À quelques semaines de Noël, la pauvreté devient donc « réalité » sur la place publique. Et comme « il faut bien faire quelque chose », la générosité des citoyens est sollicitée. Ces organisations ont certes le mérite de mettre un petit baume sur une misère qui ne disparaîtra pas pour autant, mais tout ce cirque se fait avec la complicité des décideurs, les mêmes qui tout au cours de l’année, y vont de leur générosité fiscale. Il faut aussi, hélas, reconnaître que beaucoup profitent largement… des largesses de l’État !
La saison des guignolées est intégrée dans la structure de la société. On l’a rendue de plus en plus nécessaire au fil des ans. Pourquoi ? Parce que les guignolées occupent dorénavant une place créée par une tradition néolibérale soulignée par un désengagement de l’État, avec pour conséquence une augmentation de la responsabilité individuel au détriment, hélas, de la responsabilité collective. Alors, comme il y a de plus en plus de laissés-pour-compte, les guignolées et autres activités du genre faisant appel à la générosité de tous et de toutes ne cesseront de prendre de l’ampleur. Mais ce n’est pas la solution pour remplir un trou sans fond…
Pour beaucoup trop de familles, de citoyens et de citoyennes vulnérables, les saisons de misère se succèdent à l’année, d’années en années… Nous croyons qu’on devra éventuellement en finir avec ces gestes individuels qui ne changent pas les choses. Mais pour cela, il faudra travailler collectivement à la construction d’une société plus juste, c’est-à-dire qui distribue équitablement la richesse. Quand se pointent les saisons des impôts, des budgets de l’État, des choix politiques, pourquoi ne pas faire justement un choix qui fera la différence, celui de la solidarité et de la dignité ?
Signataires : Jean Cazes, Renée Dubeau, Claude Garneau, Christian Loupret et Monique Toutant, militantEs de l’ADDSQM.
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