 2021-2022 et 1,5% pour 2022-2023) plus 1% si l’inflation atteint 6% durant ces trois années et si la croissance économique prévue par le gouvernement – hausses du PIB réel de 4,2 % en 2021, 4 % en 2022 et 2 % en 2023 – est au rendez-vous. Il y a également deux montants forfaitaires dans la plus récente offre du gouvernement Legault à ses employéEs syndiquéEs (offre du 31 mars 2021). Il est à préciser que ces montants ne sont pas récurrents et ne seront jamais intégrés à l’échelle salariale. Il s’agit tout au plus d’une somme d’argent déterminée de manière arbitraire qui sera payée en deux blocs.
Question : À quoi correspond un montant forfaitaire ?
Réponse : à un ver dans une pomme.
Morale de cette chronique : un ver, dans une pomme, ne donne en aucun cas 2 fruits. Autrement dit, le même mensonge répété par quatre voix différentes ne donnera jamais une vérité !
Yvan Perrier
27 mai 2021
Midi 15
yvan_perrier@hotmail.com
Dernière heure
Au moment où nous terminons la rédaction du présent texte nous recevons le communiqué suivant de la FSE-CSQ :
« Déclarations au point de presse du premier ministre
« Non M. Legault, la FSE-CSQ n’a pas de règlement sur les salaires »
– Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ
Québec, le 27 mai 2021. – Réagissant aux propos tenus par le premier ministre Legault en point de presse ce matin, la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) a tenu à rectifier immédiatement les faits erronés qui y ont été avancés selon lesquels la FSE-CSQ aurait un règlement à la fois sur les conditions de travail et sur les conditions salariales pour les enseignantes et enseignants qu’elle représente.
« C’est complètement faux ! Oui nous avons un règlement sur les conditions de travail, appelé règlement sectoriel, mais tout comme la vaste majorité des organisations syndicales, la FSE‑CSQ n’a pas accepté les offres salariales globales qui sont toujours en négociation avec la CSQ et les autres organisations syndicales. Est-ce qu’on aurait mal informé le premier ministre ? Est-ce qu’il connait mal les structures de négociation qui existent, ou est-ce que, à l’image des publicités gouvernementales mensongères, on nous présente maintenant des faits alternatifs ? », s’est questionnée Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ, tout en demandant que ces informations soient corrigées le plus rapidement possible.
La FSE-CSQ a précisé qu’elle négocie en cartel avec l’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ-QPAT), qui représente les enseignantes et enseignants anglophones du Québec, et que cette dernière a également un règlement sectoriel, mais toujours pas de règlement sur les salaires. D’autre part, il n’y a toujours pas de progrès significatifs aux tables de négociation pour les conditions de travail des enseignantes et enseignants du Nord-du-Québec, représentés par l’Association des employés du Nord québécois (AENQ-CSQ). »
« Mentir » et « faire croire », il s’agit là de deux outils de communication souvent utilisés par le personnel politique dirigeant. Il faut lire ou relire Le prince de Machiavel à ce sujet.
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