Édition du 12 novembre 2024

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Logement

La Commission populaire itinérante sur le droit au logement inquiète de la crise vécue en Abitibi-Témiscamingue (FRAPRU)

ROUYN-NORANDA, QC, le 22 nov. 2012 - La profonde pénurie de logements locatifs, qui affecte l’ensemble de l’Abitibi-Témiscamingue depuis plusieurs années, sera au cœur des préoccupations lors de l’audience à Rouyn-Noranda, de la Commission populaire sur le droit au logement, initiée par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). L’audience, organisée en collaboration avec la toute nouvelle association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue et le Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (RÉPAT), permettra à plusieurs personnes en difficulté de témoigner de leur situation. Des organismes de toutes sortes feront aussi entendre leurs préoccupations quant aux effets que la pénurie a sur le respect du droit au logement et d’autres droits qui y sont reliés, dont ceux à l’alimentation, à la santé, à la sécurité ou à l’égalité.

La Commission, qui a amorcé ses travaux le 12 octobre à Kuujjuaq, au Nunavik, les terminera demain dans la communauté anishnabe de Lac-Simon. En six semaines, elle aura tenu 19 audiences dans les 17 régions administratives du Québec. Les commissaires qui ont fait le voyage en Abitibi-Témiscamingue sont Me Lucie Lamarche, professeure à l’Université d’Ottawa et experte en droits sociaux, économiques et culturels, Marcel Duhaime, représentant de la Ligue des droits et libertés du Québec, et Simon Tremblay-Pépin, chercheur à l’Institut de recherches et d’informations socio-économiques (IRIS).

Une crise qui perdure

Lors d’un campement symbolique précédant l’audience et auquel se sont joints 25 membres du FRAPRU venus de la région de Montréal, Danik Laporte, du RÉPAT, a rappelé que l’Abitibi-Témiscamingue est entrée dans sa huitième année de pénurie de logements locatifs : « C’est Val-d’Or qui a été la première ville touchée, puis ce fut au tour de Rouyn-Noranda et plus récemment d’Amos et de bien d’autres municipalités pour lesquelles les statistiques ne sont pas disponibles, mais où la réalité est bien visible. Au printemps 2012, le taux de logements inoccupés était de 0,1 % à Amos, de 0,2 % à Val-d’Or et de 0,3 % à Rouyn-Noranda, alors que le taux considéré normal est de 3,0 %. Comment ne pas parler de crise dans les circonstances ? Or, ce sont les personnes et les familles qui ne bénéficient en rien du boom économique de la région qui en font davantage les frais ? ».

Il en veut pour preuve l’augmentation du coût du logement qui, depuis 2005, a été de 22 % à Amos, de 20 % à Rouyn-Noranda et de 13 % à Val-d’Or. La discrimination frappe aussi durement les familles avec enfants, les ménages à l’aide sociale ou encore les personnes d’origine autochtone.

La pénurie ne disparaîtra pas par magie

François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, estime qu’il faudra des gestes énergiques des gouvernements pour augmenter l’offre de logements en Abitibi-Témiscamingue et assurer plus adéquatement le respect du droit au logement. Il fait remarquer qu’au cours des neuf premiers mois de 2012, à peine 30 logements locatifs privés ont été mis en chantier dans les trois principaux centres urbains de la région, soit 24 à Rouyn-Noranda, 3 à Amos et 3 à Val d’Or : « Ce n’est pas avec une aussi faible construction d’appartements qu’on va sortir de la pénurie de logements locatifs ; si le privé ne veut pas construire, c’est aux gouvernements de prendre la place, en finançant un plus grand nombre de logements sociaux ».

M. Saillant estime aussi qu’en dépit de la pénurie, l’Abitibi-Témiscamingue n’a pas été choyée au chapitre du logement social : « En cinq ans, du 1er janvier 2007 au 31 décembre 2011, à peine 146 logements sociaux ont été achevés dans toute la région. C’est bien peu, compte tenu de la gravité de la crise ». Il estime que le budget présenté mardi par le ministre des Finances, Nicolas Marceau ne contribuera pas réellement à améliorer la situation : « Le gouvernement péquiste a respecté, au minimum, son engagement d’ajouter 3 000 logements sociaux par année au Québec, mais sans prévoir de planification à plus long terme et sans offrir de subventions additionnelles pour les régions comme l’Abitibi-Témiscamingue où les projets sont bloqués, parce que les coûts de consruction sont plus élevés qu’ailleurs au Québec ».

Le FRAPRU blâme aussi le gouvernement fédéral qui, en 2012-2013, n’accorde au Québec que 57,7 millions $ pour l’ensemble de ses programmes d’aide à l’habitation, qu’il s’agisse d’AccèsLogis, de la rénovation domiciliaire ou de l’allocation-logement. Si tout cet argent avait été investi dans AccèsLogis, il n’aurait représenté que l’équivalent des subventions gouvernementales pour environ 800 logements sociaux !

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