5 mars 2025 | tiré du site Europe solidaire sans frontières
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article74067
Les sociétés capitalistes développées bouillonnent. L’inédit devient habituel. Ce qui signifie que le monde est en train de changer, de se révolutionner. Un monde devrait disparaître, son modèle d’accumulation est obsolète. Les crises capitalistes indiquent la nécessité d’une révolution interne au système pour faire naître un nouveau régime d’accumulation, de nouvelles modalités de création des richesses, ce qui suppose de rompre avec celui né dans les années 1980 appelé régime d’accumulation à dominante financière. Des forces sociales réactionnaires, les privilégiés – les ultra riches – de cette société qui a vu les inégalités s’approfondir, s’opposent à tout changement fondamental, prenant le risque, par cette mentalité de colons, d’explosions sociales et sociétales. Dans leur recherche de légitimation des pouvoirs en place, ils ne craignent pas de faire appel aux dogmes religieux les plus éculés.
Affrontements États-Unis/Chine
La crise économique provient d’un curieux mélange. Les États-Unis et la Chine, à coups de subventions, connaissent les conséquences du surinvestissement, d’une production pléthorique qui ne trouve pas de débouchés, tandis que les pays européens n’ont pas réalisé les investissements nécessaires pour transformer leur outil de production et voient la crise industrielle battre son plein. Sur le marché mondial, la surproduction provoque l’exacerbation de la concurrence, la guerre des prix pour gagner des parts de marché. États-Unis comme Chine pour protéger leurs capitalistes pratiquent une politique agressive d’augmentation des droits de douane. Trump, pour assurer les approvisionnements des États-Unis en terres rares et autres métaux, nécessaires à la tech, veut coloniser le Groenland, pays sous domination danoise, qui est protégé par les accords internationaux pour ne pas exploiter ses ressources minières. La Chine, face aux menaces trumpiennes, se tourne de plus en plus vers l’Asie du Sud-Est, forte, malgré son hétérogénéité, de 650 millions d’habitants. Dans ce monde, la confrontation États-Unis/Chine met hors jeu l’Europe, devenue le champ privilégié des exportations américaines et surtout chinoises.
L’économie allemande synthétise tous les enjeux. Elle a été le seul pays développé à ne pas connaître le processus de désindustrialisation qui s’est manifesté à partir du milieu des années 1980, années marquées dans tous les autres pays développés par la financiarisation de l’économie et la mondialisation. [1] Son principal client, jusqu’à la pandémie, la Chine, s’est industrialisée en se tournant vers les technologies de pointe. L’industrie allemande s’est retrouvée profondément en crise. La Chine s’est même lancée dans la conception de produits nouveaux en créant des filières qui n’existaient pas auparavant [2]. Plus encore, Xi Jinping « veut mettre la finance au pas » en demandant aux banques de renoncer à leur profit [3] ; pour favoriser le financement des investissements productifs. Une idée force. Les critères des marchés financiers de court terme et de distribution de dividendes obèrent les capacités d’investissement. La transformation de l’économie chinoise, la volonté du Parti Communiste Chinois – le grand oxymore de notre temps : un parti Communiste vecteur du capitalisme – de faire de ce grand pays une économie à la pointe de la tech, des panneaux voltaïques ou de la voiture électrique. La surproduction qui en résulte jette un doute sur la croissance future – les Bourses chinoises stagnent – faute d’augmentation du marché final, et du nombre de consommateurs. La construction du marché intérieur, objectif pourtant du nouveau modèle de développement, marque le pas. La crise immobilière a joué un rôle important dans la dépression de la demande. Ce secteur représente 30% environ du marché intérieur. Dans le même temps, la planification a engagé le pays dans la lutte contre les effets de la crise climatique, qui dans un premier temps n’a que peu d’action sur la croissance.
L’industrie allemande subit les conséquences de cette montée en puissance de son ancien client. Elle n’a pas anticipé cette évolution. Pas plus que les changements initiés par Poutine déclarant la guerre à l’Ukraine, qui pose la question de l’approvisionnement en gaz de son industrie. L’industrie automobile, Volkswagen comme symbole, subit de plein fouet la concurrence chinoise qui baisse les prix. Toute l’industrie européenne de l’automobile se trouve, faute de poursuite de l’aide des États, dans l’obligation de suivre le mouvement pour ne pas disparaître, tout en se restructurant pour baisser plus encore le coût du travail. La voiture électrique est un marché éminemment concurrentiel. Ce ne sont pas seulement des délocalisations, mais bien des destructions d’unités de production – appelées « désinvestissement » dans le langage habituel de l’INSEE – et d’emplois. Situation qui alimente la crise politique et la crédibilité des gouvernants.
