PBS News Hour, 16 novembre 2016,
Traduction et organisation du texte, Alexandra Cyr,
John Yang : (…) Suzanne, je veux commencer avec vous. C’est une histoire très compliquée. L’implication du Président désigné dans les affaires est très étendue. Je pense que l’exemple le plus simple est celui du Trump International Hotel, ici à Washington DC. Parlez-nous des potentiels conflits attachés à ce projet.
Suzanne Craig : C’est très intéressant. Cet hôtel vient tout juste d’ouvrir. Il a été en chantier depuis quelques années. Il est situé sur le terrain d’un ancien bureau de poste qui a été intégré à l’hôtel et qui appartient au gouvernement. Donald Trump, l’organisation Trump, a négocié un bail de 60 ans pour opérer cet hôtel dans ces conditions.
Donc il y a un arrangement entre le gouvernement fédéral via une agence appelée GSA et l’Organisation Trump. Le Président désigné aura le pouvoir de nommer la personne qui dirigera cette agence. Donc, nous sommes dans une situation incroyable où une compagnie privée qui est la propriété de celui qui sera prochainement le Président du pays négociera avec une agence gouvernementale dont il aura nommé la direction.
On peut voir le conflit potentiel à 100 milles de distance. La GSA dit qu’en ce moment elle se prépare en vue de cette situation et l’examine. Imaginez ce que cela veut dire et multipliez cele par tant et tant de cas semblables. Imaginez aussi tout ce qui peut arriver compte tenu des multiples compagnies dont D. Trump est propriétaire et tous les intérêts financiers qui le concernent.
J.Y. : Suzanne, des travailleurs-euses de cet hôtel pourraient vouloir se syndiquer.
S.C. : Oui. Cela se passe en ce moment à Las Vegas. Le Président désigné est copropriétaire d’un hôtel. Les travailleurs-euses tentent de se syndiquer. Le National Labor Relations Board est composé en partie de personnes nommées par le Président (américain). Il vient de prononcer un jugement à l’encontre de D. Trump quelques jours avant son élection. Voilà encore un exemple en temps réel des conflits entre les intérêts privés, les holdings privés et des agences gouvernementales dont le Président aura nommé des membres.
J.Y. : Robert Weissman ; M. Hope Hicks, le porte-parole du Président désigné, dit que M. Trump va se plier à toutes les règles et toutes les régulations qui s’appliquent. Quelles sont ces règles et régulations ?
Robert Weissman : Il n’y en a pratiquement aucune.
S.G. : Exact.
R.W. : Un tas de règles, de règles éthiques s’appliquent aux fonctionnaires, aux membres du Congrès. Pour ce qui concerne ce dont nous parlons en ce moment, très peu s’appliquent au Président sauf pour ce qui est d’accepter des cadeaux de gouvernements étrangers.
J.Y. : Pas de lois, rien qui parle de son patrimoine ?
R.W. : Il n’y a pas de loi, il n’y a que le bon sens. Nous sommes face à une situation de conflits d’intérêts sans précédent. Le bon sens nous dit que le Président doit se défaire de toutes ses affaires pour éviter ces conflits qui seront légion. Cela va de la santé des travailleurs-euses, aux situations de sécurité, des droits des travailleurs-euses dont nous parlions il y a un instant, au traitement fait aux entrepreneurs avec qui le gouvernement passe des contrats, à la protection des consommateurs, au fonctionnement du système de justice, aux lois sur les faillites, aux lois fiscales et même jusqu’aux orientations en matière de politique étrangère.
C’est une très longue liste de conflits potentiels qui vont se produire à moins qu’il ne se défasse de ses liens avec toutes ses affaires.
J.Y. : Il dit que ce seront ses enfants qui vont gérer ses affaires. Et Rudy Giulanii déclare : « Il faut avoir un peu confiance dans l’intégrité du Président. Je ne pense pas qu’il y ait quelque que doute que ce soit qu’il va tenter de s’enrichir en étant Président ».
S.C. : Oui.
R.W. : Mais ça ne change rien. Il sera toujours propriétaire de l’Organisation Trump même s’il laisse ses enfants la diriger. Et, en même temps, plusieurs de ses enfants seront impliqués dans son administration et dans l’élaboration de ses politiques.
J.Y. : Suzanne, nous avons parlé du cas de cet hôtel. L’immobilier est son secteur d’affaire. Il profite des bas taux d’intérêt bancaires pour prospérer en ce moment. Il dit qu’il ne peut pas publier son rapport d’impôt parce qu’il est sous examen. Expliquez-nous comment tout cela s’emmêle avec la fonction de Président.
S.C. : (…) Ces conflits et conflits potentiels existent. Mais il existe aussi beaucoup de débats sur les raisons pour lesquelles il y a des appels au retrait complet (de D. Trump de ses affaires), de ses actifs. Ce que je veux dire, c’est que vous ne pouvez pas laisser vos enfants les diriger et ne pas savoir quels sont vos actifs, spécialement dans le secteur immobilier. Ce sont des actifs fixes. Il sait comment ils sont financés.
Donc, à moins que vous ne vous en retiriez complètement, il n’y a aucun moyen d’empêcher ces conflits d’intérêts ou potentiels conflits d’intérêts d’arriver. Qu’il n’ait toujours pas publié ses rapport d’impôt est aussi inquiétant. Nous ne connaissons toujours pas exactement sa situation financière et l’ampleur de ses actifs à l’étranger.
Cette situation est si vaste et importante…On finit par se dire qu’on nous n’arriverons jamais à pouvoir dire avec assurance si une situation qui se présente est due à un conflit d’intérêt. J’ai écrit un article cette année où je devais donner le nombre des ses locataires. Mais seules les données de l’Organisation Trump étaient accessibles, celles provenant des immeubles dont elle est propriétaire à 100%. Nous avons trouvé des prêts avec des partenaires qui n’étaient pas publiés et ainsi de suite. J’étais dans une sorte de bourrage de crâne et je ne travaillais que sur de potentiels conflits dans ce qui n’était pas encore là mais que je découvrais. C’est face à cette situation que j’en viens à penser que nous n’arriverons à être complètement rassurés-es à moins d’un retrait total (du Président désigné de la gestion de ses affaires). Ce n’est pas ce qui s’annonce et les conflits d’intérêt vont se poursuivre. C’est très troublant.
J.Y. : Robert, (…) Que peut-on faire ? Et que souhaitez-vous voir arriver dans cette situation ?
R.W. : En fait il n’y aucun moyen de vraiment pouvoir contrôler ce que le Président désigné fera de ses promesses de campagne par rapport à la corruption à Washington, de mettre fin aux arrangements des initiés-es et le maintient de le maintient de son regard sur ses intérêts d’affaires.
Il va donc devoir défendre ses positions sinon il va discréditer toutes ses promesses de campagnes.
J.Y. : Merci à vous deux.
1.Ex maire de New York qui est dans le proche entourage de D. Trump depuis le début de sa campagne. N.d.t.