Tiré d’El Watan.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a réitéré dimanche son intention de lancer une grande offensive sur Rafah. « Aucune pression internationale ne nous empêchera d’atteindre tous les objectifs de notre guerre (...).
Nous agirons à Rafah, cela prendra quelques semaines, mais cela aura lieu », a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par l’AFP. Netanyahu a approuvé vendredi « les plans d’action » relatifs à cette offensive terrestre. Ces plans prévoient, entre autres, une « évacuation de la population ».
En visite dans la région, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a clairement exprimé son opposition à cette attaque massive. M. Scholz est arrivé samedi soir à Amman. Il s’est entretenu hier avec le roi Abdallah II de Jordanie dans sa résidence privée au port d’Al Aqaba, sur la mer Rouge, avant de se rendre en Israël.
Le chancelier allemand estime qu’une attaque de grande envergure sur la ville de Rafah « rendrait la paix régionale très difficile », indique l’agence Reuters. « Pour le moment, il s’agit de garantir un cessez-le-feu durable. Cela nous permettrait d’empêcher une telle offensive terrestre d’avoir lieu », a encore souligné Olaf Scholz. « Il est très clair que nous devons tout faire pour que la situation ne s’aggrave pas », a-t-il insisté.
Peu avant d’entamer son voyage, M. Scholz a déclaré à la presse : « Il serait important de trouver rapidement un accord sur un cessez-le-feu qui permettrait de libérer les otages et de faire entrer l’aide humanitaire à Ghaza », rapporte l’agence allemande DPA. « Nous sommes inquiets quant à la poursuite de l’évolution militaire.
Le risque qu’une offensive de grande ampleur à Rafah fasse de très nombreuses et terribles victimes civiles est élevé, ce qu’il faut éviter à tout prix », a-t-il prévenu. L’Allemagne, pour rappel, est l’un des soutiens inconditionnels d’Israël dans sa guerre féroce contre la résistance palestinienne.
Berlin a été « l’un des alliés les plus fidèles d’Israël aux côtés des Etats-Unis, soutenant constamment son droit à se défendre, soulignant son devoir de se tenir aux côtés du pays pour expier sa perpétration de l’Holocauste nazi au cours duquel 6 millions de juifs sont morts », note Reuters.
Un enfant sur trois souffre de malnutrition
Olaf Scholz a d’ailleurs tenu à mentionner qu’« Israël a parfaitement le droit de se protéger ». « En même temps, fera-t-il observer dans la foulée, il est impossible que ceux (les civils, ndlr) de Ghaza qui ont fui vers Rafah soient directement menacés par les actions et opérations militaires qui y sont entreprises ».
Reuters signale que « M. Scholz n’a pas répondu directement à la question de savoir si l’Allemagne réagirait à une offensive à grande échelle sur Rafah, par exemple en limitant les exportations d’armes allemandes vers Israël ».
Il convient de noter aussi que sur le plan de l’action humanitaire en faveur des Palestiniens, l’Allemagne a fait également un effort. De fait, la Bundeswehr, l’armée allemande, « a commencé à larguer de l’aide humanitaire pour la population en détresse dans la bande de Ghaza », rapporte l’agence de presse allemande DPA.
« La première livraison, entre autres composée de riz et de farine, a été parachutée samedi par un avion Hercules C-130 au-dessus du nord du territoire palestinien. D’autres livraisons sont prévues », précise la même source.
Réagissant au risque d’un massacre d’une ampleur génocidaire à Rafah, le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait part à son tour de sa vive inquiétude. « Je suis gravement préoccupé par les informations faisant état d’un plan israélien visant à lancer une attaque terrestre contre Rafah », a-t-il posté samedi sur le réseau X.
« Une nouvelle escalade de violence dans cette zone densément peuplée entraînerait encore davantage de morts et de souffrances, en particulier dans un contexte où les établissements de santé sont déjà débordés », a-t-il averti. Et d’ajouter : « 1,2 million de personnes à Rafah n’ont aucun endroit sûr où se réfugier (...).
De nombreuses personnes sont trop fragiles, affamées et malades pour être déplacées à nouveau. » Appelant l’occupant sioniste à la retenue, le directeur général de l’OMS implore : « Au nom de l’humanité, nous appelons Israël à ne pas aller de l’avant et à œuvrer plutôt en faveur de la paix. » L’Unrwa prévient qu’à l’heure actuelle, un enfant de moins de deux ans sur trois souffre de malnutrition aiguë au nord de la bande de Ghaza.
