Édition du 25 mars 2025

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Le Monde

Le circuit du coton

L’histoire du coton est intimement liée à l’histoire du capitalisme occidental. Élément majeur de l’Empire britannique, cette culture a tissé, efficacement et sans pitié, les structures de l’économie mondialisée d’aujourd’hui. Le T-shirt que nous achetons dans notre magasin préféré peut paraître bien loin du passé sanglant d’une culture, synonyme au 19e siècle de l’esclavage et des ateliers de misère.

Meta Krese, In These Times, 20 mars 2017
Traduction : Alexandra Cyr

Quand on en suit la chaine mondialisée en passant par les cultivateurs, les travailleurs-euses, les négociants-es et les propriétaires des filatures, il est de plus en plus clair que le capitalisme s’est développé tout près de ces origines sanglantes.

Le coton est une culture souple. Il pousse n’importe où la pluie est abondante et que la température demeure au-dessus du niveau de gel au moins 200 jours par an. Les recherches archéologiques nous indiquent que les humains l’ont cultivé depuis des millénaires en Afrique, en Inde, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Dès le 7e siècle avant Jésus-Christ, Hérodote décrit l’armée de Xerxès Premier de Perse portant des vêtements d’une beauté exceptionnelle « faits d’une laine qui pousse dans les arbres ».

L’Europe s’y est mise beaucoup plus tard ; elle comptait sur le lin, la soie et la laine tout au long de la Renaissance. Quand la Compagnie anglaise des Indes a importé le coloré calicot bon marché et le chintz en Angleterre au cours de la seconde moitié du 17e siècle, ce fut un choc. Les Européens-nes appréciaient que les couleurs ne s’estompent pas au premier lavage.

Pour écraser cette nouvelle compétition, les producteurs de textiles européens ont utilisé tous les moyens à leur disposition. La France a interdit complètement le coton en 1686. L’Angleterre a adopté une interdiction partielle sur le coton indien en 1701 et l’a renforcée en 1721. L’Espagne, la Prusse et d’autres pays ont suivi ce modèle et ont introduit diverses contraintes.

Malgré tout, les gens d’affaires y ont vu une possibilité de profit et ont démarré une industrie cotonnière européenne basée sur le colonialisme et l’esclavage. Les coûts minimes du coton de l’Amérique du nord, récolté par les esclaves, a permis aux Britanniques de le vendre meilleur marché que celui de l’Inde. Selon l’historien Gene Datell, la Grande-Bretagne importait 1,2 milliards de livres de coton de l’Amérique du Nord chaque année vers 1860. On y comptait presque un million de travailleurs-euses dans les usines de préparation du coton, de tissage et de fabrication de vêtements de coton, ce qui représentait jusqu’à 40 % des exportations nationales.

Dans Cotton and Race in the Making of America, l’auteur, G. Dattel écrit : « Le coton était l’unique facteur important contribuant au pouvoir économique de la Grande-Bretagne. Il s’est situé au sommet de l’empire mondial ». Le coton est devenu le tremplin de la révolution industrielle et d’une économie mondiale qui favorisait l’accumulation illimitée du capital. Aujourd’hui, la culture du coton occupe environ 2,5 % des terres arables dans le monde. Cette industrie est la première source de revenu pour des centaines de millions de fermiers-ères et de travailleurs-euses dans les usines, mais ces revenus sont maigres. Les travailleurs-euses du coton sont de perpétuels-les perdants-es dans une course mondiale sans fin. Les compagnies multinationales du secteur des vêtements cherchent les milieux de traitement des textiles les moins chers. Les usines, dans ce contexte, achètent le coton au plus bas prix possible. Toute dépense excédentaire, dont des salaires plus élevés, peut pousser les entrepreneurs à s’envoler vers des usines encore moins dispendieuses, laissant parfois des économies nationales en totale déshérence.

In These Times a suivi le cycle du coton depuis les champs du Burkina Faso, aux manufactures du Bangladesh jusqu’aux magasins slovènes. Tout au long de ce projet, nous avons discuté avec les travailleurs-euses qui fabriquent les T-shirts, les jeans et les innombrables autres pièces de vêtements que nous portons tous les jours. Nous avons voulu comprendre les coûts réels du coton.

