Le 18 septembre, David Cameron sera confronté à l’un de ses défis majeurs : le référendum écossais. Si le « Oui » l’emporte, ce sera une défaite majeure pour lui et sa coalition. Personne ne peut en prédire les conséquences. Mais, sans aucun doute, cela minera la crédibilité du gouvernement et constituera un encouragement pour tous ceux qui combattent le programme d’austérité de Cameron.
Ce serait là une raison suffisante pour voter « Oui ». Mais c’est loin d’être la seule… et sans doute pas la raison principale. Un vote « Oui » mettrait fin à l’Acte d’union de 1707 et constituerait le principal changement constitutionnel depuis la mise en place de l’Etat libre d’Irlande, en 1922. Le peuple écossais gagnerait le droit de s’autodéterminer et, par là même, la possibilité de fonder une république démocratique et souveraine. Ce n’est pas seulement une « question écossaise ». Cela aura aussi des conséquences sur la manière dont les gens - ceux qui resteront au sein du Royaume-Uni - pourront envisager l’avenir de la démocratie.
Ken Loach, militant du socialisme et metteur en scène, l’a dit : « Pendant quelques heures, le peuple écossais aura le contrôle de son avenir. Il peut décider de le conserver ou de le rendre à un Etat dominé par la classe dirigeante britannique. L’indépendance ne réglera pas les problèmes. Mais elle conférera au peuple écossais la possibilité de créer une société plus juste, plus équitable et plus durable ».
Lorsque, au Nicaragua, les Sandinistes ont chassé le dictateur et commencé à construire des hôpitaux et des écoles et à transférer les industries au secteur public, ils se sont heurtés aux Etats-Unis. Ils constituaient une menace, celle du « bon exemple ». Si l’Ecosse quitte le Royaume-Uni, nous serons confrontés en Angleterre à une majorité conservatrice. Mais si une Ecosse indépendante s’avère être un succès, cela pourrait constituer ici la « menace d’un bon exemple » et montrer qu’un gouvernement progressiste peut améliorer la vie des gens et assurer un avenir durable.
Si le gouvernement écossais ne constituait qu’une pâle copie du système en vigueur à Westminster, ce serait une occasion manquée. Un gouvernement écossais qui mettrait en avant les intérêts à long terme du peuple écossais pourrait déplacer le centre de gravité du débat politique vers la gauche et nous encourager tous.
Le système politique actuel n’est pas supportable. En votant pour abolir l’Acte d’union, le peuple écossais deviendra plus libre de décider sa propre constitution et, grâce à cela, son propre avenir politique, social et économique.
Le capitalisme continuera à exister en Ecosse, comme c’est le cas aujourd’hui, avec tous les maux sociaux qui ruinent nos villages, nos agglomérations et nos villes. Mais l’Ecosse aura une chance nouvelle et meilleure de transformer ces vieilles conditions.
Cela constituerait un appel d’air pour le reste du pays. Nous pourrions nous inspirer des efforts des Ecossais et nous dresser pour gagner une démocratie authentique pour nous-mêmes.