L’industrie européenne obsolète
L’économie allemande connaît, fin 2024, sa deuxième année de récession, signe qui ne trompe pas quant à la profondeur de sa crise industrielle. Elle entraîne dans son sillage tous les autres pays européens, « L’industrie européenne en pleine crise » titre ainsi Les Échos du 3 janvier 2025 en reprenant les indices des directeurs d’achat du mois de décembre pour les trois principales économies de la zone euro, l’Allemagne, la France et l’Italie. L’économie française avait fait semblant de résister avec 1,1% de progression de son PIB (estimation de l’INSEE pour 2024), bien loin du 1,4% prévu pour 2024 par Bruno Le Maire alors ministre de l’économie et des finances. Une erreur qui s’est répercutée sur le montant des déficits publics, aggravés par la montée des taux d’intérêt décidée par la BCE, qui a aussi provoqué un approfondissement de la crise de l’immobilier et grevé le pouvoir d’achat des ménages. S’ajoutent les exonérations d’impôts pour les entreprises sans financement et sans contreparties [4] ; pour expliquer la baisse des recettes qui génère le le déficit des finances publiques, 6,1% pour 2024. L’investissement stagne, les ventes diminuent, notamment dans l’industrie automobile qui en Europe a mal préparé le passage à l’électricité, et qui subit de plein fouet la concurrence des entreprises chinoises, ainsi que de la baisse du pouvoir d’achat des ménages dans tous les pays industriels. Les fermetures d’entreprises se multiplient, l’Allemagne s’attend à une forte hausse des suppressions d’emplois – ce qui devrait favoriser l’extrême droite (l’AFD) – en conséquence de la récession.
L’après pandémie s’est aussi traduit par une révolution dans les habitudes de consommation, cela dans tous les pays développés, et particulièrement en Europe et son modèle des hypermarchés. Une forme de la consommation de masse en train de disparaître. Les achats sont plus sélectifs, plus contraints, et expliquent en partie la crise profonde qui touche la structure de la distribution. Les sociologues parlent d’un nouveau consommateur qui oblige la grande distribution, elle aussi, à se restructurer.
L’industrie allemande est obsolète, et les autres pays européens – pour ne parler que de l’Union Européenne – ont raté leur réindustrialisation. Un thème qui a fait florès après la pandémie. Elle a révélé l’état de faiblesse des économies développées et la perte de souveraineté des États qui en résultait. La « mondialisation heureuse » – pour citer Alain Minc chantre de cette orientation – avait vécu. L’hypermondialisation est à présent perçue comme un danger, sans que pour autant cela remette en cause la mondialisation elle même. Plutôt que « réindustrialiser », formule qui suppose de copier un modèle du passé, il est nécessaire de penser la révolution nécessaire dans les modes d’industrialisation, pour y compris répondre dans le même temps à la crise climatique. Les économies européennes sont restées bloquées sur le modèle du 20e siècle.
La fin du néolibéralisme
Le débat politique en Allemagne pour les prochaines élections législatives, si on le radicalise, porte sur l’intervention de l’État. La loi constitutionnelle de limitation de la dette publique devrait logiquement être revue, amendée, ou abolie. Les déficits publics devraient logiquement augmenter et signer la fin d’une époque, celle du néolibéralisme dont le maître mot est la privatisation de tous les pans de l’économie et de la société, la transformation de tous les biens en marchandises. Or, seul l’État peut financer les énormes investissements nécessaires à la construction d’une nouvelle industrialisation pour répondre aux crises économiques et climatiques.
La politique monétaire de la BCE, plutôt orientée vers la baisse des taux d’intérêt en fonction de la baisse du taux d’inflation (son critère quasi unique), pourrait favoriser l’endettement des États en diminuant le poids du service de la dette. Mais – le point est d’importance – la BCE a changé fondamentalement de politique. Depuis janvier 2025, elle a abandonné le Quantitative Easing (Q/E). Désormais, elle n’achète plus, sur le marché secondaire, les obligations des États de la zone euro et a arrêté la création monétaire. En conséquence, pour tous les États de la zone, le spread (la différence des taux d’un pays en fonction de la confiance des marchés financiers) augmentera par rapport à l’Allemagne. Depuis 2015, début de cette politique engagée par Mario Draghi pour lutter contre la déflation, la BCE est devenue le premier créancier des États.
La baisse des taux de la BCE se heurte à deux obstacles. Le premier tient à la parité monétaire. Début 2025, le dollar hausse face à l’euro, un effet de la victoire de Trump. La FED, la banque de réserve fédérale américaine avait amorcé, moins rapidement que la BCE, la baisse de ses taux directeurs. Une politique prudente qui explique la montée du dollar. La BCE sera obligée de suivre la politique monétaire de la FED. Les marchés financiers craignent à la fois l’incertitude et l’aventure. Le président américain leur propose les deux. L’incertitude fait partie d’une tendance lourde mais elle est aggravée par l’absence de réponses du politique, Trump est autant dans le brouillard qu les autres dirigeants des pays développés. Il multiplie les aventures : ambition de colonisation du Groenland, d’annexion du Canada, de prise en main du Canal de Panama… Autant d’ouvertures de conflits qui auront pour effet de déstabiliser les timides constructions géopolitiques et géoéconomiques. Résultat : les taux d’intérêt sur les marchés financiers augmentent, mesurés par le taux des obligations d’État à 10 ans qui atteint presque 5%, alors que le taux directeur de la BCE est aux alentours 3,5%. Sur les marchés financiers, le changement est brutal. Tous les grands pays sont concernés, les Etats-Unis, la zone euro et la Grande Bretagne. Il exprime la crainte des opérateurs de la crise économique mais d’une crise de l’immobilier devenu internationale comme de l’instabilité politique permanente. Le service de la dette publique augmentera sans être à l’origine de la crise financière. Le service de la dette privée, son remboursement sera lui plus problématique et peut devenir une bombe à retardement.
