Édition du 19 novembre 2024

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États-Unis

Etats-Unis. Les enseignant·e·s sont à la tête de la lutte contre l’austérité

En moins de trois mois, les enseignant·e·s et le personnel d’appui pédagogique de cinq Etats – Virginie-Occidentale, Kentucky, Oklahoma, Colorado et Arizona – ont transformé le pays tout entier en leur classe d’école. Ils n’ont pas seulement mis la pression – et gagné – pour obtenir un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail pour eux-mêmes. Ils ont également lancé un défi direct à des décennies de réductions bipartisanes des impôts [démocrates et républicains] en faveur les firmes, nous aidant tous, de la sorte, à comprendre ce que signifie l’austérité.

Tiré de À l’encontre.

En défendant une série de propositions politiques visant à redistribuer la richesse du 1 % en direction de la classe ouvrière et de la classe moyenne, ils nous ont montré comment l’austérité peut être battue en brèche. Comme l’a dit Emily Comer, une enseignante d’espagnol d’un collège, qui a été une des leaders lors des grèves en Virginie-Occidentale : « La phase dans laquelle nous sommes maintenant – pour obtenir une solution réelle et progressiste à la crise de l’assurance maladie – nous force à rêver plus grand. Il ne s’agit pas seulement de notre régime d’assurance maladie. Il s’agit de rééquilibrer le pouvoir des travailleurs/travailleuses face aux firmes, dans notre Etat. »

Fait remarquable, ces grèves ont recueilli un soutien massif de la part du public, malgré des années d’attaques, fort bien financées, contre les syndicats d’enseignants. Dans un récent sondage NPR/Ipsos, seulement une personne sur quatre a déclaré qu’elle pense que les enseignant·e·s sont suffisamment payés ; et les trois quarts ont déclaré que les enseignant·e·s ont le droit de faire grève. Fait remarquable, selon ce sondage, cet appui l’emporte sur les clivages entre partis : « Les deux tiers des républicains, les trois quarts des indépendants et près de neuf démocrates sur dix soutiennent le droit de grève des enseignants. »

Les débrayages les plus récents se sont déplacés vers les Etats de l’Ouest. Le 26 avril, 50’000 enseignant·e·s et leurs supporters défilent à travers Phoenix par une chaleur de 37 degrés. Le même jour, des milliers de manifestants sont descendus dans la capitale du Colorado, Denver.

Chaque débrayage a donné lieu à des victoires, certaines plus que d’autres. Dans le Kentucky, les enseignant·e·s ont réussi à faire supprimer le veto du gouverneur sur les nouveaux impôts, fournissant ainsi des fonds supplémentaires pour les écoles. Mais ils n’ont pas réussi à empêcher l’assemblée législative conservatrice de s’attaquer à leur régime de retraite. En Oklahoma, alors qu’ils/elles n’ont pas réussi à stopper une série de réductions d’impôts et à faire augmenter le financement global, ils ont quand même gagné leur première augmentation depuis 2007 de 6000 dollars par année, ce qui est énorme selon les normes locales. En Arizona, les enseignant·e·s ont obtenu une augmentation de salaire immédiate de 9% ; le gouverneur Doug Ducey (républicain) s’engageant à les augmenter de 11 % dans le cadre de l’accord 2020, soit une augmentation de 20 % pour tous les enseignant·e·s d’ici à cette date. Le gouverneur John Hickenlooper, le seul démocrate à la tête d’un de ces Etats, a répondu à des milliers de manifestant·e·s en s’engageant à rétablir le financement de l’éducation à hauteur d’un milliard de dollars.

Les deux affrontements les plus durs, jusqu’à présent, ont eu lieu en Virginie-Occidentale et en Arizona. Dans les deux Etats, la lutte n’a pas seulement porté, voire prioritairement, sur la rémunération des enseignant·e·s. Elle a porté sur l’avenir même de l’éducation publique. Dans les deux Etats, les bons d’études (voucher) et la privatisation de l’enseignement public ont été à l’avant-plan. En Virginie-Occidentale, les grévistes ont rejeté l’idée de supprimer le statut d’ancienneté et la proposition d’agrandir les « charter schools » (école à gestion privée, mais avec financement public).

