20 mars 2023 | tiré de pivot.quebec
https://pivot.quebec/2023/03/20/budget-pour-un-reinvestissement-massif-dans-les-services-publics-et-le-filet-social-quebecois/
Nous sommes donc reparti·es pour un nouveau tour de roue : le gouvernement se privera de revenus pourtant essentiels, aggravant du coup les inégalités sociales et le sous-financement chronique des services publics, des programmes sociaux, du secteur communautaire et, de manière générale, du filet social québécois.
Sous prétexte d’aider la population à passer à travers la crise inflationniste, le budget que le ministre Girard présentera mardi prochain va donc durablement priver l’État québécois d’importants revenus. Ceci n’a pas de sens à nos yeux.
Pour donner un peu d’air aux gens qui en ont besoin, ce qu’il faut, ce sont surtout des investissements majeurs en santé et en services sociaux, en éducation, dans les services de garde, dans des logements sociaux et dans l’ensemble des ministères qui servent la population.
À quoi bon une baisse d’impôt, surtout quand celle-ci sera d’abord profitable aux plus fortuné·es ?
Les gens frappés de plein fouet par la hausse des prix ont surtout besoin de pouvoir se faire soigner sans que l’État doive sortir son chéquier pour payer les futurs hôpitaux privés du ministre Dubé.
Payer la facture : geste individuel ou collectif ?
En fait, le gouvernement Legault poursuit le travail de sape entamé par messieurs Charest et Bouchard il y a de cela un quart de siècle, puis par monsieur Couillard plus récemment.
En ne finançant pas adéquatement les services publics, il les abandonne et force ainsi la population à se tourner vers des solutions privées. L’histoire récente a démontré encore et encore que le recours au privé mine non seulement l’accessibilité, la qualité et l’efficience des services, mais encore qu’il génère des coûts beaucoup plus importants que lorsque ces services sont offerts par le secteur public.
Ce que nous ne payons pas collectivement au moyen de nos impôts, nous devons le payer individuellement.
Quand le premier ministre choisit d’aller de l’avant avec une promesse purement électoraliste, il flatte d’une main son électorat en lui faisant miroiter un généreux retour d’impôt. Cependant, de l’autre main, il augmente les factures que ses propres électeur·trices devront payer au quotidien.
Il s’agit là d’une vérité toute simple que la CAQ se garde bien de reconnaître : ce que nous ne payons pas collectivement au moyen de nos impôts, nous devons le payer individuellement par des primes d’assurances qui montent, des loyers qui grimpent ou des factures qui s’empilent – avec, en plus, des profits à payer au secteur privé.
Et pour ceux et celles qui n’ont pas la chance d’avoir les moyens de payer plus ? Ils et elles seraient doublement perdant·es. Non seulement leurs services seront mal financés, mais ils n’auront même pas la chance de profiter des baisses d’impôt parce qu’ils ne font tout simplement pas assez de revenus.
Renforcer le filet social
À l’inverse d’une politique de baisses d’impôt, il faudrait plutôt aller de l’avant avec des investissements majeurs. Trop d’hôpitaux, de cliniques, d’écoles, de collèges, d’universités, de palais de justice, de HLM et de routes du Québec sont en piètre état.
Mais le gouvernement nous propose, conformément à son slogan électoral, de continuer : continuer de laisser dépérir ce qui fait du Québec l’endroit où il fait le mieux vivre en Amérique du Nord, avec pour seule perspective de se rapprocher du modèle américain, cher et inégalitaire.
À la Coalition Main rouge, nous croyons qu’une autre voie est non seulement possible, mais nécessaire.
Pour donner un peu d’air aux gens qui en ont besoin, ce qu’il faut, ce sont surtout des investissements majeurs.
Nous proposons un ensemble de mesures qui permettraient rapidement d’augmenter les revenus de l’État de près de 14 milliards $ par année. C’est selon nous ce chemin qu’il faut emprunter afin de répondre à la crise actuelle et fournir à la population les services auxquels elle s’attend.
Signataires
Robert Comeau, président, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Réjean Leclerc, président, Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
Mélanie Hubert, présidente, Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
Benoît Lacoursière, secrétaire général et trésorier, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU
Tristan Ouimet-Savard, responsable de la mobilisation, Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
Stéphanie Vallée, co-coordonnatrice, L’R des centres de femmes du Québec
Marie-Andrée Gauthier, coordonnatrice générale, Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
Christian Daigle président général, Syndicat de la fonction publique et parapublique de Québec (SFPQ)
Virginie Larivière, porte-parole, Collectif pour un Québec sans pauvreté
Catherine Tragnée, organisatrice communautaire, Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ)
Sylvie Lévesque, directrice générale, Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec
Gaëlle Fedida, présidente, Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles.
André Castonguay, directeur général, Réseau québécois des organismes sans but lucratif d’habitation (RQOH)
Claude Vaillancourt, président, ATTAC-Québec,
Suzanne Chartrand, Debout pour l’école
Dominique Daigneault, présidente, Conseil central du Montréal métropolitain – CSN
Marie-Andrée Painchaud, coordonnatrice, Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM)
Julie Corbeil, coordonnatrice, Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire (TROVEP) de Montréal
Pascal Florant, coordonnateur, Solidarité populaire Estrie
Catherine Caron, éditrice-rédactrice, Revue Relations/Centre justice et foi
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