Cette recherche-action utilise des photographies prises par les femmes sans emploi pour dénoncer les violences qu’elles vivent quotidiennement en tant que femmes assistées sociale. Pour celles et ceux qui souhaiteraient visiter l’exposition ultérieurement, celle-ci sera également présentée les 18-19-24-25-26 novembre de 9h00 à 18h00 au même endroit.

“J’ai reçu récemment un avis de convocation dans le but de vérifier mon admissibilité à l’aide sociale. Si je m’y présentais pas, je serais coupée ! Une fois sur place, nous étions en file serrée. Je pensais avoir fait quelque chose de pas correct et d’être contrôlée. Finalement, La rencontre a duré à peine 10 minutes. Une chance que je n’avais pas de dépannage alimentaire ce matin-là !” Relate Sarah Pelletier, femme essayant de s’en sortir sur l’aide sociale et militante active à ROSE du Nord.

Au fil des ans, des similitudes dans le vécu et les besoins des femmes assistées sociales ont été constatées. Les violences qu’elle vivent sont perpétrées par un système qui les déshumanise et leur fait croire qu’elles n’ont pas leur place au sein de notre société. Elles se sentent comme des numéros, des criminelles, des enfants incapables de prendre leurs propres décisions. Les discussions de groupes ont également permis de faire un parallèle entre les violences conjugales et les violences à l’aide sociale, de là est née la définition des violences institutionnelles. Leur parole étant souvent mise en doute, elles nomment se sentir observées et contrôlées. Elles expriment craindre des punitions du système d’aide sociale en cas de faute, ce qui a des effets réels sur l’aide et les services qu’elles pourront recevoir. Elles ont besoin que, de manière générale, la pauvreté soit reconnue comme un problème de société et non comme un problème individuel.

Nous considérons que, parallèlement aux nombreux préjugés qui circulent à l’égard des personnes assistées sociales, le parcours des femmes prestataires de l’aide de dernier recours est teinté par différentes formes d’oppressions qui leur sont propres : travail invisible non reconnu, pensions alimentaires, vie maritale, violences à caractères sexuels, etc. Ces oppressions sont ancrées à même les structures du système d’aide sociale qui différencie l’aide qui sera accordée aux personnes en fonction de leur aptitude à l’emploi. Ces critères sont appliqués arbitrairement et ne prennent pas en compte les réalités spécifiques des femmes ayant vécu des traumas.

Ce constat ressort également de la recherche participative menée par Marie-Hélène Deshaies (professeure à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval) et Marie-Hélène Fortier (professionnelle de recherche) en partenariat avec ROSE du Nord dans le cadre du projet Arts et solidarité : «  Les pressions subies par les femmes au sein du système d’aide sociale s’ajoutent aux violences qu’elles ont vécues dans leur trajectoire personnelle et perpétuent et renforcent ainsi le cycle de victimisation dans lequel elles sont plongées. »

À propos

ROSE du Nord est un organisme qui a été mis sur pied en 1983 par des femmes soucieuses d’améliorer leurs conditions de vie. À travers les années, elles se sont mobilisées pour défendre leurs droits contre les différentes réformes appauvrissantes du système d’aide sociale : instauration de catégories arbitraires, mesures obligatoires d’insertion en emploi et autres coupes incessantes. Elles sont aussi très actives au sein du mouvement féministe !

Depuis près de 40 ans, les militantes de ROSE du Nord sont en action pour proposer un modèle de société plus juste. Elles tentent de vivre ces valeurs dans « l’ici et maintenant » en organisant la vie quotidienne de l’organisme autour de pratiques axées sur les rapports égalitaires.

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