Édition du 12 novembre 2024

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Le blogue de la présidente de la FIQ

La FIQ toujours à l’offensive !

Qui aurait cru que 11 mois plus tard, cette pandémie de COVID-19 paralyserait encore nos vies ? 11 mois où l’on a vu des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs essentiel-le-s répondre présent-e-s pour la santé et la sécurité de toute une population durement éprouvée par cette pandémie. Au nombre de celles-ci, il y a les professionnelles en soins qui sont assurément celles les plus touchées par cette pandémie.

Mais si la crise sanitaire actuelle confère au gouvernement des pouvoirs exceptionnels rendant notre travail plus difficile, nous continuons notre offensive tant aux niveaux médiatique, juridique que politique pour la défense des professionnelles en soins qui doivent œuvrer dans ce contexte exceptionnel. Soyez assurées que la FIQ, la FIQP et les syndicats affiliés sont à pied d’œuvre pour que le gouvernement et les employeurs changent leur approche autoritaire en une gestion davantage empreinte de bienveillance et d’écoute.

La responsabilité du gouvernement

Après 11 mois à se serrer les coudes, à se mobiliser et à être solidaires, l’essoufflement et la fatigue des troupes sont bien palpables. La résultante ? Il y a de moins en moins de professionnelles en soins dans le réseau de la santé et celles qui y sont toujours sont de plus en plus épuisées, démoralisées et même révoltées. Ce gouvernement et les employeurs du réseau savent que les professionnelles en soins étaient confrontées, bien avant la pandémie, à des conditions de travail difficiles avec le temps supplémentaire obligatoire. Mais en nous condamnant davantage aux travaux forcés, il nous envoie un message bien différent de celui qu’il nous adresse lors de ses points de presse réguliers. Encore aujourd’hui, les arrêtés ministériels conférant des pouvoirs coercitifs et démesurés aux employeurs sont en vigueur.

Le gouvernement doit comprendre que les professionnelles en soins ont besoin d’être entendues et soutenues.

Encore se battre pour une protection élémentaire

La santé et la sécurité au travail ne devraient pas faire partie des luttes que doivent mener quotidiennement les professionnelles en soins en temps de pandémie. Pourtant, c’est encore le cas.

La santé et la sécurité, ça commence par l’importance de permettre aux professionnelles en soins d’avoir des congés et des moments de repos. La fatigue, le stress et la charge de travail qu’elles vivent nécessitent qu’elles puissent s’arrêter, autant que faire se peut, pour recharger leurs batteries.

Par ailleurs, il est inconcevable que le gouvernement s’objecte toujours à fournir tout l’équipement de protection individuelle adéquat, conformément aux normes… et à la science. Bloquer l’accès aux masques N95 est illogique et l’entêtement du gouvernement devient extrêmement inquiétant. Pourquoi tant de résistance face à une demande qui tombe strictement sous le sens ? On ne lâchera pas le morceau !

Et en ce qui a trait à la vaccination, vous avez été nombreuses, et avec raison, à soulever des questionnements au cours des dernières semaines. Les professionnelles en soins étant dans les groupes prioritaires, les changements dans le plan de vaccination du gouvernement ont parfois manqué de clarté et d’explications pouvant ainsi susciter des inquiétudes. A quelques reprises, la FIQ a dû réclamer au gouvernement plus de transparence dans sa stratégie de vaccination et les arguments qui orientent leurs prises de décisions. Si l’on veut que les professionnelles en soins adhèrent massivement à la vaccination, elles doivent avoir confiance tout au long du processus.

La main-d’œuvre indépendante

Dans le contexte extrêmement difficile, le double standard entraînant des iniquités entre le personnel du réseau et celui des agences de placement a soulevé beaucoup d’indignation de votre part. Cette indignation, notre organisation la partage entièrement et c’est pour cette raison que nous faisons pression sur le gouvernement afin qu’il mette un terme à cette profonde injustice.