En Arizona, la lutte porte sur « la question de savoir s’il y aura encore des écoles de briques et de mortier dans un avenir proche » [écoles traditionnelles par opposition à, par exemple, des Cyber charter schools], déclare Jennifer Berkshire, journaliste spécialisée dans l’éducation. Longtemps cet Etat a été un laboratoire pour les politiques d’éducation de droite. A l’échelle nationale, cet Etat a le pourcentage le plus élevé d’élèves dans les « charter schools » (17 %). « L’Arizona est le terrain de prédilection pour les frères Koch [milliardaires soutenant Trump] et Betsy DeVos » [la secrétaire à l’Education, farouche partisane de la privatisation], note J. Berkshire. « Ils ont mis en place ce qu’ils appellent des comptes d’épargne-études [ESA]. Bank of America a un contrat pour créer une carte de crédit que les parents peuvent utiliser pour l’enseignement à domicile, pour des tuteurs privés, des fournitures scolaires ou encore un acompte pour les frais de scolarité à l’école privée. » Bien sûr, Betsy DeVos elle-même est souvent présente – comme elle l’a été lors d’un récent entretien désastreux avec Leslie Stahl sur 60 Minutes – répétant une version de son mantra : « Qu’est-ce qu’un système d’éducation ? Il n’y a rien de tel ! Etes-vous un système ? Non, vous êtes des élèves, des enseignants et des parents. » [La société n’existe pas, il n’y a qu’une somme d’individus ; mantra de Margaret Thatcher.]

Le mouvement #RedForEd de l’Arizona a vu le jour l’an dernier, après la formation d’une coalition appelée Save Our Schools lorsque le gouverneur Doug Ducey a fait passer un programme pilote de l’ESA. Lancé par les parents, Save Our Schools a recueilli suffisamment de signatures [en faveur d’une sorte de référendum] pour que la question soit posée lors du vote de novembre afin de balayer entièrement le programme pilote du type ESA. Au deuxième jour de la grève des enseignant·e·s, une deuxième initiative a été rédigée pour créer un nouvel impôt dédié au financement des écoles publiques ; la collecte des signatures est en cours. Gagner l’une ou l’autre initiative sera une lourde tâche, en partie à cause de l’opposition des frères Koch. Mais la participation massive en faveur de la grève des enseignant·e·s – la première grève à l’échelle de l’Etat dans l’histoire de l’Arizona, et une grève illégale à cet égard – a fait dire à Joe Thomas, le responsable de l’Arizona Education Association, qu’il se sentait optimiste. « Ces deux jours ont été incroyables, avec des dizaines de milliers d’enseignant·e·s qui sont sortis de leurs salles de classe et ont défilé dans la capitale de l’Etat », a-t-il déclaré. « Nous aimons cette énergie ! »

En Virginie-Occidentale, l’accord issu de la grève prévoyait la création d’un groupe de travail chargé de trouver une solution à long terme à l’augmentation rapide des coûts de l’assurance maladie auxquels sont confrontés non seulement les enseignant·e·s, mais aussi tous les employé·e·s de l’Etat. Le Groupe de travail de l’Agence d’assurance des employé·e·s du secteur public (PEIA), qui inclut des représentant·e·s des trois syndicats de l’éducation, a été créé, dans le feu de la grève, par un décret du gouverneur. Mais une fois que les médias ont détourné leur attention, le gouverneur, Jim Justice (républicain), a tenté d’éliminer la partie de l’ordonnance qui imposait 55 débats publics dans les 55 comtés. « Pour nous, les débats publics étaient un élément clé du décret exécutif parce qu’ils offrent à notre communauté le droit d’être entendue concernant la conception du plus grand plan de soins de santé de notre Etat », dit Emily Comer. « Nous avons immédiatement mis en place un plan d’action, avec l’envoi de 350 lettres en une semaine, exigeant qu’il rétablisse le processus de débats publics. Nous avons fini par regagner ce qui représentera un total de 21 débats publics dans tout l’Etat. Ce fut définitivement une victoire. » Peut-être encore plus important du point de vue de l’organisation : le Groupe de travail met en place un mécanisme pour continuer à renforcer son pouvoir sur une question clé, tout en permettant aux enseignant·e·s de retourner au travail pour leurs tâches éducatives.

La première réunion publique de la PEIA a eu lieu le 1er mai. Les salarié·e·s proposent une série d’augmentations de l’impôt sur les sociétés afin de générer une source de revenus à long terme pour les soins de santé. Ted Boettner, directeur exécutif du West Virginia Center for Budget and Policy, a déjà analysé quelles augmentations d’impôts procureront quels volumes de recettes. « La raison pour laquelle la PEIA est dans cette crise est que le gouverneur démocrate, Joe Manchin, a réduit les impôts de 420 millions de dollars, éliminant l’impôt sur les patentes commerciales et réduisant l’impôt sur le revenu net des sociétés de 9% à 6,5% », explique M. Boettner. « Nous avons plusieurs options, y compris l’augmentation de la taxe à l’échelle de l’Etat sur l’extraction d’hydrocarbure de 5% à 7,5%, ce qui rapportera 86 millions de dollars pour l’année fiscale 2020 et 115 millions de dollars d’ici à 2023. De plus, nous devrions remettre l’impôt sur le revenu net des sociétés à 9%, ce qui rapporterait 62 millions de dollars en 2020 et 83 millions de dollars en 2023. »

