Édition du 19 novembre 2024

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Référendum sur l’indépendance de l’Écosse

Huit questions à propos du référendum sur l’indépendance de l’Écosse

Le texte qui suit est un argumentaire en faveur du « Oui » publié par le Socialist Party – Scotland. En Grande-Bretagne, le courant auquel est affilié le Parti Socialiste de Lutte belge est divisé en trois « partis » (séparés organisationnellement mais étroitement liés politiquement), tous trois dénommés Socialist Party et qui couvrent respectivement l’Angleterre et le Pays de Galles, l’Ecosse et enfin l’Irlande du Nord. Ce point de vue du SP-Scotland est donc partagé et diffusé dans toute la Grande-Bretagne.

Pourquoi voter oui à ce référendum ?

Un nombre croissant de travailleurs – surtout en comparaison des années ‘70 et ‘80 – considère l’indépendance comme un moyen de sortir de la pauvreté croissante et de l’austérité. Depuis 1999 et la création du Parlement écossais, nous avons exigé un Parlement qui ait son mot à dire en matière d’économie, d’impôts, de salaire minimum, de sécurité sociale, de pensions,…

Qu’en est-il des travailleurs et des jeunes qui ne sont pas convaincus que l’indépendance sous le règne du SNP (Scottish National Party) serait un pas en avant ?

Nous sommes d’accord avec eux sur ce point. Si nous appelons à voter ‘oui’, il s’agit d’un soutien critique. Nous mettons en avant que le modèle du SNP pour l’indépendance n’apportera aucun changement véritable. À cette fin, une politique socialiste est nécessaire !

Une Écosse indépendante administrée par le SNP apporterait plus de prospérité aux grandes entreprises, pas aux travailleurs. Les plans du premier ministre écossais visent à offrir des avantages fiscaux supplémentaires aux multinationales. La direction du SNP s’oppose à la propriété publique du secteur pétrolier. Elle ne soutient même pas la renationalisation des compagnies d’énergie. Ce parti pense que le capitalisme – un système économique qui connaît sa plus grave crise depuis les années 1930 – peut constituer la base d’une meilleure Écosse, alors que nous sommes convaincus que cela est exclu. Seules des mesures socialistes telles que la propriété publique et démocratique des banques, du secteur pétrolier et d’autres secteurs clés de l’économie permettront de construire les bases d’une économie qui soit dans l’intérêt de l’ensemble de la population.

Le modèle scandinave n’illustre-t-il pas qu’un capitalisme plus juste est possible ?

Le modèle scandinave se réfère à la situation en Norvège, en Suède, au Danemark et en Finlande depuis 1945, en période de croissance économique. Cette période est désormais révolue et avec elle ce ‘modèle’. La sécurité sociale très développée et le faible niveau de pauvreté – allant de pair avec des impôts élevés pour la population active – font de plus en plus partie du passé.

La fin de la croissance d’après-guerre de la fin des années 1970 a été aggravée par la crise économique mondiale depuis 2007-2008. Cela a érodé le modèle scandinave en engendrant des privatisations et de lourdes mesures austérités. Sur une base capitaliste, il n’est pas possible que l’indépendance de l’Écosse conduise à un niveau de vie décente et à l’arrêt de l’austérité.

Tout ne vaut-il pas mieux que les politiques conservatrices actuelles du gouvernement britannique, pour lesquelles l’Écosse n’a quasiment pas voté ?

Les compétences de l’Écosse indépendante pourraient être utilisées pour changer la vie de millions de personnes, mais dans ce cas, les intérêts de la majorité de la population doivent être centraux. Le SNP propose que l’Écosse fasse partie d’une union monétaire dans laquelle la ‘Bank of England‘ (Banque d’Angleterre) déterminerait ce que le gouvernement écossais peut dépenser pour l’emploi et les services publics. Le SNP veut également faire partie de l’Union européenne, laquelle est dominée par les grandes entreprises. L’UE est d’ailleurs déjà utilisée, à travers le continent, comme un bélier contre les droits syndicaux et pour imposer une austérité sauvage. Enfin, la monarchie britannique serait, après l’indépendance, toujours à la tête de l’Écosse. Les propositions du SNP apporteraient donc peu de changements.

Quelle indépendance souhaitez-vous alors ?

Nous sommes pour une Écosse indépendante socialiste et nous plaidons pour une hausse des impôts pour sur les riches et les grandes entreprises, l’augmentation du salaire minimum à 10 livres par heure, l’abrogation de toutes les mesures d’austérité du gouvernement actuel et la suppression de toutes les lois anti-syndicales.

Pour utiliser efficacement les pouvoirs d’une Écosse indépendante, un programme complet de propriété publique et de contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie est nécessaire. Cela constituerait la base d’une société socialiste gérée démocratiquement. Mais pour obtenir une telle politique dans une Écosse indépendante, nous devons construire un nouveau parti des travailleurs, de masse, dans lequel les syndicats jouent un rôle central.

Le socialisme dans un seul pays n’est-il pas de toute façon impossible ?

En effet, c’est impossible. Le capitalisme est un système d’exploitation international. C’est la domination d’une élite qui possède et contrôle les moyens de production et exploite les travailleurs pour accroitre ses profits. Nous militons pour une Écosse indépendante et socialiste membre d’une confédération démocratique et socialiste avec l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande, étape vers une Europe socialiste et un monde socialiste.

La critique du SNP ne risque-t-elle pas d’affaiblir la campagne pour le ’Oui’ ?

Si le SNP continue de mettre en avant un agenda qui favorise principalement les grandes entreprises et refuse de mettre fin aux mesures d’austérité après l’indépendance, il sape de lui-même la victoire du ‘Oui’. Ceci est renforcé par l’expérience des syndicalistes et des travailleurs ordinaires qui font face aux mesures d’austérité imposées par le gouvernement écossais, sous la direction du SNP ou par les pouvoirs locaux là où le SNP est au pouvoir.

La seule réponse au “Project Fear” et à la campagne “Better Together” est un plaidoyer pour une rupture fondamentale avec les politiques d’austérité de tous les partis traditionnels. Si la direction du SNP soutenait une grève générale de 24 heures contre les mesures d’économie budgétaire du gouvernement britannique, pour la propriété publique de l’économie et pour un refus de l’austérité, le soutien à l’indépendance augmenterait considérablement.

L’appel à voter ‘oui’ ne va-t-il pas diviser les travailleurs ?

La meilleure façon d’éviter cela, c’est de mettre en place une campagne syndicale propre au référendum qui mette l’accent sur une politique allant à l’encontre de toutes les mesures d’austérité. Une campagne qui unisse les intérêts de la grande majorité de la population, indépendamment de ce qu’ils votent lors du référendum.

Nous sommes pour l’unité de tous les travailleurs d’Écosse et d’Angleterre. Nous soutenons que les syndicats doivent lancer conjointement une action de grève de masse, une grève générale de 24 heures, pour combattre les politiques d’austérité. Et les syndicats doivent porter l’initiative d’un nouveau parti de masse des travailleurs qui lutte pour le socialisme.

Source : www.socialisme.be

Socialist Party

Parti socialiste écossais

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