Dans ce monde financier de plus en plus déréglementé, les facteurs de crise sont multiples. Les crypto monnaies, le bitcoin est la plus connue, prennent de plus en plus de place. Elon Musk vient de créer la sienne, DOGE, pour participer à ce marché prometteur. Plus de 500 monnaies y sont présentes. La connaissance des utilisateurs est limitées aux plate formes qui les commercialisent, le reste est obscur et peut permettre toutes les manipulations. Le Shadow banking (la finance non réglementée ) « se développe deux fois plus vite que la finance traditionnelle » (Les Échos du 8 janvier 2025), indiquant des changements dans le financement de l’économie, de la structure de la dette privée et de la spéculation. Ces secteurs sont instables et peuvent connaître des retournements brutaux qui affecteront toute la finance et toutes les économies.
A ces facteurs de crise, la réponse de Trump est étrange. Il veut davantage de déréglementation sur les marchés financiers en s’attaquant aux Accords de Bâle qui définissaient des règles prudentielles. Après la crise de 2007/2008, il était question d’augmenter la part des fonds propres par rapport aux engagements des banques pour faire face au risque de panique financière. Les banques ont toujours voulu les abroger. Une manière de rajouter de l’instabilité à l’instabilité.
La rationalité économique, même dans le capitalisme, devrait obliger à réglementer davantage pour éviter ces explosions. L’intervention de l’État dans tous ces domaines, pour limiter les crises, serait nécessaire. Une révolution idéologique est vitale pour appréhender le monde tel qu’il est, qui ne répond en rien aux dogmes du néolibéralisme. Révolution théorique pour changer le regard sur le monde.
L’incapacité de rompre avec l’idéologie néolibérale ouvre grand la porte aux tentations libertariennes suscitées par la victoire de Trump. Les libertariens forment la pointe avancée d’un iceberg de l’ignorance face aux enjeux de toutes les crises que connaît le capitalisme. Ils donnent l’impression de ne pas voir. Pour défendre les intérêts d’une fraction de la classe dominante qui a intérêt à la survie de la forme actuelle du capitalisme.
Elon Musk se veut le propagateur des modalité libertariennes, le stade suprême du néolibéralisme. Il se donne ce rôle en Europe. Il finance l’extrême droite allemande, mène une campagne sauvage contre le gouvernement travailliste britannique qui veut relancer les services publics. Musk veut casser toutes les velléités d’intervention de l’État. Georgia Meloni, la Première ministre d’extrême droite italienne, n’a pas attendu Musk pour faire allégeance à Trump avant même sa nomination officielle. Une alliance des extrêmes droites est probable sur le terrain de Musk. Pour alimenter une contre révolution interne au capitalisme, pour conserver le régime d’accumulation antérieur – financier et mondialisé – nécessaire à la hausse de sa fortune et à la réalisation de son ambition : devenir le maître des technologies spatiales.
Une partie de la classe dominante, souvent les plus riches, a les mêmes objectifs. Leur fortune est financière et ils sont dépendants de la forme de la mondialisation mise en place dans les années 1980.
Selon toute vraisemblance, l’extrême droite en Europe emboîtera le pas à Musk, adoptant un corpus idéologique économique qui lui manquait. La référence à la doctrine libertarienne évoluera en fonction des spécificités des formations sociales et des réaction des groupes sociaux, par exemple de la part des agriculteurs opposés au traité de libre échange UE/Mercosur. La politique réactionnaire sur le terrain des libertés et des droits – les immigrés, l’homophobie dont fait preuve Trump, le sexisme… – pour construire une forme illibérale de l’État en désignant des ennemis de l’intérieur.
Les grands patrons français sont visiblement tentés par la dérégulation généralisée, soi-disant pour lutter contre la bureaucratie, « certains veulent s’inspirer de Musk » [5], sans comprendre son projet. Ils militent ainsi pour l’absence de changements fondamentaux.
Les technologies liées à l’Intelligence Artificielle peut être aussi mise au service de ce projet réactionnaire en développant le capitalisme de surveillance. La tech aux États-Unis s’est retrouvée derrière Musk. Ces patrons ne veulent aucun frein à leur appétit de profit et, à leur tour, favorise l’extrême droite, les théories complotistes faisant fi de la démocratie.
Derrière la référence au marché, chère aux libertariens, se cachent mal les déstructurations de la protection sociale, du droit du travail, pour livrer la main d’œuvre pieds et poings liés aux patrons, pour surexploiter la force de travail et augmenter ainsi le profit. Pour permettre cette politique anti sociale un pouvoir autoritaire reposant sur l’armée et la police est nécessaire.
