Se donner les moyens de réagir
Même si cela est contre-intuitif, le gouvernement doit pourvoir les postes vacants dans la fonction publique. « Maintenir le gel d’embauche peut sembler un moyen facile pour diminuer les dépenses de l’État, mais c’est se tirer dans le pied. Pour appuyer nos entreprises et nos concitoyens victimes des sautes d’humeur de Donald Trump et pour réaliser des investissements structurants pour soutenir l’économie, le Québec a besoin de l’expertise et des solutions innovantes de ses professionnelles et professionnels. Ce n’est absolument pas le moment de couper dans l’aide gouvernementale et d’étirer les délais par manque de personnel », prévient Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.
En effet, le gouvernement ne peut envisager sérieusement d’investir dans les ponts et les routes, par exemple, en sabrant dans les effectifs du ministère des Transports et de la Mobilité durable. Ou encore espérer épauler correctement les entreprises pour augmenter leur productivité ou investir en recherche et développement sans donner les ressources nécessaires au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. « Miser sur l’austérité en ce moment, ce serait nuire aux finances du Québec », juge M. Bouvrette.
Des solutions
Pour réduire ses dépenses, le gouvernement devrait prioritairement mettre fin à la sous-traitance devenue endémique dans l’appareil public. « Les consultants connaissent moins bien les besoins de l’organisation et ils sont surtout beaucoup plus coûteux. En moyenne, ils facturent entre 800 $ et 900 $ par jour ! À titre d’exemple, le nombre d’appels d’offres de plus de 100 000 $ a totalisé près de 200 millions $ en 2024 seulement au ministère de la Cybersécurité et du Numérique, c’est énorme ! On peut faire mieux à meilleur prix en développant l’expertise interne », tranche M. Bouvrette.
Le gouvernement devrait aussi cesser d’ajouter des structures et des coûts en créant des agences. « On l’a vu avec Santé Québec. Sa création a fait grimper le nombre de postes de cadres de 12%. Ils étaient environ 200 au ministère de la Santé et des Services sociaux et ils sont maintenant 223 dans les deux structures combinées », déplore M. Bouvrette.
De plus, le gouvernement pourrait augmenter ses recettes fiscales. En 2022-2023, selon le budget, les actions concertées de lutte contre l’évasion fiscale et les fraudes envers l’État ont généré un rendement total de près de 680 millions $. Le rendement par dollar investi des projets financés s’est établi à 8,29$. « En haussant les cibles de récupération fiscale, le gouvernement engrangerait des sommes supplémentaires sans pénaliser les citoyens et les entreprises qui paient déjà leur juste part. Pour y parvenir, Revenu Québec a toutefois besoin de ressources et celles-ci ont besoin d’un bon contrat de travail. Nos membres, sans convention depuis le 1er avril 2024, sont en grève de soirs et de fins de semaine depuis le 18 janvier 2025. Régler ce conflit, c’est investir pour enrichir le Québec », insiste M. Bouvrette.
Finalement, le gouvernement doit se rappeler que ses professionnelles et professionnels sont aussi des contribuables qui paient des taxes et des impôts. Bref ils et elles participent à la santé de l’économie.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l’enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d’État.
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