« Le gouvernement parle des deux côtés de la bouche. Il ne peut pas, d’une part répéter qu’il veut majorer la rémunération pour combler des quarts avec des offres différenciées, et en même temps cesser des primes sur lesquelles les professionnelles en soins comptent pour faire l’épicerie. Un moment donné, y’a des limites à dire une chose et son contraire », explique Jérôme Rousseau, vice-président et co-responsable de la négociation.
Les professionnelles en soins touchées perdront jusqu’à 7,5 % sur le quart de soir, 6 % sur le quart de nuit ainsi que 3,5 % pour les salariées travaillant sur le quart de jour. Ces primes de rétention ont été mises en place pendant la crise sanitaire. La Fédération demande qu’elles demeurent en place jusqu’au renouvellement de la convention collective et l’entrée en vigueur des nouvelles compensations négociées pour les quarts défavorables.
Un faux débat
La FIQ profite de l’occasion pour préciser qu’elle n’est pas contre une rémunération ajustée en fonction de certaines contraintes plus exigeantes. Toutefois, la FIQ est contre l’idée que l’état choisisse arbitrairement, presque individuellement, et quart par quart, à qui les primes vont s’appliquer. Les conditions dans le réseau sont telles que pratiquement tous les quarts de travail méritent une prime. Par exemple, la Fédération demande que le salaire lié aux fins de semaine soit augmenté de 50 %.
« Des primes de soir et de nuit pour certaines unités plus difficiles, il y en a abondamment dans le réseau de la santé. Tout le monde le sait. C’est comme ça depuis des années. Mais ce qui serait inacceptable, et que le gouvernement veut faire, c’est accorder des privilèges à certaines professions, mais pas à d’autres, donner une prime à elle, mais pas à elle, à partir de critères flous. Ça, on s’y oppose farouchement et ça ne passera pas », ajoute Nathalie Levesque, vice-présidente et co-responsable de la négociation.
Un sauve-qui-peut généralisé
La FIQ tient à rappeler qu’il n’y a jamais eu autant, notamment, d’infirmières au Québec. Ce que l’on vit dans le réseau public de la santé, ce n’est pas une pénurie de
main-d’œuvre, c’est un sauve-qui-peut créé par des conditions de travail déplorables, et particulièrement une charge de travail déraisonnable.
« En coupant des primes, le gouvernement continue de dégrader les conditions de travail des professionnelles en soins. On dirait qu’il ne comprend pas la source du problème actuel. Cessons de traiter les professionnelles en soins comme des pions interchangeables qui n’ont pas de vie et traitons-les comme des partenaires qui détiennent une part essentielle des solutions. Ce sera la seule façon de sortir du cercle vicieux dans lequel on s’enfonce depuis des décennies », concluent les co-responsables de la négociation.
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