Dans ce monde en train d’exploser et d’imploser, pas une lueur d’avenir. Le futur n’existe pas pour ces libertariens déclarés. Ils sont englués dans le passé, figés dans un monde en train de disparaître. Pas un seul projet de sortie de la multitude de crises que connaît le capitalisme. Une politique à courte vue, avec son cortège de pauvres, d’approfondissement des inégalités dans une société individualisée, ne connaissant que la lutte de tous contre tous, et qui ne peut trouver un semblant d’unité qu’en désignant un ennemi, extérieur ou intérieur, ou les deux comme le fait Poutine ou…Trump.
La fin d’une époque géopolitique
La victoire de Trump aux États-Unis confirme la fin d’une époque et l’avènement d’une nouvelle donne politique. Pas seulement économique, mais aussi dans l’architecture du monde. C’est la fin de la période ouverte par la chute du mur de Berlin (novembre 1989) qui avait vu les États-Unis accéder au rang d’hyperpuissance, sans rival. Ce rôle de gendarme du monde avait connu une première faille avec les attentats du 11 septembre 2001, une inflexion dans le ressenti des Étatsuniens. L’impossibilité d’une réponse à une attaque venant d’un groupe et non plus d’un État, avait conduit l’administration de George W. Bush à désigner un ennemi, sans rapport direct avec l’attentat. La guerre en Irak a été le premier pas vers l’échec pour ordonner un monde qui échappait à tout contrôle. Cette guerre perdue a sapé la crédibilité des gouvernants comme les mensonges sur l’arsenal de Saddam Hussein. Le Moyen Orient commençait alors à se désintégrer et à laisser place aux intégrismes. Une partie du monde implosait..
Le terrorisme ne vient plus d’ailleurs mais de nationaux qui n’ont plus d’espoir de voir une quelconque lumière et se réfugient dans des dogmes religieux surannés. Les politiques néo libérales ont brisé l’espoir, miné toute solidarité, défait les réglementations qui touchaient au cœur de la légitimité des gouvernants et même de l’État. Thatcher et Reagan, dans les années 1980, ont été les artisans de la révolution néolibérale qui a vu la naissance de ce nouveau régime d’accumulation à dominante financière remplaçant celui, « fordiste », des « 30 glorieuses ». La crise de 1974, la première récession au sens habituel du terme en 30 ans, marquait pour le capitalisme la fin d’un régime d’accumulation
La décomposition géopolitique du monde, pour laquelle la politique étatsunienne a joué un rôle central, lui a fait perdre son rôle de leader. La démonstration en est faite avec le conflit israélo-palestinien.
Le monde d’hier tend à mourir, et son râle pourrit toutes les relations sociales.
La politique américaine s’est recentrée sur l’intérieur. Biden, suivant Trump, a aussi appliqué le « America First » pour développer l’industrialisation sur le sol américain, contre la Chine considérée comme l’adversaire géoéconomique principal. La géopolitique semble avoir vécu. Les considérations principales des dirigeants portent sur la puissance économique au détriment de la politique qui suppose des concessions des États pour continuer à vivre ensemble. Aujourd’hui les traités sont bafoués, l’ONU n’a plus de légitimité et aucune organisation internationale ne vient la remplacer.
Il est visible que Trump n’accorde que peu d’intérêt aux conflits qui minent le monde. Il a affirmé pendant sa campagne pouvoir régler la guerre en Ukraine avec Poutine en quelques jours, qui sont devenus des semaines, sans dire les moyens qu’il pourrait utiliser pour faire céder les deux protagonistes qui ne sont pas à égalité. L’Ukraine a besoin de la victoire, Poutine de la poursuite de la guerre. Une guerre sans solution de négociation. Elle sert à Poutine à légitimer son pouvoir autoritaire et n’a pas comme but premier des conquêtes territoriales. La solution trumpienne pourrait être, dans la logique libertarienne, ne rien faire.
Trump joue le nationalisme, le ressort anti émigré de base [6] ; Pour unir les populations autour de sa personne, légitimer son pouvoir personnel, autoritaire, ce qui passe par la déstructuration de toutes les mesures sociales. Ces dernières ont joué le rôle de légitimation des gouvernements pendant toute la période dite des « 30 glorieuses » (1944-1974).
L’Argentine de Milei, un exemple à suivre ?
