Les femmes et les hommes ne vivent pas les changements climatiques et leurs impacts de la même façon, et si on veut lutter efficacement, il importe d’identifier et de comprendre ces différences pour mieux agir. C’est ce qui ressort d’une étude intitulée "L’intégration du genre dans la lutte aux changements climatiques au Québec" [1] et d’un atelier-formation spécialement conçu pour en comprendre les enjeux.
L’analyse de genre dans la compréhension des différentes facettes de la lutte aux changements climatiques est cruciale, selon l’une des auteures de cette étude,Annie Rochette, professeure en sciences juridiques à l’UQAM. Dans le cadre de ses travaux, l’équipe de recherche a rencontré des groupes environnementaux, des groupes de femmes, des conseils municipaux et des décideurs gouvernementaux, et a conclu que les liens entre le genre et les changements climatiques sont à peu près inexistants au Québec.
Pour la chercheure, l’absence de la dimension de genre dans les réponses aux changements climatiques risque de rendre infructueuses les mesures adoptées. Qui plus est, on craint que cela exacerbe les inégalités sociales.
Les enjeux sont pourtant de taille. Les émissions de gaz à effet de serre imputables aux activités humaines ont connu une augmentation de 70 % entre 1970 et 2004. L’utilisation de combustibles fossiles a grimpé de 80 % durant la même période.
Impacts différenciés
L’étude donne l’exemple des canicules, qui seront de plus en plus nombreuses et dont les impacts sont plus grands chez les enfants, les gens âgés, les malades et les personnes pauvres. « Puisque les femmes vivent plus souvent dans la pauvreté que les hommes, qu’elles vivent plus longtemps que ceux-ci et qu’elles assument plus souvent la responsabilité des soins des enfants, des gens âgés et des malades, elles sont donc différemment affectées par les canicules que ne le sont les hommes. » De plus, la réaction des femmes à la chaleur est différente puisqu’elles transpirent moins et réussissent à se rafraîchir plus difficilement que les hommes. En outre, les événements climatiques extrêmes ne se vivent pas de la même façon. Parce qu’elles sont plus souvent responsables de leurs proches, les femmes vivent des stress plus importants. « Une étude canadienne sur les impacts des inondations au Saguenay (1996) a d’ailleurs constaté que les séquelles physiques et psychologiques étaient plus importantes pour les femmes que pour les hommes. » Durant la crise du verglas de 1998, un lien a été établi « entre le stress prénatal important vécu durant cette crise et une mortalité périnatale élevée, des différences de développement psychomoteur et des troubles de comportement de ces enfants. »
Réfléchir en termes de genre permet de transformer les relations de pouvoir entre hommes et femmes et entre riches et pauvres. Les stratégies d’éducation et d’action doivent intégrer cette dimension pour être efficaces dans la lutte et l’adaptation aux changements climatiques.
Emmanuelle Proulx Conseillère syndicale
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