Il n’est pas normal que les professionnelles en soins des agences aient droit à des horaires réguliers et aux quarts de travail qu’elles souhaitent, pendant que leurs collègues du réseau public sont les seules contraintes aux horaires de 12 heures, en vertu de l’arrêté 007 ; à devoir travailler à temps complet même si elles occupent un poste à temps partiel ou à se voir imposer tous les temps supplémentaires obligatoires.

Au nom de la crise sanitaire, le gouvernement s’est octroyé beaucoup de pouvoirs. À l’heure où tout le monde cherche des solutions afin de ne pas perdre davantage de personnel, il n’y a aucune raison valable qui empêche le gouvernement d’imposer de nouvelles règles aux agences et à leur personnel. La main-d’œuvre indépendante doit être assujettie aux mêmes conditions de travail que les professionnelles en soins du réseau public. Il ne fait aucun doute pour nous que le gouvernement doit prendre cette décision si on veut être en mesure d’affronter les prochaines semaines et les prochains mois.

La phase de délestage

Le réseau de la santé est récemment entré dans une phase de délestage sans précédent. Ce délestage entraîne le déplacement de plusieurs professionnelles en soins dans les milieux où les besoins sont les plus criants. Malheureusement, on voit certaines erreurs des derniers mois se perpétuer et nous sommes déjà en action afin que le gouvernement et les employeurs corrigent rapidement le tir.

Pas plus tard qu’il y a quelques jours, lors d’une rencontre avec le ministre de la Santé, Christian Dubé, et Dre Lucie Opatrny, sous-ministre adjointe à la Santé, j’ai personnellement insisté sur le fait que le délestage doit se faire de manière ordonnée, intelligente et respectueuse des professionnelles en soins. Il faut s’assurer que celles qui doivent aller prêter main-forte aient tout l’appui et la formation nécessaires afin qu’elles puissent apporter une aide adéquate et sécuritaire tant pour elles que pour les patient-e-s. Les professionnelles en soins ont une expertise et des compétences précieuses, mais elles peuvent aussi avoir des limites qu’il est impératif de respecter. Si vous jugez que le délestage ne s’effectue pas avec un minimum de normes professionnelles et que cela dépasse vos limites, n’hésitez pas à le dénoncer auprès de votre équipe syndicale. Cela me permettra de faire les suivis rapides avec l’équipe du ministre de la Santé et de recadrer dans les meilleurs délais la mauvaise approche des employeurs.

Plusieurs d’entre vous avez été estomaquées d’entendre les autorités évoquer cette semaine la possibilité de revoir certains soins offerts afin de donner plus de patient-e-s, entre autres, aux infirmières si cela devenait nécessaire. Cette grande opération de délestage démontre que le réseau de la santé est repoussé dans ces derniers retranchements et malheureusement, la réponse ne réside sûrement pas dans l’augmentation du nombre de patient-e-s par professionnelles en soins, car elles en ont déjà beaucoup trop ! Mais si différents scénarios sont à l’étude, ne laissons pas des gestionnaires juger de la pertinence de ce qui est bon pour les patient-t-s ou pour le réseau. Impliquons celles qui sont les mieux placées pour prendre des décisions si importantes. Voilà, un autre message que nous avons passé à l’équipe de M. Dubé.

Actuellement, tous les voyants du tableau de bord sont au rouge et le gouvernement doit dès maintenant s’atteler à les éteindre s’il veut traverser le dernier droit de cette pandémie. Jusqu’à présent, les professionnelles en soins ont fait beaucoup trop de sacrifices dans leur vie personnelle et familiale et il y a des limites à cette abnégation totale. Messieurs Legault et Dubé doivent saisir que les infirmières, les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes et les perfussionnistes cliniques sont des professionnelles en soins qui veulent être reconnues pour le travail qu’elles font, mais aussi elles veulent être respectées pour les besoins qu’elles ont.

Nancy Bédard

Présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ)

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