Boromo, Burkina Faso, décembre 2015

Paul Timbi Kobassare me demande si je connais l’existence d’une machine qui peut récolter le coton. Il fait chaud en cette matinée de décembre. Une douzaine des membres de sa famille récolte les capsules de coton dans un de ses champs d’environ deux acres. Il leur faudra une autre journée de travail pour récolter une tonne de coton brut. Par la suite, P.T. Kobassare apportera ce coton chez-lui dans des casiers portés par une mule. Quelques semaines plus tard, jour du marché, il le transportera au centre de collecte dans un endroit ouvert, aux limites du village. Chaque cultivateur organise son propre tas de coton et ils s’entraident pour presser leurs récoltes en énormes ballots serrés qui seront pesés. Quand leur production de l’année sera pesée, ensemble, ils la mettront en ballots et attendront les camions qui les transporteront à l’une ou l’autre des 16 usines d’égrenage de la Société burkinabé des fibres textiles, Sofitex, la plus grande compagnie dédiée au coton au Burkina Faso. Là, les ouvriers-ères vont donc extraire les graines, presser les fibres en ballots et les expédier vers des ports béninois, ghanéens, de la Côte d’Ivoire ou du Togo. La plus grande partie de ces récoltes traitées sera ensuite expédiée à des filatures en Asie.

Le Burkina Faso est le plus grand producteur et exportateur de coton de tous les pays africains. L’industrie profite de l’appui du gouvernement sous forme de prêts et d’assistance technique. L’État garantit aussi des prix saisonniers aux cultivateurs. 200,000 petites fermes produisent 700,000 tonnes de coton annuellement et 4 millions de personnes dépendent de cette culture, directement ou indirectement, soit le cinquième de la population burkinabée.
M. Kobassare cultive environ 5 acres de coton, à peu près la moyenne des fermes (de ce type) dans le pays. En 2015, il calcule que ses profits se chiffreront à un peu plus de 1$ par jour. En plus de sa terre à coton, il possède 2 vaches, 6 moutons, 10 cochons et environ 5 acres de maïs, de millet et d’arachides qu’il consacre à la consommation de sa famille. Le coton est sa seule récolte commerciale.

Sa seule autre possibilité de revenu réside dans les mines d’or. On compte environ 800 petites équipes de mineurs artisanaux à travers tout le pays. Comme les autres mineurs indépendants du Burkina Faso, M. Kobassare devrait aller d’une mine à l’autre dans l’espoir d’y trouver de l’or. Il devrait peut-être aussi traverser la frontière pour se rendre dans les pays voisins. Il devrait travailler d’une étoile à l’autre, 7 jours par semaine. Il ne verrait sa famille que rarement : « Dans les mines d’or, on dépend de la chance. Peut-être que je gagnerais 4 ou 5 $ par jour. Mais le coton me garantit 1 $ par jour ».
La Sofitex garantit aux fermiers un prix d’achat de la récolte, et ce, avant les semences ; en 2015, c’était 0,36 cents (le kilo). En plus, les syndicats de producteurs négocient des bonus liés aux prix du marché mondial. Certaines années, il n’y en a pas, mais parfois, ces majorations peuvent atteindre jusqu’à 0,06 cents (le kilo).

En avril 2015, au moment des semences, la Sofitex vend à M. Kobassare, à crédit, des semences OGM, des insecticides et des herbicides. Cette année-là, plus de 70 % du coton burkinabé était OGM. Même si ces semences sont plus chères, les fermiers les préfèrent parce que cette culture nécessite moins de pesticides que le coton conventionnel.

Un représentant du syndicat des cultivateurs du village de Toussiana au sud-ouest du pays explique : « Les jeunes qui vont à l’école et naviguent sur internet nous disent d’utiliser ce coton qui limite les expositions aux pesticides. Nos épandeuses sont en très mauvais état et nous n’avons aucun vêtement de protection. Nous nous empoisonnons à pulvériser ces produits chimiques dans nos champs ».