Il est révélateur, dans ce contexte, que la presse économique se penche avec sollicitude et un peu de mauvaise foi sur l’Argentine de Milei. En un an de pouvoir, le bilan semble rose : si l’on en croit Les Échos, Milei a vaincu l’inflation, sorti le pays de la récession – 5% annoncés – par une politique de déréglementation et de privatisation de tous les services publics qui existaient encore, notamment la Santé et l’Éducation nationale. Lui qui, avant d’être élu, faisait l’objet de plaisanteries est soudain promu au rang de prophète, de gourou. Une politique « à la tronçonneuse » (dixit Milei) pour réduire l’État à sa plus simple expression, un détachement d’hommes armés, et « laisser faire le marché » pour réaliser les grands équilibres. Les résultats pour 2024 montrent, contre toutes ces allégations, que l’Argentine est toujours en récession -3,5% tout en prévoyant 5% (+ 5% ?) pour 2025 –, les commentateurs prennent pour argent comptant la prévision ! -, le taux d’inflation a baissé de 25% par mois (en novembre 2023) à 2,5% par mois (pour novembre 2024) soit, en taux annuels, le passage de 211%, en 2023, à 45% en 2025 – là encore une prévision [7]. Tous les budgets, à commencer par l’éducation et la santé, et aussi la recherche, ont fortement diminué. Le nombre de fonctionnaires a baissé de 10%, soit 35 000 suppressions de postes, et le bâtiment, déréglementé pour favoriser sans contrainte la construction de logements, a perdu des emplois… Le nombre de pauvres a énormément augmenté, un Argentin sur deux est sous le seuil de pauvreté absolue, soit deux dollars par jour pour vivre. Pour le dire autrement, l’économie informelle – celle qui est sans règles – est devenue dominante en absorbant l’économie formelle. Plus encore, Milei a décidé la dollarisation de l’économie, désormais le dollar tend à devenir la monnaie intérieure du pays [8]. Les salaires ont tous été revus à la baisse, de même la protection sociale qui a quasiment disparu, diminuant drastiquement le coût du travail. Cela allant de pair avec un appel aux capitaux étrangers pour qu’ils bénéficient de la surexploitation des travailleurs. Des chercheurs ont vu leurs salaires amputés de 30% et cherchent à fuir le pays. Comme si Milei voulait couper les ailes de l’avenir. La référence aux seuls mécanismes du marché a montré son inconséquence sur le terrain de l’accumulation du Capital. Le marché fige les rapports de forces, et les formes de la croissance économique. Avant Milei, l’Argentine avait connu un processus de « reprimarisation » de son économie, soit une désindustrialisation qui affaiblissait le pays et le conduisait à privilégier le tout à l’exportation de sa production agricole. Le traité de libre échange de l’UE et du Mercosur risque d’accélérer cette reprimarisation.
Cet exemple monté en épingle pose des questions concernant notre avenir. Les politiques néolibérales mises en œuvre à partir des années 1980 ont conduit à des sociétés profondément inégalitaires. Avec des services publics soumis aux normes de la finance, c’est-à-dire la rentabilité à court terme, la diminution des dépenses, la baisse du coût du travail, une marchandisation accrue de leurs prestations dont découle la crise politique, la délégitimation des élites incapables de satisfaire les besoins vitaux des populations. Leur accentuation libertarienne ne peut pas être une solution, ni économique ni sociale. Les affrontements qui découleront de cette politique justifieront plus encore un pouvoir autoritaire.
Elon Musk se veut démiurge, il n’est qu’apprenti sorcier
Elon Musk, dans le sillage de Trump – ou l’inverse – , prend la politique de Milei en exemple. Fort de sa fonction qui en fait un véritable président bis – pour combien de temps ? -, il propose d’approfondir la déréglementations par l’abrogation de lois qui passent par la disparitions des agences de l’État, par la réduction drastique du nombre de fonctionnaires. Officiellement, pour lutter contre le déficit budgétaire. Déficit qui en effet n’a cessé d’augmenter ces dernières années, finançant, dans la dernière période, la politique d’industrialisation de Biden, le fameux Inflation Reaction Act, un ensemble de subventions à l’investissement.
Politique qui portait un coup qui pouvait être fatal au néolibéralisme. De manière pragmatique et limitée, Biden redonnait du lustre à l’intervention de l’État. Malheureusement la théorisation de cette nouvelle politique économique ne s’est pas réalisée.
Les annonces de déréglementation de Trump ont été saluées par une forte progression des cours de la Bourse à Wall Street tout de suite après l’annonce de la victoire, tempête qui s’est très vite calmée devant toutes les incertitudes liées à la crise économique qui devrait aussi toucher les États-Unis en 2025.
À la différence de Milei, la déréglementation est mise au service d’un patron mégalomane qui veut imposer son monopole sur la conquête spatiale, et ambitionne de coloniser… la planète Mars. Sur ce terrain, Deep Blue (le Space X chinois) veut casser les prix dans le spatial pour faire concurrence à Elon Musk. La guerre est déclarée
Ces guerres économiques ne peuvent qu’aggraver la détérioration de notre environnement au moment où il faudrait décider des voies et le moyens de combattre la crise climatique. Or, ces libertariens sont forcément climato-sceptiques. Ils le sont aussi par intérêt bien compris : une partie de leur fortune est dans les hydrocarbures, pour Total, dans le luxe, pour Arnault… Ils jouent la hausse sur les marchés financiers, la spéculation alimentant l’augmentation de leurs fortunes. Pour préserver la cotation de leurs actions, ils ont besoin de conserver leurs actionnaires en leur versant des dividendes élevés. Ce sont souvent des fonds – de pension, d’investissement – des hedges funds qui n’ont aucune visée industrielle, mais uniquement financière. Ils renforcent ainsi la domination sur l’ensemble de l’économie de la sphère financière et de ses critères de court terme.
