Greenpeace Canada vient de diffuser des documents confidentiels révélant comment TransCanada utilise des tactiques déloyales pour attaquer les défenseurs de l’environnement. Greenpeace affirme que les documents qui ont fait l’objet d’une fuite montrent que TransCanada met en place une stratégie secrète, axée sur les relations publiques et la « mobilisation citoyenne », pour faire pression sur les politiciens et les détracteurs de son projet de pipeline Énergie Est. Cette stratégie est similaire à celles utilisées par l’industrie pétrolière aux États-Unis visant à décrédibiliser les défenseurs de l’environnement.
« TransCanada est clairement inquiète de l’opposition grandissante contre Énergie Est, leur pipeline de pétrole bitumineux, affirme Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace au Québec. Ces documents montrent que TransCanada planifie une campagne de coups bas, en faisant appel à une tierce partie pour attaquer et décrédibiliser ses critiques. »
La stratégie révélée par la fuite a été conçue pour TransCanada par Edelman, la plus grande agence de communications et de relations publiques au monde. Edelman a travaillé étroitement avec l’industrie pétrolière. L’agence a dirigé une campagne de plusieurs millions de dollars pour l’institut American Petroleum (API) et l’American Legislative Exchange Council (ALEC) pour faire échouer la législation sur le climat aux États-Unis.
Les documents confidentiels, rédigés entre mai et août 2014, révèlent une stratégie visant à « compliquer la tâche des détracteurs, détourner leur attention de leur mission et les pousser à rediriger leurs ressources » en faisant appel à des tierces parties qui pourraient parler et agir « lorsque TransCanada est incapable de le faire ». Le document cite les noms de quelque 40 employés d’Edelman et 9 employés de TransCanada impliqués dans cette campagne, dirigée depuis le bureau de l’agence à Washington. Le site Web faisant la promotion d’Énergie Est – récemment lancé par TransCanada – figure dans la stratégie détaillée dans ces documents.
« Ils adoptent un modèle politique américain qu’ils reconnaissent comme étant ‘agressif’ et font appel à des spécialistes américains de relations publiques connus pour leurs pratiques déloyales utilisant de faux groupes citoyens pour attaquer les détracteurs de l’industrie, affirme Keith Stewart, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada. En ayant recours à des groupes factices pour décrédibiliser leurs détracteurs, les compagnies pétrolières portent atteinte au débat démocratique. Greenpeace mène peut-être une lutte acharnée pour la protection de l’environnement, mais nous signons toujours nos déclarations et nous publions les études nécessaires pour appuyer nos arguments. Nous nous attendons à ce que les compagnies pétrolières fassent de même. »
Les documents divulgués précisent que « l’approche adoptée pour cette campagne s’inscrit dans la lignée des luttes plus agressives menées contre les politiques aux États-Unis ; les leçons tirées de ces expériences seront essentielles pour assurer notre succès. » Parmi les employés d’Edelman cités dans ces documents figurent des personnalités-clés connues pour avoir dirigé des campagnes de type « astroturf » (ou de fausse mobilisation) pour attaquer les détracteurs de l’industrie et bloquer l’action de lutte contre les changements climatiques aux États-Unis. Ces individus entretiennent également des relations très étroites avec le parti républicain et le mouvement Tea Party.
Le document le plus détaillé de l’alliance TransCanada-Edelman est le plan stratégique pour le Québec qui identifie certaines communautés, organisations et personnes influentes comme étant une entrave au projet.
« Les Québécois veulent de l’énergie propre, pas de pétrole sale, affirme M. Bonin. Nous allons partager ces documents avec les individus et les organisations visés par la campagne de TransCanada afin qu’ils soient préparés à se défendre. »
Les conclusions et les liens vers les documents confidentiels TransCanada/Edelman sont disponibles sur ce lien.
Si vous aussi vous pensez que le pipeline Énergie Est devrait être évalué en fonction de son impact sur le climat et non pas sur la base d’une campagne de relations publiques, signez ici
Les documents confidentiels se présentent comme suit (disponibles en anglais seulement) :
Energy East Campaign Organization : Promote, Respond Pressure (5 août 2014) : http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/file/2014/11/eNERGY%20eAST%20CAMPAIGN%20ORG%20PROMOTE%20RESPONSE%20PRESSURE.PDF
Research Synthesis (non daté) : http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/file/2014/11/TC%20Energy%20East%20Research%20Synthesis.pdf
Grassroots Advocacy Vision Document (15 mai 2014) :http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/file/2014/11/GRASS%20ROOTS%20ADVOCAY%20VISION%20DOCUMENT.pdf
Digital Grassroots Advocacy Implementation Plan (20 mai 2014) : http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/file/2014/11/TC%20Energy%20East%20Grassroots%20Advocacy%20Implementation%20Plan.pdf
Strategic Plan : Quebec (20 mai 2014) : http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/file/2014/11/TC%20Energy%20East%20Quebec%20Plan.pdf