Malheureusement, le coton OGM pose problème. Il a été introduit en 2003 grâce à un accord entre le gouvernement et Monsanto. Ses fibres sont de plus en plus courtes d’une récolte à une autre. La qualité est diminuée et le prix est aussi à la baisse à chaque année.

L’Association interprofessionnelle du coton au Burkina (AICB) a poursuivi Monsanto pour 83,910 millions de dollars en avril 2016. Elle s’est aussi débarrassée des semences OGM et n’a vendu que des grains conventionnels aux cultivateurs, mais ils n’auront pourtant pas à reprendre l’usage intensif antérieur de pesticides.

Dhaka, Bangladesh, mars 2016

Trois ans après l’accident, Nazma entend encore dans sa tête l’horrible son de l’effondrement du Rana Plaza et c’est pire la nuit.

Debout dans sa maison, une pauvre cabane d’une seule pièce, elle nous dit : « Je l’ai achetée avec la compensation que j’ai obtenue », (pour l’accident). « Une agréable petite maison » lui ai-je répondu. Elle m’a regardé, surprise : « Les meubles. J’ai acheté les meubles pour cette pièce », m’a-t-elle dit en me corrigeant. J’ai regardé tout autour : deux lits de métal, une armoire et un miroir.

Nazma, comme les autres travailleurs-euses du vêtement au Bengladesh, préfère ne pas donner son véritable nom quand on la reçoit en entrevue par craintes de représailles de la part de son employeur. Elle vit dans cette pièce louée avec son mari et ses 5 enfants. La plus jeune, Nila, a 8 ans et est en réalité sa nièce, la mère de la petite n’a pas survécu au drame du Rana Plaza.
Une statue de plusieurs mètres de hauteur est installée à l’endroit où, en 2013, 1,130 ouvriers-ères ont péri dans les ruines du Rana Plaza et 2,500 y ont été blessés-es. La veille de l’accident, les employés-es avaient noté des fissures dans l’édifice de 8 étages. Les ateliers et les banques des premiers étages ont immédiatement fermé, mais les propriétaires des manufactures des étages supérieurs ont obligé leur personnel à se présenter. L’édifice s’est effondré le 24 avril durant l’heure de pointe, Nazma a réussi à s’enfuir, pas sa sœur.
La statue représente un poing masculin et veut glorifier le pouvoir ouvrier, mais, au Bengladesh, dans l’industrie textile, la deuxième au monde, la plupart du personnel est féminin. Elles représentent jusqu’à 90 % des 4,200 millions de travailleurs-euses de cette industrie.

Selon Syed Sultan Uddin Ahmmed, assistant directeur exécutif de l’Institut des études sur le travail au Bengladesh, la plupart de ces femmes sont originaires des zones rurales du pays où, traditionnellement, leur seule option était le mariage. Il pense que l’industrie textile a provoqué d’énormes changements sociaux dans la société bangladaise : « Souvent, ces femmes ne pouvaient pas imaginer dépasser les frontières de leur village. Maintenant elles vont à Dhaka. Antérieurement, leurs frères leur auraient envoyé des robes pour les fêtes. Maintenant elles envoient de l’argent à leurs parents pour qu’ils puissent acheter des médicaments ».

Anowara, une autre ouvrière du textile, nourrit des ambitions plus élevées pour ses enfants : « Ils doivent finir l’école. Je ne veux pas qu’ils perdent leur vie derrière une machine à coudre comme je le fais ». Avec son mari, elle travaille dans une usine de 12,000 employés-es. Leurs deux enfants, de 5 et 6 ans, vivent chez ses parents, au village à quelques 650 kilomètres au nord du pays. Elle préférerait vivre là où la communauté est tissée serrée, mais : « il n’est pas possible de gagner sa vie là-bas. Je ne regrette pas d’être (venue ici). Mais quand nous aurons épargné suffisamment, nous y retournerons. Avec l’aide de mes parents, nous allons acheter une parcelle de terre et devenir fermiers. J’espère que je pourrai m’acheter une machine à coudre ». Elle vit à Dhaka depuis 3 ans maintenant.

