Édition du 17 décembre 2024

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Politique canadienne

Remise du contrôle de la frontière canadienne à l’impérialisme américain

La conception de souveraineté du gouvernement Harper doit être combattue

Le 7 septembre, le premier ministre Stephen Harper et le président des États-Unis Barack Obama ont annoncé que le Canada et les États-Unis ont convenu de mettre en oeuvre « deux plans d’action conçus pour accélérer les échanges commerciaux et les déplacements légitimes, pour améliorer la sécurité en Amérique du Nord et pour aligner les approches des deux pays en matière de réglementation. » À la conférence de presse à Washington, Harper a dit : « Ensemble, ces accords représentent le plus important pas en avant dans la coopération entre le Canada et les États-Unis depuis l’Accord de libre-échange nord-américain. »

Le gouvernement Harper a annoncé son intention de mettre sur pied un nouveau système de vérification des entrées et sorties qui permettra aux autorités américaines de surveiller de près quiconque arrive au Canada ou quitte le Canada par air, mer et terre. Les agents des douanes pourront envoyer aux autorités américaines des renseignements « additionnels » sur « les personnes à risque ».

Les nouvelles mesures annoncées à Washington comprennent les suivantes :
« – Le Canada et les États-Unis mèneront des évaluations conjointes du renseignement sur les menaces à la sécurité nationale et les menaces terroristes à nos frontières, à l’intérieur et à l’extérieur de nos frontières, pour en venir à une compréhension commune des menaces hautement prioritaires qui nous sont communes.

« – Le Canada et les États-Unis passeront en revue les pratiques actuelles d’échange à travers la frontière d’information entre les forces de l’ordre et les organisations chargées de la sécurité nationale pour déterminer comment il serait possible de les améliorer, de manière responsable.

« – Les deux pays vont collaborer à la recherche et à la mise en commun des bonnes pratiques relativement aux efforts déployés pour contrer l’extrémisme violent, notamment au moyen d’approches axées sur les communautés.

« – Les deux pays vont faire appel à des méthodes améliorées pour bloquer de manière plus fiable les voyageurs qui présentent un risque élevé et pour empêcher des personnes inadmissibles de monter à bord d’un avion à destination de l’un ou l’autre pays.

« – Une vérification des entrées et des sorties sera instaurée pour que chacun des deux pays puisse compter le nombre de personnes qui entrent et qui sortent, afin de faire respecter les programmes d’immigration et autres du Canada.

« – Les deux pays s’engageront à échanger davantage d’information sur les personnes désireuses de se rendre dans l’un ou l’autre pays, afin que chacun soit mieux informé, pour déterminer de façon indépendante, qui est admissible et qui ne l’est pas. »

Selon le communiqué de presse du bureau du premier ministre, « les deux plans d’action respectent la souveraineté des deux pays et énoncent clairement que ces derniers travailleront ensemble pour promouvoir les principes du respect des droits de la personne, de la protection des renseignements personnels et des libertés civiles, principes essentiels pour assurer la primauté du droit et la gestion efficace de notre périmètre. »

Les assurances sur le « respect des droits de la personne, de la protection des renseignements personnels et des libertés civiles » ne sont guère rassurantes à la lumière de ce que nous savons des agissements du Canada en matière de renseignement et de surveillance. Il est connu que le Canada a donné de fausses informations aux agences de sécurité américaines qui ont ensuite été utilisées à mauvais escient et il y a plusieurs exemples de cas où les forces policières du Canada ont accepté d’échanger des prisonniers et ont permis que les forces américaines soumettent des ressortissants canadiens à la torture ou à la déportation vers la torture. Même les médias monopolisés comme le National Post font remarquer que depuis que le périmètre de sécurité et de prospérité a été annoncé, en février dernier, les pourparlers restent secrets et beaucoup d’inquiétudes sont soulevées à propos d’intrusions possibles dans la vie privée de citoyens canadiens et de la perte de la souveraineté nationale.

Les mesures annoncées signifient que les autorités américaines pourront empêcher ceux qu’elles considèrent comme « des personnes à risque » d’entrer aux États-Unis et au Canada en utilisant comme critère les opinions politiques, religion ou nationalité, et pourront les emprisonner et les persécuter comme elles l’ont déjà fait. Ce sont des mesures alarmantes. On ne peut ignorer les agissements passés des gouvernements canadiens qui ont collaboré à la diffamation de citoyens et résidents canadiens. Le gouvernement Harper est allé jusqu’à déclarer des personnes des criminels de guerre et des terroristes en passant outre à toutes les procédures établies. Il va jusqu’à prétendre avoir le droit de le faire impunément parce que les « avantages » sont plus grands que les « désavantages » que sont les atteintes aux droits et libertés.

Le gouvernement Harper conclut son communiqué en déclarant tout bonnement : « À mesure que les plans d’action seront mis en oeuvre, le gouvernement consultera le Parlement et les Canadiens, et les tiendra au courant de l’avancement des travaux. » Nous sommes censés accepter que toutes ces décisions soient prises dans le secret et croire le gouvernement quand il dit que tout cela est fait pour améliorer la sécurité des citoyens canadiens et américains. En réalité, tout cela fait partie de l’annexion du Canada aux États-Unis, qui soumet les ressources naturelles et humaines et même l’État du Canada au contrôle de l’impérialisme américain.

(tiré du bulletin du PCC-ml, 8 décembre 2011)

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