Tiré de Entre les lignes et les mots
L’auteur rappelle les positions de Benito Mussolini, « les fascistes « représentent l’antithèse nette, catégorique, définitive de la démocratie ». Le 7 avril 1926, lors de l’installation du directoire national du parti fasciste, il déclare que le fascisme « repousse dans la démocratie, l’absurde mensonge conventionnel de l’égalité politique, l’esprit d’irresponsabilité collective et le mythe du bonheur et du progrès indéfini. Il nie que le nombre puisse gouverner au moyen d’une consultation périodique ; il affirme l’inégalité irrémédiable, féconde et bienfaisante des hommes, qui ne peuvent devenir égaux par un fait mécanique et extrinsèque tel que le suffrage universel » et insiste sur « le fait que le mouvement ouvrier a représenté, d’une certaine façon, le noyau fondamental et central des antifascismes ». Des antifascismes. L’auteur propose une périodisation qu’il détaillera dans le livre.
Chapitre 1. Les années 1960 : Algérie, Vietnam
Chapitre 2. Les années 68
Chapitre 3. Des années 1980 à no jours : Le Front National-Rassemblement National ou l’extrême-droite durable
Chapitre 4. Associations et réseaux antiracistes et anti-FN
Chapitre 5. Les organisations politiques : Gauche et extrême-gauche face au Front National
Chapitre 6. L’extrême-droite à la recherche du monde ouvrier : les organisations syndicales face au Front National
Chapitre 7. Centres de documentation, revues, maisons d’éditions.
Contre l’extrême-droite nous ne partons de rien. Les analyses et les pratiques du passé ne doivent pas être oubliées. Jean-Paul Gautier procède à une revue détaillée des positions et des actions depuis les années 1960. Guerre d’Algérie et actions terroristes de l’OAS, antifascisme comme « une thématique, un mode de mobilisation et d’intervention », manifeste des 121, Front universitaire antifasciste (FUA), guerre du Vietnam et « FLN vaincra », état fort ou « fascisation du régime », réponses face au Front national, etc.
Il est important de connaître les positions et les actions des un·es et des autres. Cette mémoire de résistance peut-être une des bases des résistances d’aujourd’hui face aux droites extrêmes dont les orientations ne sont pas réductibles à la défense de l’ordre/désordre existant. Car si le néolibéralisme porte en lui des atteintes non négligeables à la démocratie « réellement existante », les fascistes et les extrêmes-droites veulent la destruction de toutes les organisations indépendantes des citoyen·nes et des salarié·es. Leurs avancées sont faites de nos reculs…
« Comme nous l’avons précisé en introduction à cette étude, l’antifascisme revêt donc de multiples facettes, avec une grande diversité, ne représente pas un seul courant politique ou une seule classe social et pose nécessairement la question de la définition du fascisme ».
En conclusion Jean-Paul Gautier revient sur la multiplicité des composantes de l’antifascisme, sur les principes « d’égalité, de démocratie et de citoyenneté », sur la nature des organisations d’extrême-droite dont celle du Rassemblement National, sur le fascisme du futur, « Face à la montée de l’extrême-droite au niveau international et particulièrement en Europe, la mobilisation des différentes forces antifascistes nous semble de plus en plus d’actualité et apparaît comme une nécessité vitale face aux dangers que représente l’extrême-droite »
Jean-Paul Gautier : Antifascisme(s). Des années 1960 à nos jours
Editions Syllepse, Paris 2022, 324 pages, 20 euros
Didier Epsztajn
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