En remettant en cause l’intervention de l’État, la réglementation du marché, les libertariens poussent la logique des économistes néo-classiques jusqu’à ses frontières ultimes qui passent par le darwinisme social. D’autres sources de légitimation des pouvoirs en place sont recherchées. Le retour des dogmes religieux fait partie de cette nouvelle panoplie. Avec les évangélistes en Amérique latine – où ils comptent des députés en Argentine – et aux États-Unis, où ils ont fait de Trump un saint après son attentat manqué. En France, certains grands patrons, tels Bolloré ou Sternin, veulent imposer, via leurs médias, leur vision étroite du catholicisme. Ils s’adressent aux exclus de cette société inhumaine qui voient la possibilité d’un paradis pour accepter leur condition. Ces dogmes religieux quel que soit leur contenu visent à justifier la remise en cause des droits d’une manière générale et prôner une vision autoritaire, illibérale de l’État. A l’exemple de Trump.
Le monde est inédit mais les débats sont anciens
L’intervention sociale de l’État a souvent suscité des débats. Sans remonter à la loi sur les pauvres – « poor laws » en Grande Bretagne contestée par Malthus -, celui des années 1930 nous est plus proche. Il oppose Keynes à Pigou. Keynes argumentait sur le nécessité de lâcher sur des revendications économiques et sociales du mouvement ouvrier pour conserver l’essentiel du pouvoir, et sauver le système lui-même. Pigou défendait les thèses néolibérales classiques : ne rien céder, poursuivre dans la même voie… Celle qui avait provoqué la crise de 1929. Karl Polanyi, dans La grande transformation dressa le réquisitoire économique, politique, social, culturel de ces politiques. Ces pages n’ont rien perdu de leur vigueur et de leur pertinence.
Pour Pigou, et les siens à travers les âges, l’idée générale est de conserver la structure de la société, en luttant contre toutes les transformations auxquelles les crises diverses du capitalisme obligent, et donner l’impression, par des technologies nouvelles par exemple, d’une révolution pour cacher leur contre révolution. Ils considèrent que si les pauvres sont pauvres c’est de leur faute. Les aider c’est les conserver dans l’oisiveté, donner une prime à la paresse.
Certains de ces grands patrons sont visiblement tentés par une solution d’extrême droite, un gouvernement autoritaire pour préserver leurs privilèges. Une forme illibérale de l’État, à l’image de celui de Victor Orban en Hongrie, pourrait être, pour eux, un gage de stabilité. Une réponse possible à la multiplication des crises gouvernementales, qui secouent la plupart des pays d’Europe, à commencer par la France et l’Allemagne. Elles sont révélatrices d’une crise de domination. Les formes de la démocratie parlementaire ne sont plus considérées comme des formes légitimes. Lorsque la gauche fait la même politique économique que la droite comment croire en la démocratie ?
Le mouvement ouvrier n’échappe pas à la crise de légitimité. Il se montre incapable de proposer un avenir différent de celui du capitalisme, et même de proposer une voie vers des victoires partielles. Les partis politiques de gauche sont emportés par ce raz de marée qui atteint toutes les « élites », qu’elles soient politiques ou autres.
Le rétablissement de la confiance nécessite une politique efficace pour lutter contre les crises. Ivan Krastev, un politologue bulgare, explique, en prenant l’exemple de l’incapacité des dirigeants de l’URSS d’appréhender la fin de leur monde au moment de la chute du Mur en novembre 1989, l’incapacité des dirigeants du monde occidental à comprendre la fin d’un monde capitaliste [9]. Ils sont dans le brouillard faute d’une théorie qui pourrait leur permettre de dessiner les enjeux et enfermés dans le néolibéralisme. La sortie libertarienne proposée aggrave l’absence de vision générale. Les gouvernants n’arrivent à penser l’État comme le stratège de toute la classe capitaliste, ils ne raisonnent que par rapport à une fraction de classe, celle qui possède aujourd’hui les leviers du pouvoir.
Où sont passées les classes sociales ?
Le contexte actuel est marquée par l’effacement (?) de la lutte des classes. Les classes fondamentales – ouvrière et capitalistes – ne prennent conscience d’elles-mêmes que dans la lutte. Leur réalité sociologique ne permet pas de faire surgir l’intérêt commun de chacune des classes. Sans lutte, elles n’existent pas. Du coup, les intérêts de groupes, de castes même, prennent le pas sur la défense des intérêts de classe. Les classes sociales sont morcelées, agitées d’intérêts divers. Une partie de la classe capitaliste peut choisir une solution contre révolutionnaire pour bloquer toute révolution interne au capitalisme. L’absence de la classe ouvrière sur la scène politique n’oblige pas à la recherche d’une nouvelle théorisation pour analyser la grande transformation en cours .
La crise des années 1930 a suscité des réactions importantes de la classe ouvrière, des luttes qui avaient pour but affiché le socialisme, y compris aux États-Unis. Le mouvement ouvrier, avec la place des partis communistes, du syndicalisme, représentait un contre pouvoir global aux capitalismes. La classe capitaliste avait manifesté un anticommunisme militant tout en répondant à certaines exigences portées par les luttes sociales. Le « New Deal » de Roosevelt aux États-Unis, et La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de Keynes comme nouvelle théorie du nouveau régime d’accumulation en formation, qui allait s’imposer après la Deuxième Guerre mondiale. Le nazisme en Allemagne provenait d’une réaction de peur de la classe dominante devant la possibilité de perdre le pouvoir.
