Les techniques de PdB : glissements de sens et manipulations
" L’équipe de PdB est composée de citoyens et citoyennes qui cherchent à exprimer leur attachement aux droits de la personne et à la liberté d’expression. ", peut-on lire sur la page de présentation du site. Pourtant, PdB a une étrange conception des droits humains qui consiste à ne voir qu’un seul péril, qu’un seul combat à mener pour la liberté : " s’attaquer à l’islamisme ". Et insidieusement, en jouant de confusions de termes, d’images ou de symboles, ils produisent constamment des glissements de sens et amalgament, du même coup, l’islam et l’islamisme.
Composé de milliers d’articles et de brèves écrites en seulement 2 années d’existence, PdB s’avère n’être que le relais d’idéologues qui veulent nous convaincre que le monde est constitué de deux grands blocs antagonistes : les démocraties occidentales, irréprochables, et le monde arabo-musulman, barbare et terroriste. Sur ce site, on retrouve tous les grands noms de la droite néoconservatrice américaine, de l’extrémisme sioniste et de l’extrême-droite identitaire européenne et québécoise : Samuel Huntington, Daniel Pipes, Geert Wilders, Jean Renaud, Maurice G. Dantec, Bat Yeor, etc. Leur conception du monde est manichéenne : un combat fantasmé entre la civilisation occidentale et le fanatisme islamiste. Pour eux, une femme qui porte un voile ou une Burqa au Québec n’est qu’un pion de cette vaste offensive, au même titre qu’un kamikaze qui se fait sauter avec une ceinture d’explosifs en Iraq.
Une autre stratégie de communication de PdB consiste à citer ou inviter des personnes issues de minorités persécutées dans certains pays à majorité musulmane, présentées comme des dissidents, pour les faire témoigner des horreurs commises au nom de l’islam dans leur pays. Salim Mansur, Hélios d’Alexandrie de postedeveille.ca, ou Wafa Sultan, loin de nous faire saisir la complexité du monde arabe, tombent eux-aussi dans le binarisme et l’islamophobie.
Parasitage du débat sur la laïcité
Alors que le Québec amorce une saine réflexion sur des enjeux de laïcité, Marc Lebuis et Point de Bascule exacerbent une fibre nationaliste (et non pas souverainiste). Ils parasitent le débat sur la laïcité et le conduisent vers une crispation identitaire, un refus de l’altérité qui n’est rien d’autre qu’un racisme renouvelé.
PDB cite régulièrement certains laïcs québécois (comme Djemila Benhabib ou Lise Ravary de Riposte Laïque) pour nous convaincre que le problème de fond dans le débat sur les accommodements raisonnables est spécifique à la communauté musulmane. Dans ce débat, PdB adhère à l’idée d’une hiérarchisation des religions : la présence des religions judéo- chrétiennes serait acceptable dans l’espace public, tandis que l’islam serait totalement incompatible avec la modernité du Québec. Cet argument typiquement colonial et ethnocentriste, que véhicule le projet de la laïcité prétendument ouverte promue par les " laïcs identitaires " de PdB, conduit à la stigmatisation des populations arabo-musulmanes dans leur ensemble.
Il est particulièrement inquiétant de voir que Marc Lebuis puisse s’adresser à toutes les tribunes (Radio-Canada, LCN, VTélé, 98.5 fm, Le Devoir, Le journal de Montréal, etc.) en passant pour un expert neutre et objectif des droits de la personne ou même de l’islam. Loin de nous l’idée de leur interdire la participation à un débat public, mais il nous semble nécessaire et urgent que les choses soient posées clairement et que les caractères néoconservateur, identitaire, raciste et islamophobe de sites comme Point de Bascule, Bivouac-Id ou Poste de Veille (qui fonctionnent largement en réseau) soient connus de tous et de toutes afin de bien comprendre les enjeux du débat sur la laïcité et les positions idéologiques des différents intervenants dans ce débat de société.
Le Québec a une chance historique d’instaurer une laïcité qui soit garante de la participation citoyenne de tous et de toutes ou bien il risque de s’enfoncer dans un repli identitaire et des communautarismes narcissiques. Et ce n’est pas la peur de l’Autre qui doit nous guider mais bien la force d’un projet de société inclusif.
Cet article est illustré de 3 photos tirées du site Point de Bascule : brève 1067, brève 1002 et article 471. La première photo est un trucage et la troisième a été récemment supprimée du site mais est toujours accessible par le cache images de google.
Hormis Marc Lebuis, tous les membres de l’équipe éditoriale (auteurs, traducteurs, participants habituels aux forums, etc.) se cachent sous des pseudonymes.
http://pointdebasculecanada.ca/rubrique/8-a-propos-de.php.
" L’islamisme c’est l’islam en action ", propos de Jugurten Boubouktit, article 737 de PdB.
Wafa Sultan a, par exemple, déclaré que " Mohammed était un violeur d’enfants ", article de Tarek Fatah, National Post, 12 mars 2010.
" Le problème central, c’est la montée de l’islam politique, et non les signes religieux " par Marc Lebuis, le Devoir, 15 février 2010.
Par Stéphane NICOLAS, M.A. Informatique, enseignant, athée et anticlérical. Par Valérie MARTEL, M.A. Sociologie et athée.