Édition du 12 novembre 2024

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COP21

La faute du GIEC

A partir de ce 22 avril, l’accord de Paris sur le climat est ouvert à ratification au siège des Nations Unies, à New York. L’occasion d’émettre un avis critique sur le rôle du GIEC dans l’élaboration des stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le contenu de ce billet ne plaira pas à certains de mes amis. Je pense que le GIEC est pour ainsi dire complice de l’enfumage de l’opinion publique mondiale par les gouvernements. Il se présente comme objectif, mais ne l’est pas.

L’enfumage consiste à faire croire qu’un basculement climatique peut être évité sans questionner la croissance économique. Le dernier rapport du GIEC, en particulier le volume 3 sur la mitigation des émissions, vient en appui de ces affirmations. On y fait état de scénarios de stabilisation attestant qu’il est encore possible de ne pas dépasser 2°C, voire même 1,5°C de réchauffement, à condition de commencer à réduire les émissions en 2020.

Le souci est que 95% de ces scénarios incluent le déploiement massif de technologies hypothétiques, dangereuses et contestables, notamment l’appropriation massive des écosystèmes pour maximiser l’absorption de CO2, d’une part, et la combustion de la biomasse avec capture séquestration géologique du CO2, d’autre part. Un optimum est atteint quand les deux méthodes sont combinées, mais les conséquences sociales sont redoutables (concurrence entre cultures énergétiques et vivrières) et le principe de précaution n’est pas respecté (la sûreté à long terme du stockage géologique ne peut être pas être établie).

Ces technologies font irruption dans les modèles parce qu’elles permettent de tenter de concilier les impératifs de la protection du climat et ceux de la croissance économique sans laquelle le capitalisme ne peut survivre. Une démarche scientifique objective devrait examiner aussi une autre voie : produire moins (en commençant par supprimer les productions inutiles et nuisibles) et partager davantage…

La faute du GIEC est d’exclure d’emblée cette hypothèse en posant pour présupposé « des marchés qui fonctionnent pleinement et un comportement de marché concurrentiel » guidé par l’efficience-coût. Autrement dit : le capitalisme. Dommage que des spécialistes qui ont tant fait pour la prise de conscience se prennent le pied dans le tapis en confondant une loi naturelle et une loi sociale.

A paraître dans « Politique, revue de débats », mai-juin 2016

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