Elle travaille au moins 10 heures par jour. Quand les commandes sont plus importantes, la journée est encore plus longue. Elle gagne 89 $ par mois, temps supplémentaire compris. Son loyer lui coûte 39 $ et la nourriture 32 $.

M. Ahmmed est convaincu que le Bengladesh a besoin de l’industrie textile. Les chômeurs-euses de cette industrie ont du mal à se trouver de l’emploi tant la compétition est féroce pour ce travail à bas salaire. Il est donc préoccupé par le boycott des consommateurs-trices en occident contre les entreprises qui font affaire avec les usines de son pays. Il voudrait plutôt que les gouvernements des pays avancés (consommateurs) fassent des pressions diplomatiques sur ceux des gouvernements des pays producteurs et sur les manufacturiers. Il croit qu’ainsi, l’environnement et les conditions de travail pourraient être protégées et les salaires portés au niveau du coût de la vie partout, pas seulement au Bengladesh : « L’avidité des entreprises multinationales est sans fin. Au moment même où notre pays ne leur assurera plus suffisamment de profits, elles vont tout simplement délocaliser dans un autre pays sous-développé qui ne subit pas encore la suspicion et la critique du public occidental ».

Parce qu’ils craignent que la hausse des salaires et l’amélioration des conditions de travail ne chassent les entreprises, les gouvernements et les propriétaires d’usine s’attaquent aux syndicats indépendants. Un dirigeant d’un petit syndicat indépendant des travailleurs-euses du textile au Bengladesh, qui préfère garder l’anonymat, a été arrêté plusieurs fois à cause de son travail d’organisation. Il est un ouvrier expérimenté et très bien formé. Il affirme ne pas pouvoir trouver de travail à cause de son activité syndicale. Il y a plusieurs années, il travaillait en Corée du Sud avec ses compatriotes migrants-es de la filière. Les salaires étaient plus élevés, mais il a été rapatrié après avoir encouragé ses camarades à se syndiquer.

Est-ce que quelque chose a changé après l’accident du Rana Plaza ? Selon les dirigeants syndicaux, la sécurité s’est améliorée dans les grands ateliers qui fournissent les marques mondiales, Et cela au moins dans les espaces que les acheteurs-euses d’ailleurs dans le monde sont amenés-es à voir. Le salaire minimum est passé à 5,300 takas, soit un peu moins de 68 $ par mois. Les travailleurs-euses considèrent que ce n’est pas suffisant et revendiquent 187 $ ou plus pour décembre 2016.

Mais de bien plus modeste hausses pourraient faire fuir les entreprises. Un des plus importants acheteurs des vêtements fabriqués au Bengladesh, H&M, a récemment agrandi ses ateliers de fabrication en Éthiopie et au Myanmar où les salaires sont plus bas. La multinationale suédoise a fait 2,100 milliards de dollars de profit en 2016.

Ljubljana, Slovénie, août 2016

Une robe sans manche est suspendue dans le spacieux magasin H&M, avec un corsage ajusté et une jupe à plis de couleur rouge avec de petites fleurs blanches et jaunes. De loin, elle semble faite dans du jamdani, une des plus fines mousselines du Bengale qui était fabriquée pour les aristocrates et la royauté (britannique) dans le passé. Je vérifie l’étiquette : 10,90 $, fabriquée au Bengladesh. J’apprécie le tissu, je l’achète, même si je ne crois pas que je la porterai. Elle ne me va pas vraiment. Je sais que je la sortirai de la garde-robe de temps en temps et à un moment donné, je l’apporterai au bureau de la Croix-Rouge avec d’autres vêtements ; Comme ça j’aurai soulagé ma garde-robe tout en ménageant ma conscience.

« Rapportez et donnez » tel était le slogan de H&M de Ljubljana durant la semaine européenne pour la réduction des déchets.

