Alors qu’il annonçait au début de l’été, une large consultation visant l’élaboration d’un Plan d’électrification et de changements climatiques (PECC), il se contente d’une tournée de certains ministres où ces derniers rencontrent quelques personnalités du milieu des affaires et des édiles locales.
Le reniement d’un engagement travesti en promesse réalisée
En déposant un projet de loi sur la réforme de scrutin, il nous apprend que les prochaines élections québécoises se feront selon l’ancien mode de scrutin uninominal à un tour. Un référendum sera alors tenu sur le maintien ou la réforme du mode de scrutin.Voici la question qui sera posée à ce référendum : « Êtes-vous en accord avec le remplacement du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour par le mode de scrutin mixte avec compensation régionale prévue par la Loi établissant un nouveau mode de scrutin ? » Le PM ose prétendre que c’était son engagement. C’est ce qu’on appelle avoir du front tout le tour de la tête. Il annonce même que son gouvernement ne s’engagera pas ouvertement pour le OUI à cette question référendaire. Il voudrait enterrer le projet de réforme du mode de scrutin et défendre le statu quo en jetant de la poudre aux yeux, il ne ferait pas autre chose. Pas étonnant que les dirigeants du Mouvement démocratie nouvelle (MDN), Jean-Pierre Charbonneau et Françoise David, se soient dits outrés par la décision du premier ministre de vouloir tenir un référendum sur la question durant les prochaines élections.
Le soutien à l’urgence climatique n’empêche pas le premier ministre de se vouloir accommodant avec les plus grands pollueurs du Québec
L’Assemblée nationale déclare à son tour l’urgence climatique, et elle demande au gouvernement du Québec d’harmoniser l’ensemble de ses choix politiques avec cette situation de crise, en prenant tous les moyens nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. [1] Même s’il dit vouloir « répondre » à cette urgence, le ministre Charette souligne que son parti est « pragmatique », et qu’il sera impossible d’arriver à résoudre le problème sans une « concertation de tous les acteurs de la population », soit les groupes environnementaux, mais aussi le milieu économique.
Dans un article percutant, Thomas Gerbet [2] mentionne que dans une rencontre privée avec les entreprises les plus polluantes du Québec, le gouvernement a confié que les entreprises de ciment, de chaux, de silicium métallique… « bénéficieront d’un statut spécial en ce qui concerne les efforts à faire pour réduire les émissions de GES. Le gouvernement a promis de continuer à distribuer des droits d’émissions gratuits aux industries qui risquent d’être désavantagées par rapport à leurs compétiteurs nationaux et internationaux qui n’ont pas l’obligation de financer leurs émissions. C’est le cas des alumineries, des raffineries, des cimenteries et des entreprises pétrolières et gazières. En 2017, Québec a distribué 18,8 millions de tonnes de CO2 en allocations gratuites aux grands émetteurs alors que ces derniers ont émis 18,3 millions de tonnes. On a donc donné plus de droits de polluer que la pollution générée par ces entreprises. [3] Pas étonnant que plusieurs entreprises aient augmenté leurs émissions ces dernières années malgré des aides publiques de dizaines de millions de dollars. [4] Quand la priorité du gouvernement Legault est la défense de la compétitivité des entreprises, la lutte aux changements climatiques marque le pas, malgré l’urgence.
Une consultation bidon au caractère de classe assumé
Il suffit de consulter, les communiqués du ministère de l’Environnement qui rendent compte de la tournée de consultations des régions pour l’élaboration du Plan d’électrification et de changements climatiques pour se rendre compte de leurs limites. [5] Dans la quasi-totalité des régions, les ministres n’ont rencontré qu’une vingtaine de gens d’affaires et de représentant-e-s d’organismes et d’élus. Ces gens sont présentés comme des leaders de leurs régions. On y affirme que les échanges ont été fructueux et les idées avancées franchement intéressantes. Le message central qui revient comme un véritable mantra est que la rencontre a su combiner les préoccupations pour le développement économique et la protection de l ‘environnement. En on n’évite pas les félicitations au rôle important joué par la Fédération des chambres de commerce et par le Regroupement des conseils régionaux de l’environnement du Québec. Et le gouvernement Legault ose présenter de telles rencontres privées comme un large exercice de consultation.
Encore et toujours, avec ce gouvernement, il y a loin de la parole aux actes. Les lettres PM , parfois employées pour désigner le premier ministre, sont en train de prendre le sens de Premier Manipulateur. On peut se demander quels coups fourrés, il nous prépare pour la suite des choses.
Un message, un commentaire ?