.
De Paris, Omar HADDADOU
Osons la conjecture ! Un rouleau compresseur se mettra en branle, laissant derrière lui Gaza en ruines.
Hébétée, la communauté internationale se penchera sur le cauchemar qui dure depuis 11 jours. De l’autre côté, on criera Victoire sur des chars ! Oui, on peut venir à bout d’une casemate, un tunnel, mais - sans apologie aucune - pas sur la détermination d’un peuple. Dans ces attaques glaçantes qui bousculent tout le paradigme du dialogue, de la coexistence et de la politique expansionniste, il y a occultation médiatique et historique délibérée de la cause à effet.
Pour l’heure, les militaires sont appelés au casse-pipe et les civils à sauver leur peau : « Je ne saurais insister pour dire aux habitants de Gaza qu’il est maintenant temps de partir », déclarait le lieutenant-colonel israélien, Jonathan Conricus sur CNN, dans la nuit de samedi à dimanche.
Depuis la Knesset, ce lundi 16 octobre, le Premier ministre B. Netanyahou, après avoir apporté un démenti quant à l’accord de cessez-le-feu, assène : « Notre objectif est de renverser le Hamas ». Les engagements armés baptisés « Epée de fer » et « déluge d’Al-Aqsa » ne semblent laisser, pour le moment, de place à la Diplomatie. Le Ministère palestinien de la Santé a annoncé, ce lundi, que le bilan des victimes dans Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre, s’est alourdi à 2 808 morts et 10 950 blessés. En essuyant l’avanie sanglante d’un assaut historique, le Tsahal n’a qu’une option : riposter ! Certaines plumes françaises l’exigent même sans ambages. On parle ici, depuis quelques heures, d’usage éventuel par Israël de « munitions au phosphore blanc » à Gaza et au Liban.
La substance chimique inflammable au contact de l’oxygène, produit une chaleur extrême atteignant 815 °C, et un écran opaque. Rien de mieux pour donner du tonus aux hostilités. Sur les plateaux télévisés, les adeptes des représailles crient à la vengeance, à l’éradication du mouvement armé Hamas. Bien qu’interdit par le Droit international, le siège total de la bande de Gaza se met en place au moment où plus d’un million de Palestiniens (es) sont tassés à la frontière égyptienne, fermée jusqu’à présent.
Dans ce contexte où il est impératif de rendre hommage aux victimes, la coalition de la dernière minute du bloc Est, ravivée par l’Iran et le Hezbolallah libanais, donnera -t-elle une nouvelle configuration de rapports de force, avec l’entrée en scène de la Chine, la Russie et nombre de pays musulmans. D’où les manœuvres préventives des Etats-Unis, initialement menaçants par la teneur du discours. La réponse du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi n’a pas laissé les observateurs indifférents : « La racine profonde de la situation entre la Palestine et Israël est que le droit du peuple palestinien à la souveraineté, a été mis de côté ».
Mesurant l’étendue de l’embrasement de la région et la recrudescence des attentats, Washington a opté, in fine, pour le dialogue, annonçant un déplacement de Joe Biden en Israël dans les jours à venir. Appelé à la rescousse par l’Etat hébreu, le pays de l’Oncle Sam, qui a toujours donné quitus à Netanyahou de poursuivre la colonisation par la construction effrénée des Kebboutz, a dépêché un second porte-avions en Méditerranée orientale, en guise d’opération de dissuasion des actions hostiles contre Israël. Craignant un drame humanitaire pour les 2,3 millions Palestiniens de la bande de Gaza, l’Union européenne, sous la pression de l’OMS, a appellé à la création d’un pont aérien via l’Egypte. Onze franco-israéliens figurent parmi les 200 otages capturés par les commandos du Hamas et du Jihad islamique. La France est passée en alerte rouge du plan Vigipirate et Opération Sentinelle, mobilisant 7 000 militaires avec de nouvelles mesures de sécurité.
Là où il repose, Arthur Balfour peut se targuer d’avoir donné du fil à retordre à l’Humanité !
O.H
Un message, un commentaire ?