Jay O’Neal, trésorier de la section du comté de Kanawha de la West Virginia Education Association et l’un des principaux animateurs de la grève, rapporte que lors de l’assemblée des délégués du 26 avril : « Nous avons adopté à l’unanimité une résolution demandant que le financement provienne de cette combinaison d’impôts, et nous avons explicitement approuvé l’imposition progressive comme solution. »

Avec la fin de l’année scolaire, la prochaine grève des enseignants pourrait avoir lieu en Caroline du Nord à la mi-mai, lorsque l’assemblée législative de l’Etat reprendra ses travaux. A l’horizon, cependant, il y a la possibilité réelle que la rébellion se lève la prochaine fois dans l’Etat bleu (démocrate) de Californie. Les enseignants de Los Angeles, la deuxième plus grande circonscription scolaire du pays, sont déjà en train d’évaluer la volonté des membres de commencer la prochaine année scolaire avec une grève si un accord n’est pas conclu d’ici à juin. « Ce n’est pas une question d’Etat rouge (républicain), c’est aussi une question d’Etat bleu », dit Alex Caputo-Pearl, le président des United Teachers of Los Angeles (UTLA). « La base va se battre contre les démocrates qui ont été complices de l’attaque contre l’éducation publique et les syndicats d’enseignants. » Selon A. Caputo-Pearl, la Californie se classe au 46e rang pour ce qui est des dépenses par élève, et son district scolaire « dépense 1 milliard de dollars sur son budget de 6,4 milliards de dollars pour l’éducation spéciale afin de combler le manque à gagner du financement fédéral pour les enfants ayant des besoins spéciaux ». Caputo-Pearl note également qu’au cours des 10 dernières années, « une augmentation de 287% du nombre d’écoles privées (charter schools) à Los Angeles a détourné 600 millions de dollars par an des écoles publiques de quartier ».

Nous sommes habitués à voir des inégalités dramatiques entre les districts scolaires dans les Etats rouges, mais selon un nouveau rapport publié par la Rutgers Graduate School of Education, la Californie (comme le Mississippi et l’Alabama) est l’un des Etats dans lesquels « les districts scolaires les plus pauvres disposent entre 14’000 et 16’000 dollars par élève en dessous des niveaux de dépenses nécessaires ». L’UTLA a une approche sur plusieurs fronts pour mettre fin à cette austérité de l’Etat bleu, ce qui implique d’imposer les firmes et les super riches.

Alex Caputo-Pearl dit qu’ils travaillent en étroite collaboration avec une vaste coalition de groupes communautaires intelligents et déterminés sur plusieurs stratégies de collecte de recettes fiscales. « Tout d’abord, nous travaillons sur l’initiative « Les écoles et les communautés d’abord », en recueillant des signatures pour une initiative soumise au vote en 2020, visant à resserrer les mailles du filet en faveur des firmes dans la Prop 13 [proposition adoptée en 1978 pour réduire divers impôts] », dit-il. « Lorsque nous gagnerons, cela rapportera 11 milliards de dollars par année, et la mesure prévoit que 5 milliards de dollars du total iront à l’éducation publique. Nous avons également obtenu la présentation du projet de loi 2731 de l’Assemblée législative ; elle bouche la faille que Trump a placée dans la réduction fédérale d’impôt et cela en imposant un supplément d’impôt sur les gestionnaires de fonds de couverture (hedge funds) et de fonds d’investissement en Californie. Cela mettra 1 milliard de dollars en faveur de l’éducation. »

La coalition qui anime l’initiative pour 2020 est dirigée par Anthony Thigpenn qui a dirigé l’un des groupes qui a fait adopter un impôt sur les millionnaires par un vote citoyen en Californie, en 2012. L’initiative n’a pas attiré l’attention qu’elle mérite : elle a fait basculer la sixième plus grande économie du monde qui a passé d’une situation de milliards dans le rouge à la récupération, en un an, de milliards liquéfiés sous l’effet des réductions d’impôts ; et elle a créé suffisamment de recettes pour relancer un fonds de prévoyance. « En 2012, la sagesse conventionnelle disait que nous ne pouvions pas obtenir de nouveaux impôts. Il y a un discours dominant qui affirme que les Américains sont contre les impôts. Nous avons prouvé que les experts avaient tort », dit Anthony Thigpenn. « Lorsque nous aidons les gens à établir un lien entre des décennies de réductions d’impôt et l’effondrement des écoles de leurs enfants ainsi que la pénurie de logements abordables comme de soins de santé, ils voteront encore une fois en faveur de l’imposition des firmes. ».