Ce centre humanitaire de la Croix-Rouge, un de la douzaine de points de récupération de la ville, amasse environ 100 tonnes de vêtements et de textile par année. Ils viennent principalement de Ljubljana et sa région métropolitaine avec sa population de moins de 300,000 personnes. La directrice du centre de collecte nous informe qu’il n’y a jamais de pénuries de vêtements, qu’en fait il s’agit d’un roulement sans fin : « Nous recevons de plus en plus de bonne marchandise ; des souliers que personne ne veut porter, de vêtements flambant neufs encore sur leurs cintres. Mais tout ça donne une idée des écarts de revenus qui se creusent ».

40 % à 50 % de ces vêtements ne peuvent être distribués dans Ljubljana parce qu’ils sont déchirés ou sales. Ils sont grossièrement triés et expédiés en Roumanie où une entreprise autrichienne les trie à nouveau, et ce, en plus de 150 types de matériel. Ce travail est harassant et monotone. C’est la raison de sa délocalisation en Roumanie où le salaire moyen d’une personne seule est de 5,463 $ par année. La majorité de ces vêtements sera vendue dans les pays pauvres, dont le Burkina Faso.

Boromo, Burkina Faso, décembre 2015

Bien sûr que je connais la réponse à la question de M. Kobassare sur l’existence de machines à récolter le coton, mais je n’en dis rien. Qu’est-ce que cela changerait au travail manuel que fait sa famille face aux fermiers-ères américains-es qui récoltent leur coton avec leurs machines et, qui plus est, le compacte en même temps en ballots pour le transport ? Qu’est-ce qu’il aurait à gagner si je lui disais que les frères Karl et Terry Button, dont j’ai visité la ferme en Arizona, récoltent 5 acres de coton en moins de 30 minutes ? D’énormes machines bruyantes qui coûtent plusieurs milliers de dollars se baladent dans leurs champs durant la saison de la récolte.

Oui, il en coûte toujours plus cher pour produire le coton aux États-Unis qu’au Burkina Faso. Sans les subventions, la technologie américaine ne pourrait probablement pas dépasser les si bas salaires burkinabés.

En ce matin de décembre, je déambule avec P. Timbi Kobassare et sa famille le long d’un chemin pavé. Tout autour, la vallée est couverte de champs de coton. Nous marchons lentement. Rien ne presse ; plus la chaleur du jour augmente, plus les capsules vont ouvrir et ainsi faciliter le travail. En arrivant à leur champ, ils se penchent au-dessus de buissons hauts d’environ un mètre, attrapent les capsules et les font tomber dans les sacs de plastique qui ont contenu les fertilisants. À midi, à l’heure où le soleil est le plus ardent, ils se couchent sur les tas de boules coton et mangent des tranches de pastèques.

Je les observe en silence. C’est une scène du 19e siècle qui pourrait se passer dans les champs de coton du sud américain de l’époque. Sauf pour une chose : les T-shirts. Tout le monde en porte. Ils sont multicolores, traversés de malencontreux slogans. Le tissu est si usé que je dois deviner ce qu’ils ont pu être : Patrons ? Émirats ? Messi ? Unicef ? …. n’importe quoi.

Je ne peux que deviner le trajet de ces T-shirts. Peut-être que le coton a été cultivé au Burkina Faso, sans labours et avec de mauvaises graines. Peut-être qu’il vient des États-Unis, cultivé avec des machines puissantes à fonctions multiples et des subventions. Peut-être qu’il a été filé dans de grandes usines sombres et bruyantes, en partie par des enfants parce que leurs mains sont petites et délicates. Peut-être qu’il a été teint par des hommes dans des salles encore plus sombres et plus bruyantes où l’air, comme des gaz empoisonnés, colle à leur peau. Peut-être que ce T-shirt il a été porté un temps par un consommateur ou une consommatrice en Europe, aux États-Unis ou en Chine, avant d’être jeté dans le bac à recyclage. Ce qui est certain, c’est que quelqu’un-e a fait un gros coup d’argent le long du trajet.

Note : Ce projet a été soutenu par le Pulizer Center on Crisis Reporting.

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