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Cette décision de l’ONÉ n’étonne en rien les Citoyens au Courant (CaC), un groupe de citoyens de la région de VS. Les CaC s’emploient depuis près d’un an à démontrer les revirements et les incohérences techniques de l’ONÉ concernant les tests hydrostatiques.
Lorsque les CaC ont initialement questionné l’ONÉ sur la nécessité des tests hydrostatiques pour garantir l’étanchéité du pipeline, sa vice-présidente, Lyne Mercier, avait affirmé, lors d’un passage des dirigeants aux HEC devant un auditoire pré-approuvé, qu’ils n’étaient pas nécessaires (vidéo) : « [...]À l’aide de nos spécialistes, le comité d’audience a décidé qu’un test hydrostatique n’était pas le meilleur moyen pour voir quel est l’état de la conduite ».
Mais un mois plus tard, Peter Watson, président de l’ONÉ, renversait cette position dans une lettre parue dans la Montreal Gazette (notre traduction) :« si le comité d’audience n’est pas satisfait des informations soumises [par Enbridge], il pourrait ordonner des tests hydrostatiques sur l’ensemble ou une partie du pipeline ».
Le 18 juin, suite à la campagne d’information des CaC auprès des municipalités et grâce à l’appui crucial de la CMM dans ce dossier,l’ONÉ a finalement ordonné des tests, en raison des « limites des outils internes » (p.4). L’ordonnance exigeait des tests de solidité à une pression élevée, mais de durée brève, afin de « tirer le meilleur parti possible des essais hydrostatiques ».Ce type de test (spike hydrostatic test) est d’ailleurs recommandé depuis 2014 par l’organisme réglementaire américian (PHMSA) lors de la conversion de pipelines existants pour l’acheminement de pétrole non-conventionnel ou l’inversion de flux.
Le 24 juillet, l’ONÉ à discrètement abaissé la pression requise du test à la demande d’Enbridge. Les CaC ont contesté cette décision, ainsi que celle de ne pas tester tout le pipeline, en montrant que l’ONÉ priorisait l’intérêt de l’exploitant au détriment de la sécurité publique et de l’environnement. L’ONÉ s’est défendu en invoquant que cette modification permettait de se conformer à son objectif de valider les inspections internes. La CMM a, quant à elle, indiqué être satisfaite pour le moment des explications de l’ONÉ.
« L’ONÉ est un as du flip-flop. Il annonce en grande pompe qu’il fera la bonne chose, mais il floppe quand les projecteurs sont éteints » dénonce Christian Foisy des CaC. « Notre position est claire depuis le début : la sécurité du public exige un test hydrostatique à la bonne pression sur l’ensemble de la canalisation. Le contrat social auquel la CMM avait consenti le 18 juin comportait au moins la bonne pression. Nous demandons que nos élus exigent de l’ONÉ et de la CMM qu’ils le respectent » conclut Lorraine Caron des CaC.