Cet activisme de l’Etat bleu (et les querelles au sein du Parti démocrate) a été annoncé par le Massachusetts, en 2016, lorsque l’Association des enseignants du Massachusetts (MTA) a rejeté une mesure (pouvant être soumise à un vote) qui aurait permis d’élargir considérablement les « charter schools ». Un montant faramineux de 35 millions de dollars en faveur de la mesure fut versé par des hedge funds et des groupes de fonds d’investissement. Mais, en fin de compte, les enseignant·e·s – qui ont fait un pari en ne passant pas un compromis législatif qui aurait empêché le vote en échange d’une expansion plus réduite des « charter schools » – ont mis en échec la mesure par une marge de presque 2 à 1.

La MTA, qui regroupe 113’000 membres, était dirigée par une présidente de gauche issue de la base, Barbara Madeloni. Elle a dû vaincre les sceptiques au sein de son propre syndicat, qui craignait que le public ne soutienne pas les enseignant·e·s. Madeloni elle-même s’est présentée à la direction après avoir été inspirée par la grève du Chicago Teachers Union (CTU) en 2012, qui a eu lieu après qu’une liste d’enseignants plus jeunes et plus diversifiés a été élue aux postes les plus élevés de la CTU en 2010. Alex Caputo-Pearl et une équipe d’enseignant·e·s à l’esprit progressiste en Californie furent les suivants à gagner.

Ces dirigeants syndicaux représentent un glissement vers un syndicalisme enseignant plus visionnaire et progressiste, un mouvement qui ne cesse de croître. Le 5 mai 2018, lors d’une élection pour succéder à Madeloni, une liste progressiste de candidat·e·s a gagné largement dans les principales sections de la MTA. « Les membres enseignants n’ont pas seulement voté pour un candidat progressiste », affirme Merrie Najimy, nouvelle présidente de la MTA. « Ils ont voté de manière résolue… pour exprimer un engagement total dans le soutien au référendum cet automne qui propose d’imposer les millionnaires, les recettes étant consacrées à l’éducation publique et aux transports. »

Plusieurs différences importantes d’approche marquent cette nouvelle direction. La plus importante, c’est qu’elle croit fermement à l’utilisation de l’arme de la grève. Le dynamisme du nouveau mouvement des enseignant·e·s découle du travail méthodique nécessaire à la tenue de grèves efficaces, car le succès d’une grève repose sur le contrôle direct des travailleurs/travailleuses et sur la prise de vraies décisions quant à leur avenir. Une autre caractéristique de cette nouvelle génération est qu’elle comprend que contester les démocrates pro-business n’est pas une option, c’est essentiel !

Pour poursuivre sur la lancée du printemps et augmenter le taux de participation aux élections de mi-mandat, deux choses sont urgentes. Premièrement, les responsables des syndicats d’enseignant·e·s au niveau national et au niveau des Etats doivent se rallier au mouvement de la base. Il n’y a pas de meilleure façon de bâtir le genre d’organisation nécessaire sur les lieux de travail pour parer au coup que peut porter la Cour suprême dans le cas Janus [une décision qui enlèverait aux syndicats du secteur public les contributions de tous ceux et toutes celles – non-syndiqués – qui sont protégés par des conventions collectives]. Il s’agit donc de prendre appui sur ce mouvement solide venant d’en bas. Cela impliquera obligatoirement des ruptures avec les démocrates qui ont été pratiquement aussi complices du mouvement des « charter schools » que Betsy DeVos et les frères Koch.

Deuxièmement, le mouvement progressiste plus large doit faire que le combat mené par le syndicat des enseignants devienne le combat de tous et toutes. Si vous croyez dans la société, dans l’éducation publique, dans l’idée de l’action et de la pensée collectives, alors il est essentiel d’appuyer les syndicats d’enseignant·e·s et tous les syndicats des salarié·e·s du secteur public. Il est temps de rêver grand. (Article publié dans The Nation, en date du 9 mai 2018 ; traduction A l’Encontre)

Jane McAlevey est organisatrice, négociatrice, écrivaine et chercheuse. Elle est l’auteure de deux livres, No Shortcuts, Organizing for Power in the New Gilded Age (Oxford 2016) et Raising Expectations and Raising Hell (Verso 2012). Elle a récemment obtenu son doctorat sous la tutelle de Frances Fox Piven à CUNY. Elle écrit actuellement son troisième livre, Striking Back, à paraître chez Verso.

Jane McAlevey

Jane McAlevey est organisatrice, négociatrice, écrivaine et chercheuse. Elle est l’auteure de deux livres, No Shortcuts, Organizing for Power in the New Gilded Age (Oxford 2016) et Raising Expectations and Raising Hell (Verso 2012). Elle a récemment obtenu son doctorat sous la tutelle de Frances Fox Piven à CUNY. Elle écrit actuellement son troisième livre, Striking Back, à paraître chez Verso.

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