Durant « les trente glorieuses », François Perroux, économiste au Collège de France, allait théoriser la période. Dans La guerre froide, titre de son ouvrage qui fera un temps autorité, il argumentait, de manière convaincante, que le capitalisme ne fonctionne jamais mieux que lorsqu’il existe des contre pouvoirs internes – le Parti communiste pour la France et l’Italie, et les syndicats – et externes – l’URSS. Le capitalisme était contraint de suivre sa pente en la remontant, pour citer André Gide dans Les faux monnayeurs. L’État capitaliste a su intégrer des mesures socialistes comme les services publics ou la Sécurité sociale, qui lui ont permis d’apparaître légitime aux yeux des populations et de connaître une période de longue croissance sans crise.
Révélatrices, a contrario, les politiques mises en place dans les années 1980 qui, via la dérégulation, avaient pour but avoué de détruire ces constructions qui sortaient de la logique de l’accumulation du Capital. Ce faisant les gouvernements ont sapé les bases de leur légitimité, sans en trouver de nouvelles, sauf à imposer une vision du monde qui reposait sur le libre échange et « la mondialisation heureuse », idéologie, aujourd’hui presque oubliée, qui fut à la base de la création en 1995 de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Aucun État ne propose de nouvelles voies, sinon celles de la forme illibérale de l’État, passant désormais par les libertariens à la mode Millei (et Musk), et par la montée des intégrismes religieux, dont les évangélistes. Ces pouvoirs autoritaires pervertissent l’idée même de la démocratie. Ils ne peuvent trouver leur légitimité que dans le nationalisme et la guerre. Poutine est la tête de pont de cette tendance. Comme l’argumente Marie Mendras, « Poutine n’a ni plan de paix ni but de guerre » [10]. Cette analyse s’applique tout autant à Netanyahou, dont le but avoué est de devenir « l’homme providentiel » menant une politique d’extrême droite. La grande question devient comment terminer une guerre ?
Les crises du capitalisme sont nombreuses. La plus importante, la crise climatique, résume toutes les contradictions du développement du capitalisme depuis la première révolution industrielle au 18e siècle en Grande-Bretagne. L’accumulation du Capital n’a pas tenu compte de l’environnement, des capacités de la terre, considérée comme un bien gratuit, à résister aux chocs successifs, et ne s’est pas soucié de la biodiversité. Le capitalisme se heurte à sa limite « historique », résultat d’un processus de développement anarchique, sans plan d’ensemble. La crise climatique est la matrice de toutes les résolutions pour construire, à minima, une autre forme de capitalisme. La révolution est synthétisée par les réponses à cette crise, toutes les autres sont ancrées à celle-la.
Il faut souligner aussi l’extrême plasticité du mode de production capitaliste qui a su, pour citer la devise du duc de Sicile à Tancrède dans « Le Guépard », tout changer pour ne rien changer. Keynes l’avait bien compris et théorisé. La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936) propose, en réponse à la profondeur crise de 1929, une révolution interne au capitalisme qui passe par l’intervention de l’État. L’euthanasie des rentiers qu’il réclamait avait pour but de relancer l’accumulation du Capital en détruisant les conditions qui donnaient un pouvoir disproportionné aux rentiers, lequel obérait la circulation du Capital. Pour conserver l’essentiel : l’accumulation du Capital, la loi des capitalistes.
Les réponses à la crise climatique, matrice de la révolution
Le capitalisme se heurte à ses propres limites, ce qui provoque cette multitude de crises qui témoigne de la nécessité de révolutionner la manière de produire, de consommer, de vivre… La crise climatique oblige à la transformation profonde des villes, de l’architecture, pour retrouver des conditions permettant une nouvelle création de richesse, et, pour le capitalisme, un régime d’accumulation révolutionné pour se perpétuer.
La contre révolution qui s’organise, via les libertariens climato-sceptiques, est interne au capitalisme, elle est menée par des fractions des classes dominantes qui veulent à toute force conserver leur richesse, leur patrimoine, sans refuser l’intelligence artificielle (bizarre oxymore) ou d’autres innovations si elles ne remettent pas en cause la structure du régime d’accumulation créé dans les années 1980. Ces fractions du Capital, qui ne raisonnent que sur le court terme, exigent de l’État des baisses d’impôts pour accroître leur fortune, sans se risquer à augmenter les investissements productifs.
Ce régime d’accumulation a trouvé sa crise systémique – celle qui marque sa fin – en 2007/2008. Depuis, aucune réponse à cette crise n’a été proposée, les « élites » politiques préférant « continuer comme avant ». C’est une voie impossible qui donne naissance à de l’inédit, du jamais vu en termes de profondeur des crises. Un monde capitaliste est en train de sombrer, et les élites font tout pour le minimiser voire l’ignorer. Une contre révolution qui ouvre toutes les portes aux guerres, aux pouvoirs autoritaires, en fonction même de l’aveuglement des gouvernants qui, flottant dans le brouillard des idéologies surannées, sont incapables d’appréhender les changements fondamentaux vitaux pour notre survie.
