Mais sous prétexte de renforcer la laïcité dans nos écoles, ce projet de loi ratisse beaucoup trop large.
Prenons, par exemple, le dépôt des planifications annuelles en début d’année scolaire et l’évaluation du personnel à chaque année. Par cette nouvelle exigence, le ministre sous-entend qu’il doute des compétences et du professionnalisme des 105 000 personnes enseignantes à la formation générale des jeunes du réseau public du Québec. Comme si ces personnes devraient être plus encadrées pour garantir la qualité des services offerts aux élèves.
Pour nous, une telle vision est totalement inacceptable. Dans les faits, dans le rapport de vérification publié en janvier 2025, les vérificateurs affirment que « le Programme de formation de l’école québécoise est bien suivi dans les établissements vérifiés » et qu’il n’a pas été nécessaire de recourir à leur mandat de vérification pour l’application de la Loi sur l’instruction publique (ce qui visait notamment l’enseignement des programmes) dans le cadre de leurs travaux.
Bien que ce les événements s’étant déroulés à l’école Bedford soient inacceptables, le problème que le ministre Drainville souhaite régler nous apparaît somme toute isolé. Les encadrements actuels permettent à la direction de s’assurer de la qualité des services dispensés dans son établissement et d’encadrer le personnel qui semble éprouver des difficultés. Les processus de supervision pédagogique et éventuellement disciplinaires sont possibles, et parfois même enchâssés dans les ententes locales.
- Concrètement, ce que la situation révèle, c’est l’échec des gestionnaires à appliquer les mesures qui existent déjà.
En créant un tel projet de loi, le ministre va inutilement beaucoup trop loin, surtout dans un contexte de pénurie, où beaucoup de gens n’ont pas la formation initiale ni leur brevet, alors que plusieurs ne maîtrisent pas les programmes d’études ni les progressions des apprentissages… Il aurait mieux valu miser sur de l’accompagnement des personnes concernées plutôt que d’exiger des planifications et des évaluations comme si tout le monde représentait un danger potentiel pour les élèves. Pour ce qui est des milieux problématiques, des plans d’action ciblés auraient pu être mis en place afin de s’assurer que les gestionnaires fassent adéquatement le travail qui est attendu d’eux.
Si le ministre souhaite changer le narratif en éducation et veut valoriser la profession enseignante, qu’il commence par faire confiance à une vaste majorité d’enseignantes et d’enseignants qui, malgré des moyens souvent limités, accomplissent un travail colossal auprès des groupes d’élèves qui leur sont confiés.
Au cours des prochains jours, la FAE analysera plus finement le projet de loi et sera assurément de retour en commission parlementaire lorsqu’elle aura lieu pour faire entendre la voix des profs qu’elle représente.
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