Les impacts de ce développement insensé des énergies sales portent sur plusieurs volets. L’augmentation importante des émissions de GES liée à l’expansion planifiée des sables bitumineux, un des projets énergétiques les plus polluants de la planète, est inacceptable dans le contexte de l’urgence d’agir face aux changements climatiques. Les tentacules des oléoducs qu’Enbridge et TransCanada veulent étendre à l’ouest, au sud et à l’est visent justement à permettre cette expansion. Le Canada et le Québec doivent respecter leurs engagements de réduction des GES et pour ce faire, ces projets d’oléoducs ne doivent pas voir le jour. C’est d’autant plus injustifiable que le pétrole est destiné aux marchés d’exportation et non à la consommation locale.
Un virage vers les énergies propres doit prendre forme partout au monde. Au Québec, nous avons une longueur d’avance grâce à nos sources renouvelables mais les pétrolières tentent, avec ces lourdes infrastructures, de verrouiller pour des décennies, les économies et le développement énergétique dans les combustibles fossiles, ce qui est exactement le contraire des recommandations de la communauté scientifique et même de la Banque mondiale dans son rapport de 2010, Développement et changements climatiques, qui démontre très clairement l’ampleur des dommages économiques liés au réchauffement planétaire. Un avenir climatique sécuritaire ne peut être espéré que si nous gardons dans le sol au moins 50% des réserves de pétrole restantes.
De plus, le projet d’oléoduc vers l’est de TransCanada, remplacerait le transport du gaz naturel conventionnel de l’Ouest, un combustible fossile moins dommageable pour l’environnement, par le pire des pétroles, conservant ainsi le gaz pour renforcer une expansion considérable des sables bitumineux. Un vrai cercle vicieux !
« Avec le souvenir encore brûlant de la tragédie de Lac-Mégantic, il faut également savoir que l’augmentation de production et de transport du pétrole, peu importe le moyen utilisé, se traduira inévitablement par des accidents plus fréquents dans plusieurs villes et villages du Québec » déclare Kim Cornelissen, vice-présidente de l’AQLPA. L’oléoduc n’est pas un moyen de transport plus sécuritaire que le rail : selon l’Association of American Railroads, le volume de pétrole déversé lors du transport par rail est de moins de 1% de volume des déversements d’oléoducs. Sur rails, 2 268 barils déversés entre 2002 et 2012 comparés à 474 441 barils déversés par les opérateurs d’oléoducs pendant la même période[i]. En juillet 2010, plus de 5 millions de litres ont été déversés dans la rivière Kalamazoo lors d’un bris d’oléoduc d’Enbridge au Michigan[ii]. Et récemment, un bris d’oléoduc en Alberta (Cold Lake) a déversé près d’un million de litres[iii]. « L’AQLPA invite donc les Québécoises et les Québécois à exprimer haut et fort leur désaccord avec le passage de cet oléoduc chez nous tout en appuyant le développement des énergies renouvelables et les mesures de réduction de notre dépendance au pétrole » conclut le président, André Bélisle.
Notes
[ii] http://www.epa.gov/enbridgespill/
[iii] http://www.thestar.com/news/canada/2013/07/31/1_million_litre_cold_lake_oilsands_ooze_contained.html