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États-Unis

Le dossier accablant de la « sanguinaire » Gina Haspel sur la torture à la CIA

Le lundi le 12 mars 2018, le Président Donald Trump a remercié le Secrétaire d’État, Rex Tillerson, par un simple « Tweet ». Sans tenir compte des performances des employés.es de l’administration, il en a remercié, expulsé ou simplement laissé tomber (un nombre spectaculaire). Il travaille à imprimer une marque indélébile sur le gouvernement fédéral. Il a nommé un nombre sans précédents de juges conservateurs.trices dans des postes à vie.

Amy Goodman et Denis Moynihan, Blogue sur Democracynow.org - 15 mars 2018
Traduction : Alexandra Cyr

Il a sabré des règles obtenues de haute lutte et mis la hache dans des programmes sociaux vitaux. En annonçant le renvoie de R. Tillerson, il a aussi annoncé deux nominations, soit : M. Pompeo, directeur de la CIA qui devient Secrétaire d’État et l’assistante-directrice de la CIA, Gina Haspel le remplacera à la tête de l’Agence. Elle y travaille depuis des décennies et elle a surtout participé à des opérations secrètes, dont deux éléments sont de notoriété publique. Elle a dirigé une prison secrète où des gens ont été brutalement torturés et elle a ensuite aidé à ce que ces activités ne soient pas dévoilées en détruisant des vidéos, s’opposait ainsi à des directives présidentielles. Ce seul élément devrait l’empêcher de recevoir la confirmation à ce poste par le Sénat.

En novembre 2015 durant sa campagne électorale en Ohio, D. Trump a déclaré tout en se vantant : « Est-ce que j’approuverais les simulations de noyades (waterboarding) ? Vous pouvez compter là-dessus. Je le ferais en un clin d’œil ». Il a répété cet engagement tout au long de sa campagne et continué depuis qu’il est Président. Il a suggéré une flopée d’autres méthodes à utiliser dont l’exécution d’un membre de la famille des détenus durant les interrogatoires pour les inciter à parler. Si la nomination de G. Haspel devient effective, il aura sous la main une personne qui a déjà de l’expérience de la torture, issue du programme notoire de l’administration de G.W. Bush.

C’est en 2002 que G. Haspel a dirigé un centre de torture en Thaïlande où on amenait les suspects d’Al Qaïda pour leurs interrogatoires. Le plus connu demeure Abu Zoubayda qui a été soumis à une série de techniques de torture horribles. Toutes avaient été autorisées par mémos préparés par les avocats de l’administration Bush-Cheney. On y parle de simulation de noyade, de confinement dans des boites durant de longues périodes, des humiliations, d’alimentation forcée par le rectum et bien d’autres procédures douloureuses. En 2005, alors qu’elle était chef de cabinet du directeur du Centre du contre terrorisme de la CIA, M. Jose A. Rodriguez Jr, et ce, malgré un ordre contraire de la Maison Blanche, elle a émis un mémo ordonnant la destruction de 92 vidéos sur lesquelles ces séances de tortures étaient enregistrées.

Pour avoir alerté l’opinion sur le programme de torture de l’ère Bush, M. John Kiriakou, employé de la CIA depuis plus de 14 ans, a subi une sentence d’emprisonnement de deux ans. À ce jour, il est le seul fonctionnaire américain qui ait été condamné en lien avec ce programme de torture. Sur les ondes de Democracy Now ! il a déclaré : « Nous l’appelions Gina la sanguinaire. Elle était toujours très pressée et très en accord avec l’usage de la torture. Quand je travaillais au Centre de contreterrorisme de la CIA, il y avait un groupe d’officiers.ères qui se plaisaient à utiliser la force. Nous savions tous et toutes que la torture ne donne rien. Est-ce que c’était moral, éthique, légal ? Bien sûr que non. Mais, Gina et les gens comme elle, le faisait par plaisir, je pense. C’était la torture pour la torture, pas pour obtenir des informations ».

Après l’élection du Président Obama, le programme a été démantelé, mais tous ceux et celles qui l’autorisaient, le supervisaient et les tortionnaires eux-mêmes ont échappé aux poursuites. En 2009, M. Obama a déclaré : « Nous devons maintenant aller de l’avant ; ne pas regarder en arrière ».

Comme nous l’a déclaré l’avocat des droits humains Wolfgang Kaleck sur à Democracy Now ! « C’est ici que les Européens.nes entrent en scène ». Il est aussi le fondateur du Centre européen pour des droits humains constitutionnels. L’an dernier, il a demandé aux procureurs allemands d’émettre un mandat d’arrêt à l’encontre de Gina Haspel pour son rôle dans le programme de torture. Il explique qu’il « faut débusquer la torture partout dans le monde. Nous avons en Europe, un nombre important de lois que nous utilisons depuis 15 ans pour porter plainte contre les tortionnaires américains.es dans beaucoup de juridictions. Notre travail de réseaux légaux démontre qu’ils et elles ne sont plus intouchables. Gare à leurs intentions de voyager ».

Déjà, le Sénateur républicain Rand Paul a annoncé son opposition à cette nomination. Le Sénateur John McCain, torturé au Vietnam, a qualifié le programme de torture du Président Bush « d’un des chapitres les plus noirs de l’histoire américaine ». Tout le Sénat devrait fermer ce chapitre et s’opposer à la confirmation de G. Haspel à la tête de la CIA.

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