Précédant le peloton des équilibristes, un pugiliste ridicule menaçait la foule de son poing d’adolescent. Un corps de clairons fermait la marche de ce pageant rocambolesque. Je me remémorai mes années d’enfance dans une petite ville de Provence, une époque heureuse où j’aimais rêver à la fée Carabosse, au père Noël et aux loups-garous.
Je m’étais assoupi devant le petit écran au beau milieu du téléroman quotidien intitulé Le TéléJournal de Radio-Canada, édition de soirée. Le spectacle des clowns et des saltimbanques se poursuivait devant mes yeux distraits, le « chef Harpeur » du parti de l’Alliance Progressiste-Conservatrice (un oxymore, je sais) prenait la parole à l’instant et mentait des deux côtés de la bouche à la fois aux électeurs indifférents, juste avant le prétendant au titre de Premier ministre des riches du Canada, monsieur « Insignatief ».
Le prétendant au titre de champion chauvin québécois suivrait pour présenter son slogan, toujours ronflant depuis l’époque du « toupet à Bouchard » comme l’appelait un syndicaliste canadien : « Il faut ramener notre butin d’Ottawa », reprenant en cela le slogan de feu Maurice Duplessis, un célèbre fasciste québécois de la période de Franco et de Salazar, ses maîtres à penser.
Enfin, si le courage et l’abnégation ne m’avaient fait défaut, j’aurais eu droit au dernier bouffon venu présenter les priorités de la clique des riches bureaucrates syndicaux et des industriels de l’Ontario, l’ineffable Jack Layton, prétendant de troisième rang au titre de représentant officiel de la succursale canadienne du grand capital financier international.
Chacun de ces partis politiques devrait débourser plusieurs millions de dollars pour mystifier la populace canadienne et lui seriner ses chansons anti-démocratiques. Ces dépenses ne prennent nullement en compte les centaines de millions de dollars de publicité et de propagande gratuites que les médias canadiens, propriétés de grands conglomérats financiers, les véritables « chefs » derrière ces pseudos chefs, dépenseraient au cours de ces 35 jours de campagne de fumisterie électorale, cette campagne de mystification où des menteurs viendront renchérir par-dessus les mensonges de leurs prédécesseurs.
Vous doutez de mes accusations ? Examinons deux ou trois questions qui étayeront mes prétentions. Depuis des années, tous les sondages à travers le Canada sont unanimes, et nous pouvons le confirmer tous les jours dans nos milieux respectifs, la population canadienne est très majoritairement défavorable à l’intervention militaire canadienne en Afghanistan. Régulièrement, à la chambre des personnes communes à Ottawa, les députés soi-disant chargés de nous représenter, votent à la quasi unanimité, pour la prolongation de cette intervention militaire décriée. Qui représente le peuple canadien dans ce parlement d’Arlequin ? Personne.
La semaine dernière, alors que le Canada s’était déjà aventuré en guerre contre la Libye sur décision illégale du chef du gouvernement, la chambre de ces mêmes communes, avec trois semaines de retard (la Corvette Charlottetown était partie d’Halifax le 1er mars), a voté à l’unanimité le soutien à l’agression canadienne illégale et illégitime contre la Libye. Qui représente les opposants canadiens à cette guerre impérialiste de rapine dans ce parlement d’Arlequin ? Aucun de ces clowns, aucun de ces bouffons, pas même le chef de l’opposition. Personne.
Autre exemple parmi tant d’autres. Le peuple canadien est quasi unanime pour exiger une amélioration des services de santé et des soins médicaux partout au pays. Depuis des décennies, le gouvernement fédéral réduit ses transferts fiscaux aux provinces en soutien à l’amélioration de ces services que la très grande majorité du peuple canadien souhaite publics, disponibles rapidement, efficaces et de qualité.
En lieu et place, chacun des partis politiques, y compris le Bloc québécois, soutient la hausse du gaspillage, des revenus des taxes et des impôts payés à 90 % par la population canadienne (10 % payés par les entreprises) pour l’achat d’avions de guerre (F35 - 30 milliards de dollars) et autres dépenses militaires qui ont augmenté de 30 % depuis 2006 [1].
Lequel de ces polichinelles représente le peuple canadien dans ce parlement d’Arlequin ? Personne.
Paraît que de dépenser des sommes faramineuses pour l’armement, l’armée et de super prisons, ça crée des emplois et ça fait tourner l’économie. Voilà pourquoi il faut tant débourser pour ces dépenses improductives et inflationnistes.
Dépenser 30 milliards de dollars supplémentaires, d’ici dix ans, pour soutenir le système de santé, les soins médicaux et les médicaments créerait énormément plus d’emplois (infirmières, médecins, psychiatres, pharmaciens, employés de soutien, techniciens de laboratoire, employés de la production de matériel médical et de médicaments, etc. etc.) des emplois productifs qui amélioreraient la qualité de la main-d’œuvre canadienne, qui amélioreraient la santé publique et entraîneraient (par la prévention notamment et des interventions plus précoces et donc moins coûteuses et moins drastiques) une réduction subséquente des besoins de dépense en santé.
Un emploi créé dans l’industrie de guerre et de destruction, en plus d’être improductif et inflationniste, coûte aux contribuables canadiens en moyenne plus d’un million de dollars par année par emploi. Un emploi dans les services de santé productif, utile et non inflationniste, coûte en moyenne cent mille dollars par année par emploi. Au total, dix fois plus d’emplois seraient ainsi créés avec les mêmes déboursés via les services de santé plutôt que dans l’armée.
Qui représente les centaines de milliers de travailleurs de la santé dans ce parlement d’Arlequin ? Personne.
Dans le dernier budget fédéral, le ministre des finances conservateur a offert un misérable crédit d’impôt de 251 dollars par année (à partir de 2012) aux aidants naturels (ces gens qui remplacent les préposés aux bénéficiaires et autres intervenants auprès de leurs parents malades) [2]. Du même souffle, ce poltron impudique annonçait quelques milliards de dollars de réduction d’impôts aux entreprises industrielles et financières canadiennes, entreprises largement profitables, dont les grands patrons s’offrent des rémunérations annuelles de millions de dollars, entreprises déjà parmi les moins taxées de par le monde, ce qui ne les empêche pas de congédier leurs employés et de ne pas créer d’emplois malgré les subventions reçues et les mensonges que nous serinent les médias à la solde.
Qui représente les contribuables canadiens dans ce parlement d’Arlequin ? Personne.
Le 2 mai prochain je recommande de faire comme plus de 40 % des électeurs canadiens, de voter pour le meilleur député de ce parlement d’Arlequin. De voter pour Personne.