La grande transformation actuelle pose des questions d’une envergure sans commune mesure avec le passé. Les capitalistes n’ont pas de stratégie unique. Trump lorgne vers les libertariens, Xi Jinping vers la remise en cause des marchés financiers pour planifier les transformations et tenter de faire face aux crises. Tandis que les pays européens pour le moment ne développent aucune stratégie. Chaque pays renoue désormais avec le nationalisme comme seul ciment idéologique possible.
Les sociétés capitalistes ont atteint leurs limites, climatiques, économiques, sociales, politiques. La finance dominante privilégie la distribution de dividendes pour que les riches deviennent encore plus riches. Une caste qui pratique l’entre soi et n’est ouverte à aucun des grands problèmes qui agitent les sociétés, ces révolutions qui devraient faire mourir ce monde d’hier agonisant et faire naître un autre monde.
Le champ des possibles est vaste. Plusieurs combinaisons pourraient se construire. Il n’existe aucun déterminisme. Pour mobiliser les populations, il est vital de se projeter dans l’avenir sans oublier le passé. L’imagination permet de voir l’avenir. Le « principe de réalité », dont les gouvernants font un usage exagéré, tue toute capacité de création. Au contraire de ce faux principe, tout est possible.
Faute de projet, disons « socialiste », d’une classe ouvrière qui prend conscience de ses intérêts communs, la contre révolution s’étendra liée à une nouvelle forme du fascisme. La guerre fait partie intégrante de cette panoplie.
Nicolas Béniès
P.-S.
• « Révolution(s) et contre révolution(s) ». Souffle bleu. 5 mars 2025 :
https://soufflebleu.fr/2025/03/05/trump-image-de-la-contre-revolution-mondiale/
• Publié aussi dans ContreTemps n°64.
• A propos Nicolas Beniès
Nicolas Beniès est économiste de formation. Il est tombé dans la grande marmite du jazz dans son adolescence, une énorme potion magique qui rend la vie différente. Il est devenu naturellement critique de jazz. Il a collaboré un peu à Jazz Hot, à Jazz Magazine. Il a également écrit dans Rouge, Contretemps), la Revue de l’École Émancipée, Le Monde Diplomatique et l’US Magazine. Il a longtemps - 20 ans - proposée, préparée et animée des émissions de jazz sur une radio associative. Il reprendra bientôt cette activité. Conférencier sur le jazz et l’économie, il est l’auteur du Souffle bleu - C&F éditions -, un essai sur le basculement du jazz en 1959 qui a donné son titre au blog/site, et de plusieurs ouvrages sur l’économie dont « Petit manuel de la crise financière et des autres » (Syllepse éditions). Il prépare deux nouveaux ouvrages. Un sur le jazz, « Tout autour du jazz », l’autre sur l’économie « Le basculement d’un monde ».
Notes
[1] Il faut rappeler, pour la France, les déclarations de Serge Tchuruck – que signale également Norbert Hocblat dans son article de ce même numéro -, alors PDG d’Alcatel, qui pensait déplacer le processus de production dans les pays à faible coût du travail pour conserver dans les pays développés le centre intellectuel. La pandémie a révélé l’échec patent de cette stratégie qui a sapé les bases mêmes de la souveraineté des Etats, ainsi que les possibles créations de richesses.
[2] Les Echos du 13 décembre 2024 titre : « Taxis volants, drônes, avions électriques : ces filières que la Chine crée de toutes pièces »
[3] Le Monde daté du 13 décembre 2024
[4] Voir l’article de Norbert Hocblat dans ce même numéro
[5] Le Monde daté du 13 décembre 2024
[6] Musk prônant lui plutôt l’émigration choisie pour bénéficier de tous les « cerveaux ». Deux orientations compatibles.
[7] Chiffres publiés par The Economist et le Financial Times – qui font l’apologie l’un et l’autre de la politqiue de Molei – repris dans l’éditorial de Ouest France du 23 décembre 2024. Courrier international du 19 décembre 2025 cite plusieurs journaux latino américains qui, tous, insistent sur la brutalité de la politique mise en œuvre : baisse des pensions de retraite, suppressions de postes dans les fonctions publiques, dans les petites et moyennes entreprises, suppréssions d’emplois dans l’industrie…
[8] Milei n’a sans doute pas lu – bien qu’il ait des diplomes d’économie – le petit ouvrage de Pierre Salama, La dollarisation (La Découverte, 1989). Les conditios ont changé, mais l’absence de monnaie nationale a des conséquences importantes sur la souveraineté du pays, sur sa capacité à jouer sur la politique monétaire. La dollarisation met en œuvre une sujetion au pouvoir régalien d’une puissance étrangère at à ses intérêts propres.
[9] Entretien dans Le Figaro du 6 décembre 2024
[10] Marie Mendras, interview dans Ouest France du 14 décembre 2024, voir son livre La guerre permanente, l’ultime stratégie du Kremlin, Calmann-Levy, 2024.
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