C’est cette unité des groupes qui fait que le communautaire devient un réel mouvement et non plus l’action de différents groupes ou coalitions, et l’originalité des actions : faire la grève quand on n’est pas syndiqué, créer des zones de grève et occuper symboliquement des endroits symboliques. Et tout cela avec une participation record de groupes, même frileux à faire des actions de visibilité. La nécessaire lutte à l’austérité a créé des liens importants. Depuis dix ans, les groupes surtout en défense, vivent avec le même montant de fonctionnement.
Le ministre Couillard a poussé l’odieux jusqu’à faire la sourde oreille et d’envisager de couper tous les programmes d’aide aux groupes. C’est cette menace de coupures qui a conduit les groupes dans la rue. Les grèves du 1 mai, du 2 et 3 novembre ont permis d’arracher au gouvernement des reconductions de subventions d’abord pour 18 mois puis pour 3 ans. Mais là encore, aucune indexation, ce qui revient encore, après dix ans, à un appauvrissement pour les groupes.
Le 2 décembre, le communautaire, un peu partout mais surtout en régions, a encore pris la rue.
Dans la Capitale nationale, les militants et militantes ont réussi à déjouer des portes barrées de l’édifice Price, d’entrer dans le hall où demeure le premier ministre et où la Caisse de dépôt a ses bureaux pour crier des slogans comme :
« C’est pas le communautaire qu’il faut couper ; mais les patrons et les banquiers. »
À midi, les militantes et militants ont rejoint les membres de la CSN réunis en instance pour se rendre au Parlement et dénoncer les politiques d’austérité du gouvernement Couillard. Jacques Létourneau, président de la CSN a situé dans ce contexte la lutte du secteur public, une représentante de l’Assé a parlé des luttes étudiantes et du soutien au mouvement syndical et une militante du communautaire a expliqué l’importance pour les groupes de l’indexation.
Une manif féministe de l’Assé s’est ensuite déroulée dans le Parc de l’Amérique française. Des militantes du communautaire, de l’Assé se sont fait entendre.
Finalement, la journée s’est conclu par une action de visibilité au coin St-Jean et Honoré Mercier par des banderoles promenées aux feux de circulation et beaucoup, beaucoup de bruit. L’achalandage du lieu a permis de faire connaître davantage les demandes des groupes communautaires.
Une autre journée d’éclat. Combien en faudra-t-il pour que monsieur Couillard sorte le portefeuille ?
Ginette Lewis
Le communiqué :
Occupation en cours
Les groupes communautaires en ont assez du mépris du gouvernement !
Québec, le 2 décembre 2015
–
Une centaine de personnes occupent présentement le hall de l’Édifice Price
afin d’attirer une fois de plus l’attention sur les revendications du mouvement
communautaire. Les manifestantes et manifestants revendiquent le retrait des mesures d’austérité et un meilleur financement pour les groupes d’action communautaire autonome.
Des actions comme celle-ci sont rendues incontournables face au mépris du gouvernement qui n’a toujours pas donné suite au mouvement de grève historique des organismes communautaires des 2 et 3 novembre dernier. Les groupes communautaires sont aux premières lignes pour constater les effets dévastateurs des mesures d’austérité. La détérioration des services affecte directement les droits des personnes marginalisées et en situation de pauvreté, l’austérité creuse les inégalités hommes-femmes et fragilise grandement notre filet social. Les organismes se retrouvent à devoir pallier au désengagement de l’état, sans avoir les ressources nécessaires pour le faire.
L’annonce du ministre Hamad concernant le renouvellement des protocoles d’entente des groupes en défense collective des droits, le 6 novembre dernier, n’a rien changé. Rappelons que les subventions de ces organismes ne sont pas indexées annuellement. Le problème du sous-financement chronique pour l’ensemble de l’action communautaire autonome reste entier et la colère des groupes qui travaillent au quotidien avec les personnes les plus vulnérables de la société ne fait qu’augmenter.
Les groupes communautaires de la région revendiquent :
1. Le respect de l’autonomie des organismes communautaires et la reconnaissance de leur travail comme moteur du progrès social ;
2. Le plein financement à la mission globale de tous les organismes d’action communautaire autonome qui y ont droit ;
3. L’indexation annuelle des subventions pour suivre l’augmentation des coûts de fonctionnement ;
4. La fin des compressions budgétaires et un réinvestissement majeur dans les services publics et les programmes sociaux.
L’ensemble des actions qui se tiendront aujourd’hui, ainsi que la liste régionale des groupes qui seront en grève, sont disponibles sur le site Internet :
www.communautaireengreve.com
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