Alors que ce sont surtout les salariés qui trinquent dès que cela tourne mal, ainsi que la société qui les entoure. Sans compter que ces crises impliquent quasi systématiquement que la puissance publique, donc au bout du compte les contribuables, éponge les pertes des acteurs privés pour éviter un effondrement de l’économie.
Ces acteurs privés appliquent en effet sans aucune vergogne, à une échelle tout à fait inédite dans l’histoire, le vieux précepte à la base du développement du capitalisme : socialiser les pertes et privatiser les profits, pile je gagne, face tu perds. Il est donc grand temps que la société mette des limites nettement plus strictes au pouvoir des actionnaires et les oblige à partager ce pouvoir avec toutes celles et tous ceux qui ont, eux aussi, comme les actionnaires et souvent plus qu’eux d’ailleurs, des " billes " dans les activités des banques et des entreprises, qu’ils risquent de perdre si les affaires tournent mal. Même si ces " billes " ne prennent pas la forme d’un capital financier.
Par ailleurs, limiter les inégalités, ce n’est pas seulement une question de morale, mais aussi d’efficacité économique : ces inégalités fantastiques et la cupidité sans borne des plus riches sont à l’origine des prises de risque insensées qui ont provoqué la crise d’aujourd’hui. Elles freinent également l’innovation et le dynamisme économique en favorisant la reproduction à l’identique des élites via l’héritage. Bloquant ainsi la montée en puissance des véritables innovateurs. Eux-mêmes de toute façon peu nombreux dans la mesure où la concentration des richesses au sommet de la pyramide limite le capital tant culturel que financier auquel la grande masse de la population a accès.
Enfin, last but not least, ces inégalités fantastiques minent le fondement même de la démocratie : comment croire en effet qu’un homme puisse en valoir un autre quand les moyens matériels dont ils disposent sont aussi fantastiquement inégaux ? Les multiples affaires de lobbying indécent et d’achat de responsables politiques, qui pourrissent la vie de la plupart des démocraties des pays industrialisés, ne sont au fond que la conséquence de ces inégalités injustifiables. Bref, il y a urgence. Voici quelques pistes, sans prétention à l’exhaustivité, pour corriger ces graves dérives. http://www.alternatives-economiques.fr/et-si-on-changeait-tout---_fr_pub_1082.h
Cet article est tiré de Alternatives Economiques Poche n° 049 - avril 2011