L’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens nous apprend par ailleurs que « la destruction de la bande de Ghaza a produit près de 23 millions de tonnes de débris ». « Il faudra des années pour déblayer les décombres et les munitions non explosées », constate l’Unrwa à travers une publication sur la plateforme X.
De son côté, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, a réagi à la tuerie de jeudi dernier commise par l’armée israélienne à un point de distribution de l’aide humanitaire.
Cette boucherie s’est produite, rappelle-t-on, au niveau du rond-point « El Koweït », dans la ville de Ghaza, où 20 personnes ont été tuées et 155 blessées.
M. Griffiths a qualifié cette information de « choquante ». Il a « estimé que ces incidents ne peuvent pas continuer, et que personne ne devrait mourir en essayant de maintenir sa famille en vie », indique ONU-Info.
169 camions par jour au lieu de 500
Selon l’OCHA, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, « les autorités israéliennes n’ont facilité que 25% des missions d’aide prévues dans le nord à ce jour ».
« Au cours des 14 premiers jours du mois de mars, une moyenne de 169 camions d’aide par jour ont pénétré dans la bande de Ghaza », affirme l’organisme onusien, avant de faire remarquer : « Ce chiffre reste bien en deçà de la capacité opérationnelle des deux points de passage et de l’objectif de 500 camions par jour, avec des difficultés à la fois à Karem Abou Salem et à Rafah. »
« La sécurité de la gestion des points de passage a été gravement affectée par la mort de plusieurs policiers palestiniens lors de frappes aériennes israéliennes près des points de passage au début du mois de février », déplore l’OCHA.
Et c’est précisément en raison de toutes ces restrictions qui entravent l’acheminement des aides par voie terrestre qu’un couloir maritime a été ouvert entre Chypre et la bande de Ghaza. Mardi dernier, un premier bateau humanitaire a inauguré ce corridor maritime.
Il s’agit d’un navire de l’ONG espagnole Open Arms chargé de 200 tonnes de vivres au profit de la population de Ghaza. Cette opération a été conduite en étroite collaboration avec une autre ONG, World Central Kitchen (WCK), fondée par le chef hispano-américain José Andrés.
Le bateau est arrivé vendredi à Ghaza. « On a réussi ! » s’est félicitée l’ONG Open Arms dans un post publié ce samedi sur sa page Facebook. « Après 20 ans de blocus naval dans la bande de Ghaza, hier (vendredi, ndlr) le navire d’Open Arms, aux côtés de World Central Kitchen, ouvrait ce couloir humanitaire maritime si nécessaire pour soulager la situation extrême de la population (…).
Le chemin jusqu’ici n’a pas été facile, mais la détermination, la volonté et le travail acharné ont transformé quelque chose qui semblait impossible en réalité », écrit l’organisation caritative espagnole.
Sa partenaire américaine, World Central Kitchen, a fait savoir de son côté : « WCK a déchargé près de 200 tonnes de riz, de farine, de protéines et d’autres produits qui sont arrivés par mer plus tôt aujourd’hui (vendredi, ndlr). En même temps que cette cargaison est transportée à terre, notre deuxième navire s’apprête à partir de Chypre avec des centaines de tonnes de nourriture supplémentaires. »
L’ONG précise en outre : « Pendant le Ramadhan, WCK fournit 92 000 boîtes de nourriture à Ghaza – 4,7 millions de repas. Nous offrons tout le soutien possible aux Palestiniens qui observent le Ramadhan dans les circonstances les plus sombres. »
Au 163e jour de la guerre contre Ghaza, au moins 92 Palestiniens ont été tués dans 9 massacres commis en 24 heures, entre samedi soir et dimanche matin, ont affirmé hier les autorités sanitaires locales.
Cela porte à 31 645 le nombre de morts recensés depuis le début de l’offensive israélienne contre la bande de Ghaza, relève la même source, tandis que le nombre de blessés, lui, a grimpé à 73 676. Des dizaines de frappes nocturnes ont été menées par les forces d’occupation israéliennes dimanche soir.
Ces raids intenses ont ciblé notamment Ghaza-Ville, Deir Al Balah, au centre de la bande de Ghaza, ainsi que Khan Younès et Rafah au sud.
12 membres d’une même famille, en l’occurrence la famille Thabet, majoritairement des femmes et des enfants, ont péri dans un bombardement, hier à l’aube, à Deir Al Balah, plus exactement au quartier Bishara, alerte le ministère de la Santé de Ghaza.
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